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La mode d’occasion se vend bien

Photo: MWN
Élodie Noël - Metro World News

Le marché de la mode d’occasion est en plein essor. Métro a discuté du succès que connaît l’économie du partage avec la fondatrice du site web Videdressing, Meryl Job.

Magasiner les aubaines est à la mode, dans la rue mais aussi sur l’internet. Videdressing.com, une initiative à mi-chemin entre eBay et ASOS, offre aux internautes de partout dans le monde l’occasion d’acheter des articles griffés d’occasion. Inauguré en 2009, ce site est né de la nécessité: l’appartement de sa fondatrice Meryl Job était devenu trop petit pour sa garde-robe en constante expansion! Le problème d’espace de la jeune femme a coïncidé – beauté du hasard! – avec le regain d’intérêt du public pour les produits de deuxième main.

Une étude réalisée par Global Market Insite (GMI) a d’ailleurs révélé que 35% des femmes et 25% des hommes disent acheter davantage de produits d’occasion qu’auparavant afin d’économiser de l’argent. Une économie au ralenti, une demande croissante pour des produits éthiques et la facilité du magasinage en ligne sont toutes des raisons qui expliquent le succès de Mme Job et du nouveau président de l’entreprise, Grégory Salinger.

Même si l’intérêt pour la mode éphémère n’a pas faibli – il suffit de voir à quelle vitesse se vendent les produits issus de la collaboration de designers de renom avec des grandes chaînes de distribution pour s’en convaincre –, on observe un phénomène que résume bien le mantra de Vivienne Westwood: «Achetez moins, choisissez bien, faites durer.» Mme Job explique pourquoi l’économie du partage commence à être vraiment populaire auprès du public.

Quelle est la différence entre Videdressing et eBay?
Eh bien, nous sommes un peu l’anti-eBay! Nous nous spécialisons dans la mode : nous ne vendons pas d’ordinateurs ou de jouets. Nous avons un système de contrôle très rigoureux qui nous permet de nous assurer que nous ne vendons pas des pièces contrefaites. Nous revendons des articles de luxe et nous voulons que nos clients aient pleinement confiance en nos produits. Nous vendons peut-être des articles d’occasion, mais nous offrons le même service à la clientèle que n’importe quel site web vendant du neuf.

À quoi ressemble votre clientèle type?
Elle se compose de 90% de femmes. Nous avons de vraies fashionistas qui font des achats chaque semaine – 25% de la communauté est à la fois acheteuse et vendeuse –, mais il y a aussi des acheteurs occasionnels. Les marques luxueuses se vendent très bien – comme Hermès, Louis Vuitton, Christian Louboutin –, mais H&M et Zara sont aussi beaucoup achetées. Nous avons également beaucoup d’«acheteurs ambitieux», qui ne peuvent pas, par exemple, s’offrir un sac Chanel au prix fort et qui achètent pour la première fois un article luxueux sur Videdressing avant de ramasser leur agent afin de s’en acheter un neuf quelque temps plus tard.

Pourquoi les gens utilisent-ils votre site?
L’économie du partage, dont nous faisons partie, se développe à l’échelle planétaire, et nous avons remarqué que l’usage à plus grande échelle des produits est en train de remplacer la surconsommation. C’est l’idée à l’origine de Videdressing: il y a ce vêtement dans ma garde-robe que je ne porte plus, donc je peux le vendre et en faire profiter quelqu’un d’autre. Les gens ne prévoient pas conserver leurs vêtements pour toujours – il y a seulement les bijoux et les sacs haut de gamme dont on peut imaginer ne jamais se départir. La nouvelle façon de consommer la mode est donc d’acheter un vêtement, de le porter et de le revendre.

Estimez-vous que votre commerce est écologique?
Jeter simplement ses vêtements à la poubelle n’est pas une option; les gens veulent prolonger la vie de leurs achats. Nous pouvons recycler la mode! Donc, oui, il y a une dimension écologique aux nouvelles habitudes de consommation dont nous faisons la promotion. Les budgets sont serrés, mais de plus en plus de collections sont offertes saison après saison; les gens ont donc tendance à renouveler leur garde-robe plus souvent qu’avant, ce qui explique l’essor de la mode éphémère. Ces habitudes de magasinage indiquent un désir de nouveauté, mais en même temps on observe le développement d’une conscience écologique. Une entreprise comme la nôtre répond à ces deux préoccupations. En dépit des crises économiques et des problèmes environnementaux, les gens veulent encore s’habiller à la mode, mais ils doivent faire des compromis.

En tant qu’entrepreneuse ayant du succès, vous souciez-vous d’éthique?
C’est une chose qui me préoccupe beaucoup. J’aime être une entrepreneuse, j’aime la mode, mais j’ai aussi des préoccupations, comme les droits de l’Homme, les droits des travailleurs et la protection de l’environnement. Ce qui est arrivé au Rana Plaza, au Bangladesh, est une immense catastrophe et met en évidence la nécessité de consommer de façon plus responsable, en particulier dans la mode. Il est important de trouver des solutions de rechange, et je crois qu’en tant que clients nous avons le pouvoir d’exiger que les marques soient plus attentives à certains problèmes et fassent davantage preuve de transparence.

Est-ce qu’être à la mode et se soucier de l’environnement ne sont pas deux choses contradictoires?
Pas nécessairement. L’année dernière, nous avons lancé une collection exclusive avec la designer française Gaëlle Constantini, qui a gagné le concours Who’s Next en 2010. Elle a utilisé des vêtements vendus sur Videdressing, tous d’occasion, et elle en a fait 20 morceaux neufs et uniques. Et le produit de leur vente a été remis à l’association caritative française Act & Help.

Videdressing

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