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Le touriste de 2030

Photo: Getty Images/iStockphoto

En 2030, les touristes seront plus nombreux, plus connectés et d’origines plus diverses. C’est du moins ce que prévoit la Chaire de tourisme Transat de l’ESG UQAM, qui a présenté la semaine dernière, en collaboration avec Tourisme Montréal, une conférence sur l’avenir du tourisme.

L’accès généralisé à l’internet a déjà grandement facilité les déplacements et cette tendance ne fera que s’accentuer dans un avenir proche. Les avancées technologiques laissent présager des voyages d’une fluidité presque absolue, depuis la maison jusqu’à sa chambre d’hôtel. «La fluidification, c’est ne plus avoir les soucis réels et concrets normalement associés au voyage pour ne focaliser que sur l’expérience», illustre Paul Arsenault, titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

Fini les tracas reliés à l’enregistrement des bagages, à la location d’une automobile ou même à l’apprentissage d’une langue étrangère. Tout cela pourra se régler instantanément grâce au téléphone intelligent, à la géolocalisation, à la voiture autonome et à l’internet des objets.

La socialisation à destination sera également facilitée, tandis que la réalité virtuelle permettra d’améliorer encore davantage l’expérience sur place. Le travail des artisans de l’industrie touristique (agences de voyages, hôtellerie, etc.) va donc être radicalement transformé, délaissant la simple gestion pour se concentrer sur l’expérience des voyageurs. «Le métier de l’accueil et de l’information sera profondément transformé. Comment cela va-t-il se passer? On ne le sait pas encore. Mais ce qui est sûr, c’est que l’ancien [présent] modèle est obsolète.»

La montée de l’Asie et des pays émergents
Depuis quelques décennies, les Occidentaux ne sont plus les seuls à pouvoir s’offrir des voyages intercontinentaux. L’émergence de la classe moyenne (60% de la population mondiale en 2030) sera particulièrement marquée en Asie, qui fournira du même coup le plus gros contingent de nouveaux voyageurs.

Y aura-t-il un jour davantage de touristes chinois que d’Américains à Montréal? «C’est un peu fort [comme affirmation], mais les chiffres laissent voir un potentiel incroyable de voyageurs asiatiques», croit Pierre Bellerose, vice-président de Tourisme Montréal. Les Chinois sont déjà au premier rang au chapitre des dépenses touristiques à l’étranger, avec 292G$ en 2015, près du double des Américains. En 2030, 80% des membres de la classe moyenne vivront dans des pays en développement.

Le retour des frontières
Le tourisme n’est pas à l’abri des soubresauts de la politique mondiale, bien au contraire. La montée du protectionnisme et la remise en question des traités de libre-échange, en Europe comme aux États-Unis, pourraient bien entraîner une diminution de la fluidité des échanges commerciaux et par le fait même du transport des personnes.

La question sécuritaire, reliée à la recrudescence du terrorisme en Europe et au Moyen-Orient, pourrait également provoquer une hausse des contrôles aux frontières. «Les gens ne vont pas arrêter de voyager pour autant, ils vont simplement se déplacer vers des endroits perçus comme plus sécuritaires et plus accueillants», résume Pierre Bellerose. Les destinations considérées comme dangereuses verront leur clientèle décroître, comme le vivent déjà la France et la Turquie. Cela pourrait avantager le Canada étant donné son image de stabilité et le peu de contraintes pour entrer au pays.

Une démographie changeante
En 2030, le touriste moyen sera plus âgé. Le vieillissement de la population et l’augmentation de l’âge de la retraite laissent présager une hausse de l’âge médian des voyageurs d’affaires. L’industrie devra donc s’adapter à cette clientèle changeante. D’ici 15 ans, près de 40% des ménages canadiens seront formés de personnes seules. Cette tendance lourde se répercutera dans le monde du tourisme. Le voyage solo ne sera plus une exception, mais plutôt la norme.

Cette propension sera particulièrement forte chez la génération des milléniaux, pour qui le voyage est devenu une forme d’affirmation de son individualité. Cette nouvelle clientèle sera également plus sensible aux enjeux éthiques et environnementaux du voyage, tout en évoluant davantage à l’extérieur du cadre touristique traditionnel.

La Havane a la cote
La Havane est la destination la plus tendance en ce moment chez les voyageurs montréalais. Selon une étude du site de voyage KAYAK, les recherches pour un séjour dans la capitale cubaine ont augmenté de 378% entre septembre 2015 et décembre 2016 dans la région montréalaise. Cette hausse pourrait bien être reliée à l’ouverture prochaine de Cuba aux touristes américains. Reykjavik, capitale de l’Islande, arrive au deuxième rang avec une augmentation de 241%.

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