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Mario Cyr, l’homme qui n’avait pas froid (aux yeux)

Photo: Mario Cyr/Photo tirée de son livre L'aventurier des glaces

Il a visité les profondeurs sous-marines de l’Arctique canadien, de l’Islande, de la Norvège, de la Russie et de l’Alaska. Il a participé à des documentaires produits par National Geographic, Disney et Discovery Channel, entre autres. Il a été surnommé le «Jacques-Yves Cousteau québécois». Mais au final, Mario Cyr n’est qu’un p’tit gars des îles de la Madeleine qui vit son rêve de jeunesse.

Le populaire explorateur des fonds marins lançait à la fin de septembre son livre L’aventurier des glaces, qui retrace son impressionnant parcours. Un bouquin qui permettra d’en apprendre plus sur cet homme qui fait ce qu’il a toujours voulu faire: de la plongée. Écrit par sa conjointe Nancy Chiasson – mais la narration se fait au «je» –, le livre revient d’ailleurs sur l’enfance et l’adolescence du vidéaste, sur ses plus belles excursions ainsi que sur le moment où il a frôlé la mort.

En 1991, le Québécois est le premier à photographier des morses sous l’eau, à la demande de National Geographic. Une expédition dangereuse qui donnera le ton à sa carrière. Depuis, Mario Cyr a passé une grande partie de sa vie dans les profondeurs sous-marines, lui qui compte plus de 12 000 plongées à son actif. Est-ce qu’on vit de la même façon sur terre lorsqu’on a passé autant de temps sous l’eau? «Ce sont deux mondes qui vivent en parallèle et qui sont complètement différents, avoue-t-il. Sur terre, on va faire une chose et penser à une autre en même temps. Sous l’eau, c’est impossible. En plongée, tu analyses ce que tu vois, la manière dont tu respires, tous tes mouvements. C’est vraiment vivre le moment présent à 100% sans même être capable de s’en échapper. C’est la différence fondamentale.»

Être à 100% présent est aussi une question de vie ou de mort. «J’ai toujours de la crainte. Quand tu as peur, tous tes sens sont aiguisés au maximum. Si tu n’as pas peur, tu vas baisser la garde et ça va être dangereux. Quand tu as peur, tu sais que tu es dans le territoire des animaux, que tu n’es pas chez vous. Quand tu observes bien, tu constates qu’aucun animal va t’attaquer sans t’avertir. Il y a plein de façons d’avertir. C’est à nous d’observer ça», explique Mario Cyr.

«Cela dit, c’est moins dangereux que ce que les gens pensent, dit-il, se faisant rassurant. Il faut tout le temps comprendre qu’il y a une analyse qui se fait. Jamais je ne vais sauter dans l’eau sans regarder comme il faut autour de moi.»

«Si je n’avais pas peur, je serais mort.» –Mario Cyr, au sujet des dangers que comporte son métier.

Capsule temporelle
Mario Cyr ne s’en cache pas, ce livre agira un peu comme une capsule temporelle pour les générations à venir. «Quand on a écrit ce livre-là, moi, j’ai beaucoup pensé à ma petite-fille qui a un an. Quand tu es proche d’un enfant, tu essayes de penser au monde dans lequel il va évoluer. Je sais qu’il va être complètement différent du mien.»

Celui qui plonge depuis déjà plus de 40 ans a été un témoin privilégié des changements climatiques et en fait aujourd’hui un bilan plutôt catastrophique. «C’est sûr qu’aujourd’hui on voit des sacs de plastique dans l’Arctique. Ce ne sont pas des choses qu’on voyait avant. Aujourd’hui, on plonge sous la banquise et il y a des sacs de plastique. Il y en a dans tous les océans», déclare-t-il. La température de l’eau a aussi complètement changé.

Ce qui est le plus important dans tout ça, selon lui, c’est que tous les mammifères et les poissons sont en train de s’adapter aux changements climatiques. «Ils sont déjà en phase d’adaptation, de changement. Et, il y a encore des humains qui se demandent si ça existe.»

Il a pu observer des espèces qui, pour survivre, se sont mises à travailler ensemble. «Les anchois et les sardines vont maintenant former des gros bancs de poissons en se mettant ensemble, parce qu’ils ne sont plus assez nombreux. Les épaulards travaillent aussi avec les baleines à bosse. C’est de l’adaptation à vitesse grand V.»

S’il n’aime pas se complaire dans l’optimisme, Mario Cyr livre tout de même plusieurs messages d’espoir. «Il ne faut pas baisser les bras. Les gens qui me découragent le plus présentement, c’est ceux qui disent qu’il n’y a plus rien à faire.» Selon lui, il est toujours possible de changer le cours des choses, même si «on a le bras dans le tordeur et ça va faire mal».

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