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Renouer avec la Belle Époque à Québec

Photo: Georges Jules Victor Clairin, 1876, Huile sur toile, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Pour célébrer son 25e anniversaire, le Musée de la civilisation de Québec s’offre un cadeau en or : Paris en scène, 1889-1914, une exposition saisissante qui témoigne de l’énorme révolution artistique, sociale et technologique qu’a connue la Ville Lumière au tournant du 20e siècle.

Les manifestations de l’extrême droite et la période d’austérité financière que traverse présentement la France ne vous donnent guère envie de faire un séjour estival dans la mythique Ville Lumière? Pourquoi alors ne pas en profiter pour vous replonger dans le Paris bouillonnant de la Belle Époque – les Méliès, Bourdelle et Rodin, mais aussi la révolution des transports, le Moulin Rouge, les salons d’artistes, les effeuilleuses et l’arrivée de l’électricité? Si cette idée vous séduit, rendez-vous à Québec pour l’exposition Paris en scène, 1889-1914, que le Musée de la civilisation vient de lancer pour souligner son 25e anniversaire.

Produite sous la direction artistique de Jeannot Painchaud, du Cirque Éloize, cette exposition de haut calibre témoigne d’un Paris en pleine effervescence. À cette époque, la capitale culturelle voyait l’émergence d’une économie de loisirs à laquelle toutes les classes sociales étaient conviées. On parcourt cette expo pluridisciplinaire, qui comprend près de 250 artéfacts et œuvres d’art de tout acabit, muni d’un audioguide, en déambulant tel «un flâneur sur les grands boulevards», précise M. Painchaud. Avec une scénographie qui nous transporte du théâtre et des fêtes foraines jusqu’aux jardins et aux ateliers d’artistes, l’expo est une invitation à la rêverie qui comblera à coup sûr tous les nostalgiques du Paris d’antan.

Pour M. Painchaud, qui s’est vu offrir ce poste après sa participation à l’exposition Big Bang du Musée des beaux-arts de Mont­réal en 2011, il était impératif que le parcours emprunté soit celui du promeneur, du dandy. «Ce que j’aime à Paris, c’est m’asseoir sur un grand boulevard, à la terrasse d’un café, et observer les passants. J’aime ce train de vie, j’aime écouter les Parisiens qui argumentent sur tout et sur rien. Ça me fascine.»

Alors qu’il était occupé à concevoir l’itinéraire de cette exposition, Painchaud a découvert l’étendue du foisonnement artistique qu’a connu Paris à l’époque. «Je n’avais pas compris à quel point [Paris] était le centre du monde au début du 20e siècle, souligne-t-il. Les gens ont commencé à avoir une vie sociale avec l’arrivée du repos dominical, et ça, ce fut une révolution! On sortait le samedi soir. De plus, avec l’arrivée de l’électricité, tout à coup, on pouvait sortir à Paris la nuit sans risquer de se faire agresser; ce n’était plus lugubre. Ça devenait un endroit festif.»

L’expo offre un fascinant survol de ces quelques décennies qui ont marqué un tournant dans la façon de concevoir le monde, alors que Paris se livrait à une course effrénée vers la modernité. Au rayon des incontournables, notons une sublime toile de Sarah Bernhardt, la femme fatale de l’époque, une machine à bruits utilisée dans les cinémas, une des premières voiturettes produites par Renault et frères, un costume et un chapeau portés à la première de Cyrano de Bergerac, l’enseigne du mythique cabaret du Chat Noir, et surtout, un époustouflant dessin panoramique du Paris de 1900 – année de la cinquième Exposition universelle.

Pendant qu’on contemple cette illustration à 360° du haut d’une plateforme surélevée, comme le feraient les touristes ayant gravi la tour Eiffel, la divine pièce Gymnopédie no 1, d’Erik Satie, conclut l’audioguide et cristallise notre mélancolie pour ce Paris de Toulouse-Lautrec, de Rodin et des grands boulevards. Peut-être qu’un petit saut en terre française s’impose, après tout?

Paris en scène, 1889-1914
Jusqu’au 23 février 2014
Musée de la civilisation de Québec

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