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Stevenson: «La télé a le dernier mot»

Frédéric Daigle, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Adonis Stevenson avait bien des mises au point à faire lors de la conférence de presse de lancement des activités du gala du 3 juin prochain, face à Andrzej Fonfara.

Après avoir expliqué pourquoi un affrontement contre Jean Pascal — qui assurera la demi-finale face à Eleider Alvarez — n’avait toujours pas eu lieu à l’aide d’une mise en scène sûrement préparée longtemps d’avance, le champion des mi-lourds du World Boxing Council (WBC) a expliqué que son combat prévu contre Alvarez n’intéressait pas les réseaux américains et que c’est ce qui explique que le Montréalais d’origine colombienne attend depuis 18 mois.

«C’est bien beau les classements, mais la télé, c’est elle qui a le dernier mot, a noté Stevenson (28-1, 23 K.-O.). Toutes les organisations vont aller dans le sens de la télévision, car elles touchent un pourcentage des revenus.»

Et selon Stevenson, Alvarez (22-0, 11 K.-O.), son aspirant obligatoire depuis novembre 2015, n’est pas attrayant aux yeux des réseaux de télévision.

«Son combat contre Bute, c’est un combat que la télévision n’a pas acheté. Les réseaux n’étaient pas intéressés. C’était un combat local, sans rayonnement international. Ils (les réseaux) ont dit qu’il faudrait qu’il se batte au moins deux fois contre des Américains ou des boxeurs connus. S’il n’en tenait qu’à moi, le combat serait déjà fait. Est-ce qu’il y a un promoteur qui va mettre de l’argent pour un combat Alvarez-Stevenson? Un réseau? Je ne pense pas.»

D’où l’importance du combat du 3 juin contre Pascal (31-4-1, 18 K.-O.).

«C’est pour ça que Showtime vient pour ce gala du 3 juin. C’est certain qu’ils vont regarder (Alvarez-Pascal). Alvarez s’est battu deux fois sur Showtime, mais ce n’étaient pas des combats contre des adversaires connus. Chaque fois qu’il boxait sur Showtime, les gens, je vais vous le dire, disaient qu’il ne valait rien. S’il fait ce qu’il a fait contre Bute sur Showtime, là ça envoie un message et il aura plus de poids.»

«Il y a eu une opportunité qu’on ne pensait pas qui se présenterait», a quant à lui nuancé Yvon Michel, président de GYM et promoteur des deux hommes, pour expliquer pourquoi, bien que promis après le combat contre Bute, Alvarez ne se bat pas en championnat du monde à son prochain combat.

«On a eu quelque chose de mieux: une occasion de se battre sur Showtime, de mousser sa popularité. Si Eleider devait battre Jean Pascal, il aura battu en trois mois les deux plus grandes vedettes de la boxe québécoise des 10 dernières années. Ce serait phénoménal pour lui. Nous sommes tous convaincus que c’était la bonne direction à prendre.»

Maintenant, Alvarez pourrait devoir patienter davantage: plutôt que d’accorder une chance à Alvarez après son combat face à Fonfara (29-4, 17 K.-O.), Stevenson a en tête un combat d’unification pour les quatre ceintures des mi-lourds contre le vainqueur du duel opposant Sergey Kovalev à Andre Ward.

«Eleider est toujours le prochain en lice pour affronter Adonis, mais Adonis a raison, note Michel. Je doute que ça puisse se faire, mais si jamais on pouvait organiser un combat entre Adonis et le vainqueur de Kovalev-Ward et qu’Eleider affronterait le gagnant de ce combat, ce serait énorme. C’est le seul scénario qui pourrait faire en sorte qu’Eleider n’affronterait pas Adonis en championnat du monde.»

Fanfaronnades

Mais bien avant cette mise au point, Stevenson était trop heureux d’expliquer pourquoi un combat contre Pascal n’a jamais eu lieu.

Quand un collègue a rappelé à Stevenson, qui venait tout juste de dire qu’il ne refusait aucun défi, que Pascal lui en avait souvent lancé, le champion s’est levé et s’est livré à une mise en scène qu’il avait sûrement longuement mûrie.

«Mon cher Jean Pascal, lui a-t-il d’abord lancé, s’assoyant sur ses genoux et l’enlaçant par le cou. Nous avons fait une offre à Pascal: 30 pour cent de la bourse. Mais comme l’avait fait Bernard Hopkins, il a accepté une autre offre. De qui? C’est ça! De Kovalev. C’est ça que t’as choisi?»

«Étant donné que tu refusais de te battre contre moi, j’ai accepté l’offre de Kovalev», a répondu un Jean Pascal en pleine maîtrise de ses émotions.

«On te donnait 30 pour cent, Pascal. Aspirant no 1, c’est 30 pour cent! Moi, je suis champion du monde parce que j’ai accepté de me battre pour moins d’argent en championnat. Je m’en fous de l’argent… Je m’en foutais dans ce temps-là! Kovalev lui a offert plus d’argent, alors comme Hopkins, il a choisi Kovalev.

«Il pensait gagner les ceintures, a ajouté Stevenson, toujours assis sur Pascal, qui est demeuré de glace tout au long de ce vaudeville. Ça aurait été bien que tu gagnes les ceintures: tu aurais pu revenir et là, ton pourcentage aurait été beaucoup plus élevé. (…) Mais il a perdu contre Kovalev, et perdu le combat revanche. Là, il voulait m’affronter. Ça ne faisait pas de sens. Je lui ai dit d’aller remonter dans les classements et qu’on ferait le combat par la suite.»

Et Fonfara dans tout cela? Après tout, le boxeur de 29 ans, qui avait envoyé Stevenson au tapis en mai 2014, a gagné quatre de ces cinq derniers combats.

«Quand j’ai boxé avec Fonfara, j’ai fait un camp en Allemagne. J’avais mal au dos, je ne pouvais pas marcher, encore moins m’entraîner. On a même pensé à annuler le combat, mais je l’ai fait pareil. Il a donné un bon ‘show’.

«Ce sont les réseaux américains, PBC et Al Haymon, qui ont vu le premier combat, qui voulaient un combat revanche. Ça faisait longtemps qu’ils en parlaient. C’est l’offre et la demande. Au Québec, on comprend que tout le monde veut me voir avec Alvarez ou Pascal, mais à travers le monde et les États-Unis, ils regardent ce qu’ils voient. Ils ont vu que Fonfara s’est battu contre des Américains et il a bien fait. Ils ont donc décidé que c’était le temps de faire le deuxième combat. Moi, je prends ce qu’on me donne.»

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