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Alou revient sur ses années avec les Expos

Frédéric Daigle, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — De son propre aveu, Felipe Alou a passé de très beaux moments dans l’organisation des Expos de Montréal. Voici en vrac quelques-uns des souvenirs qu’il a partagés avec La Presse canadienne:

1992, 1993 et 1994

Pour Alou, ses trois premières saisons à la barre des Expos auront été ses plus belles.

«Pendant ces trois premières saisons, nous avons fait tourner le vent. De dernier en 1992, nous avons terminé deuxième, même chose en 1993. À l’interne, nous savions que nous avions une équipe capable de gagner le championnat.

«Ce qui est arrivé en 1994 — les Expos dominaient le Baseball majeur avec un dossier de 74 victoires et 40 défaites lors du déclenchement de la grève, le 12 août — n’était pas une surprise ni pour les joueurs, ni pour les entraîneurs. Nous savions que nous étions aussi bons que cela. Mais la direction et les médias n’y croyaient pas. Alors ces trois années constituent mon plus beau souvenir de mon passage chez les Expos.»

1996 plus dommageable que 1994

Si la grève de 1994 a fait mal à la concession montréalaise, Alou estime que ce qui s’est passé à la conclusion de la saison 1996 a vraiment signé le début de la fin des Expos.

«Les gens se rappellent de 1994, mais en 1996, nous étions aussi très bons. Après le démantèlement de 1995, qui nous a fait chuter en dernière place, nous avons rebâti l’équipe et nous avons perdu une place en séries lors du dernier jour de la saison. Nous avons gagné le dernier match contre les Braves, mais ça s’est passé entre les Dodgers et les Padres. Ces derniers ont balayé les Dodgers et, au lieu de terminer meilleurs deuxièmes, ce sont les Dodgers qui ont eu cette chance, tandis que les Padres ont terminé premiers dans l’Ouest.

«Notre récompense pour avoir mené de nouveau l’équipe de la dernière à un match d’une participation aux séries comme meilleurs deuxièmes? La haute direction a encore démantelé l’équipe. (…) Je crois vraiment que c’est la saison 1996, plus que 1994, qui a mené au départ de l’équipe.»

À ne pas inviter à la même soirée…

Felipe Alou et Jeffrey Loria. L’ex-gérant croit que Loria a tout mis en oeuvre pour sortir le baseball de Montréal.

«Je pense vraiment que Loria voulait faire couler la concession, afin qu’il puisse la sortir de Montréal. Il n’a jamais eu le désir d’améliorer l’équipe ou de lui injecter de l’argent. Je le croyais à l’époque et je le crois toujours aujourd’hui: c’était le but de Loria de sortir les Expos de Montréal.

«En même temps, on ne peut pas blâmer que Loria: l’équipe a été offerte à tout le monde à l’époque.»

Un banquet de trop

Il est difficile de penser que les Expos avaient Alou en si haute estime à l’écoute de certaines anecdotes qu’il raconte. Une, au camp d’entraînement de 1992, est particulièrement troublante.

«Pour la naissance de Felipe fils, qui a maintenant 25 ans, j’ai demandé à Tom Runnells d’avoir une journée de congé. Mais après la rencontre en soirée contre les Braves, il devait y avoir une réception avec des membres des deux organisations. Il m’a dit que Bobby Cox et tous les instructeurs devaient être là. Que lui et tous les instructeurs y seraient et que plusieurs joueurs des deux équipes y participeraient, alors il ne voulait pas que je quitte pour Palm Beach Gardens, qui n’est vraiment qu’à 20 minutes de West Palm Beach. Il voulait que j’attende après la soirée avant de quitter.

«Vous savez quoi? Bobby Cox n’est jamais venu, pas plus qu’aucun de ses instructeurs. Quelques-uns de leurs jeunes joueurs seulement se sont pointés: Chipper Jones, Javy Lopez et quelques autres des ligues mineures. Je ne crois pas qu’un seul joueur des Majeures ne se soit présenté. J’étais dans le baseball depuis longtemps à ce moment. Je trouvais qu’on n’avait pas à me faire courir le risque de manquer la naissance de mon fils.»

De bons mots pour Runnells

Mise à part cet incident, Alou n’a que de bons mots pour Runnells, qu’il ne souhaitait pas remplacer.

«Je trouvais que Tom Runnells faisait un boulot honnête comme gérant. Au camp, il avait fait des trucs que je n’avais jamais vu auparavant: avec les États-Unis en guerre, il est arrivé habillé comme le général Schwatzkopf. Ç’a été le plus grand choc de toute ma carrière dans le baseball. Nous avions plusieurs jeunes joueurs et peut-être qu’ils ont mal compris ce qu’il cherchait à faire. Il a aussi organisé un concours de plus longs coups de départ — gagné par Larry Walker —, puis un autre de lancers francs. Quand j’ai vu ça, j’ai eu quelques doutes. Oui, nous nous entraînions au baseball, mais nous faisions un paquet de trucs qui n’étaient pas en lien.

«Je crois que Tom Runnells est un excellent homme de baseball, mais qu’il était trop jeune pour réaliser l’ampleur de la tâche. Il n’était pas prêt à être gérant à ce moment-là.»

Après son départ des Expos, Runnells a roulé sa bosse dans les ligues mineures, avant d’être promu instructeur de banc des Rockies du Colorado en 2009, quand le gérant Clint Hurdle a été remplacé par Jim Tracy. Il a été congédié à la fin de la saison 2016.

Pas de francophone?

Bien au fait du marché dans lequel il allait maintenant évoluer, Alou s’interrogeait à savoir pourquoi aucun francophone n’avait obtenu sa chance dans l’organisation. Jacques Doucet raconte l’anecdote.

«Au premier camp de Felipe comme gérant, en 1993, je le sollicite pour une entrevue pour le magazine des Expos. Avant qu’on commence l’entrevue, il me dit de ne pas commencer l’enregistrement. Il me demande alors comment il se fait qu’aucun instructeur dans les filiales et aucun poste dans les opérations baseball ne soit occupé par des francophones. Je lui ai alors répondu que c’est un des plus grands reproches que j’aie pu faire aux Expos au fil des ans. Pourtant, il y a eu des René Marchand, des Marc Griffin, des Claude Raymond.

«Parce qu’il savait d’où il venait, il se demandait comment cela était possible que personne n’ait donné la chance à un francophone de se faire valoir et de grimper les échelons. C’est aussi cela, Felipe Alou.»

Raymond est par la suite devenu instructeur adjoint en 2002, jusqu’au départ de l’équipe en 2004. Difficile de dire si, puisque l’équipe était condamnée à cette époque, cette nomination ne tenait pas davantage d’une opération de relations publiques, sans absolument rien enlever aux compétences et connaissances de l’ex-no 16 des Expos.

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