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Marcher à fond la caisse

Photo: Ben Thorne | Collaboration spéciale

Loin des trottoirs bondés du centre-ville et des intersections pas très sécuritaires, des athlètes marchent à des vitesses qui feraient l’envie de plusieurs coureurs.

Dans le cadre de nos éditions spéciales consacrées aux piétons, Métro s’est entretenu avec deux Québécois adeptes de la marche olympique: Mathieu Bilodeau, qui a pris part aux Jeux de Rio, et Marek Adamowicz, un jeune marcheur de la relève.

Les deux ont fait leurs premiers pas dans ce sport un peu par hasard. M. Bilodeau, 33 ans, est un ancien triathlonien. Il ne s’adonne à la marche athlétique que depuis trois ans. Le déclic s’est fait à Calgary, où il vivait avec sa conjointe avant son récent déménagement à Vancouver. Il y a rencontré Janice McCaffrey, qui a pris part à trois Jeux en marche. Elle a tout de suite constaté que M. Bilodeau avait une technique de course qui ressemblait à celle de la marche.

«Je pensais prendre ma retraite, mais j’ai décidé de m’essayer à la marche, a raconté l’athlète originaire de Québec. Quand elle [Mme McCaffrey] m’a convaincu que je pouvais être performant, je me suis dit: ‘‘Go, je donne le tout pour le tout et je vais aux Jeux.’’»

«En sept mois, je me suis qualifié pour les Mondiaux et un an plus tard j’avais ma place pour les Jeux de Rio», a-t-il ajouté.

Quant à M. Adamowicz, il a commencé à pratiquer le sport il y a environ neuf ans, alors qu’il fréquentait le Heritage Regional High School, à Saint-Hubert. «Je faisais de l’athlétisme et j’étais meilleur dans les longues distances, a-t-il expliqué. J’ai vu qu’il y avait des épreuves de marche et j’ai essayé. Au départ, c’était surtout pour récolter des points pour l’école. Pendant les deux ou trois premières années, je ne savais pas vraiment ce que je faisais.»

Plus les années avançaient, plus il affinait sa technique. Ses temps ont commencé à s’améliorer et il s’est mis à rêver aux JO. Âgé de seulement
20 ans, M. Adamowicz sait qu’il a encore beaucoup de chemin à faire avant de se tailler une place au sein de l’équipe canadienne. «Comme Inaki Gomez [double olympien en marche] a pris sa retraite, j’ai une meilleure chance de me qualifier en vue des Jeux de Tokyo, en 2020», a dit celui qui étudie en mathématique à l’Université McGill en même temps qu’il s’entraîne.

Si leur discipline demeure peu connue, MM. Bilodeau et Adamowicz s’entendent pour dire que la marche reçoit davantage d’attention que par le passé. La quatrième place, qui a bien failli être une troisième place, d’Evan Dunfee à l’épreuve du 50 km à Rio y est pour quelque chose. «Nous recevons davantage de respect depuis que nous avons montré que nous pouvons être parmi les meilleurs du monde», a dit M. Bilodeau.

Cependant, un problème de perception demeure, selon les deux athlètes. Les critiques de la marche olympique ne réalisent pas à quel point la discipline est difficile et à quel point ses adeptes sont rapides. «À l’école, des collègues de classe me disaient que la marche, c’était facile. Ensuite, ils essayaient et n’étaient même pas capables de faire un demi-tour de piste», se souvient M. Adamowicz.

«Quand je m’entraîne, je dépasse des coureurs. Ils essaient de me suivre, mais ils n’y arrivent pas, a pour sa part indiqué M. Bilodeau. Nous sommes des marathoniens, même que nous faisons plus de volume qu’eux [l’épreuve la plus longue en marche est de 50 km, contre 42 km pour un marathon].»

Et c’est sans oublier la douleur qui vient avec les épreuves de longue distance. «Avant de faire de la marche, je ne savais pas ce que c’était d’avoir mal, et j’ai fait des triathlons et un marathon, a ajouté M. Bilodeau. Quand tu dépasses les 45 km, tu es dans un tel état… Je ne sais pas comment on fait pour continuer. Garder une bonne technique devient extrêmement difficile. C’est souvent à ce moment que les gens sont disqualifiés. C’est comme si le corps n’était pas fait pour parcourir une telle distance.»

La marche olympique, c’est quoi?
Il y a deux épreuves de marche aux Jeux olympiques: le 20 km et le 50 km.

Les marcheurs doivent observer certains règlements. Un de leurs pieds doit toujours être en contact avec le sol. De plus, «la jambe qui avance doit s’allonger, du point de contact avec le sol, et rester droite jusqu’à ce que le corps passe par-dessus», explique le site d’Athlétisme Canada. Si un marcheur reçoit trois infractions des juges, il est disqualifié.

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