Soutenez

Lemieux-Saunders: excès de confiance de l'Anglais?

Frédéric Daigle, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

LAVAL, Qc — «C’est fini la discussion. Il est temps de remplir ses promesses.»

C’est en ces termes que David Lemieux a lancé son allocution lors de la conférence de presse en vue du combat de championnat du monde des moyens de la World Boxing Organization (WBO) qu’il livrera samedi à l’Anglais Billy Joe Saunders, détenteur de la ceinture.

Ce dernier en a dit des choses au cours des derniers jours, certaines plutôt déplacées, notamment quand il a traité Lemieux (38-3, 33 K.-O.) de «Frog» sur les réseaux sociaux. Tout le clan Lemieux en a soupé du manque de respect dont fait preuve le clan Saunders (25-0, 12 K.-O.) depuis le début de cette histoire.

«Tu peux m’appeler ‘Frog’, ‘Short Legs’, tout ce que tu veux, a ajouté Lemieux. Voyons voir si tu peux répondre de tes paroles dans le ring.»

L’entraîneur de Saunders, Dominic Ingle en a même rajouté une couche.

«Bernard Hopkins a fait une bien belle analogie en comparant la boxe à un livre, a-t-il dit. Nous sommes au premier chapitre de l’histoire de Billy Joe, tandis que David Lemieux est en train d’écrire son dernier.»

Au cours des dernières semaines, Saunders et sa suite n’ont cessé de parler des «faiblesses de Lemieux, ramenant sans cesse ses trois défaites face à Marco Antonio Rubio et Joachim Alcine — qui remontent à 2011 — et celle face à Gennady Golovkin, en octobre 2015.

«C’est un bon boxeur, mais certains boxeurs ne sont pas assez bons pour se frotter à l’élite de la boxe. Quand il s’est frotté à l’élite en Golovkin, il a prouvé qu’il n’était pas assez bon», a souligné Saunders, qui en a rajouté dans le face-à-face, alors qu’il n’a cessé de répéter à Lemieux «de ne pas avoir peur, que tout irait bien».

«Si j’avais peur, je ne serais pas ici, a laissé tomber Lemieux en riant. Il va se faire passer le K.-O. samedi. Je lui ai dit.»

«On me conte la même histoire à tous les galas, a indiqué Marc Ramsay, l’entraîneur de Lemieux depuis son duel face à Alcine, en décembre 2011. Dans 95 pour cent du temps, on finit gagnant. Cette histoire-là, je l’ai entendue souvent. Comme j’ai mentionné auparavant, quand David a affronté Rubio et Alcine, il sortait de l’adolescence et n’était pas encore un homme physiquement. Nous sommes à des milles de ce qu’on était à l’époque. C’est complètement autre chose.

«Je ne parle même pas du travail technique, je parle seulement de la maturité physique. Rappelez-vous de quoi vous aviez l’air à 17, 18 ans. C’est complètement autre chose. On le voit dans tous les sports, pas seulement qu’à la boxe.»

Le clan Saunders a aussi grandement encensé le menton de l’Anglais. Autant Saunders qu’Ingle sont convaincus que Lemieux n’a pas ce qu’il faut pour lui passer le K.-O.

«Il y a une première à tout. Il n’a jamais affronté un boxeur comme moi, je peux vous le garantir, a affirmé Lemieux. Les gens vont être témoins d’une première samedi. Il n’a jamais affronté un adversaire aussi fort, aussi enragé que moi.»

Lemieux est aussi irrité qu’on ne parle de lui que comme un cogneur.

«Je veux montrer ce que je vais montrer samedi. Ce qu’ils disent, ce qu’ils pensent, ne change absolument rien. Plus ils me sous-estiment, plus ça va jouer contre eux. Oui, je suis un cogneur. Mais s’ils pensent que je ne suis que ça, ils vont avoir une grosse surprise.»

«Ils n’ont jamais affronté un boxeur qui mettra autant de pression que David Lemieux, a pour sa part renchéri Ramsay. Celui qui se rapproche le plus, je dirais que c’est (Chris) Eubank. Mais le Eubank d’aujourd’hui et celui qui a affronté Saunders (en 2014), ce n’est pas du tout le même bonhomme. Je pense qu’à 160 livres, il était restreint: ce n’est pas sa catégorie. Et ce n’est pas un gars qui boxe bien. Il est puissant, mais pas outre mesure. Sinon on tombe à des gars comme Gary O’Sullivan, qui à mon avis, n’est pas du même niveau du tout.

«Il a gagné le titre par décision majoritaire face à Andy Lee. C’est un bon boxeur Andy Lee, il ne faut pas se le cacher: bon technicien, bonne force de frappe, bonne rapidité. Mais il a un menton de verre. Un des moins bons de toute la boxe professionnelle. C’est ce genre de gars qu’il a affrontés.»

Ingle plus nuancé

Pour être honnête, il faut souligner qu’Ingle a tenu des propos plus justes à propos de Lemieux en mêlée de presse.

«Comme entraîneur, c’est mon devoir de faire fi de tous ces effets de toge, de ne pas écouter ce que mon boxeur dit. Si je l’écoutais, ça voudrait dire que c’est Billy Joe qui dirige les entraînements, qui décide ce qu’il fait au gymnase. Il pense ce qu’il veut, c’est parfait ainsi. Mais c’est moi qui dirige.

«De la façon dont je l’ai entraîné pour ce combat, c’est en fonction d’affronter un boxeur difficile en David Lemieux. Un gars qui frappe solidement et les partenaires d’entraînement l’ont bien préparé à cela. (…) Je dois garder la tête froide et m’assurer qu’il suit le plan.»

Ingle n’a toutefois pas pu s’empêcher de décocher une dernière flèche à l’endroit de Lemieux.

«Il regarde probablement Billy Joe Saunders comme un champion prenable. Peut-être que ça peut être le cas de son point de vue. Mais il découvrira que c’est bien différent une fois rendu sur le ring.»

Lemieux et Saunders devraient en venir aux prises autour de 23h, samedi, le 12e combat de ce gala présenté à la Place Bell par Eye of the Tiger Management, Golden Boy Promotions, Frank Warren et HBO, qui diffusera d’ailleurs les trois derniers combats de la soirée.

En plus de la ceinture de Saunders, trois autres titres seront à l’enjeu. Le premier combat, le baptême professionnel de Kim Clavel, sera disputé à compter de 17h.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.