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Le bilan des Alouettes en 12 citations

Frédéric Daigle, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’année 2017 aura été pénible à plusieurs niveaux pour les Alouettes de Montréal: autre changement d’entraîneur à mi-parcours, record de médiocrité avec une fiche de 3-15, troisième exclusion consécutive des matchs éliminatoires, performances en deçà des attentes, etc.

Mais les problèmes que vivent actuellement les Alouettes ne peuvent être exclusivement attribués à la nouvelle direction de l’équipe. Le manque de relève à plusieurs positions clés, notamment au poste de quart, et l’âge avancé de la formation montréalaise ne sont pas attribuables à Kavis Reed, mais bien à son prédécesseur, Jim Popp.

Sans rien vouloir enlever à la saison — voire, la carrière — qu’il a connu, est-ce normal ou souhaitable que votre joueur par excellence, en l’occurrence, Kyries Hebert, soit un secondeur de 37 ans? C’est Popp, mais aussi les propriétaires Robert et Andrew Wetenhall, que l’on doit blâmer pour ce laisser-aller, qui fait en sorte que les Alouettes se trouvent avec la formation la plus âgée de la LCF.

Même ce qui se passe à l’extérieur du terrain — baisse des assistances, désintéressement des partisans, voire même, de certains médias — est en grande partie attribuable à la précédente administration. Contrairement à ce qu’il souhaitait à son entrée en poste, c’est-à-dire identifier l’ADN de son organisation «d’ici 12 à 18 mois», le nouveau président, Patrick Boivin, ne disposera peut-être pas d’autant de temps pour redresser la barre.

Par contre, même si on doit leur retirer une partie du blâme, force est d’admettre que l’An 1 du tandem Patrick Boivin-Kavis Reed n’a pas été couronné de succès, comme ils l’ont eux-mêmes admis au moment d’en dresser le bilan, le 4 novembre dernier.

Maintenant, la tâche à accomplir est colossale. La première étape est toutefois franchie: l’équipe a annoncé l’embauche de l’entraîneur-chef Mike Sherman, l’ancien des Packers de Green Bay, le 20 décembre. Mais Reed doit toujours dénicher un nouveau quart, puisqu’il est clair que Darian Durant n’est plus en mesure d’être le no 1, en plus de considérablement rajeunir l’équipe. Il semble que Sherman veuille relever avec lui cet imposant défi.

Par contre, l’histoire récente de la Ligue canadienne est remplie d’exemples démontrant que cette tâche n’est pas impossible. On n’a qu’à penser aux Argonauts de Toronto, derniers dans l’Est l’an dernier et champions de la coupe Grey cette saison. Ou encore aux Roughriders de la Saskatchewan, pire équipe de la ligue l’an dernier, mais qui ont atteint le carré d’as en 2017. Finalement, difficile de ne pas parler du Rouge et Noir d’Ottawa, ce club d’expansion qui en quatre saisons a déjà une coupe Grey et deux finales à son actif.

En attendant de pouvoir apprécier l’apport de Sherman, voici un résumé de cette campagne de misère en 12 citations recueillies par La Presse canadienne:

«Notre attaque a beaucoup de potentiel.» — Jacques Chapdelaine, le 19 mai. Les Alouettes ont terminé au dernier ou avant-dernier rang dans presque toutes les statistiques offensives, notamment pour les points marqués, les verges et les touchés par la passe, les sacs accordés et les revirements commis.

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«Il reste encore beaucoup de football à jouer.» — Darian Durant, le 6 juillet. Les Alouettes ont alors une fiche de 1-2. Cette phrase sera utilisée plusieurs fois en cours de saison, autant par les joueurs que les dirigeants du club.

«Nous n’avons pas encore été capables de jouer un bon match complet.» — Tyrell Sutton, le 30 août, en tentant une explication. Ce sera le cas tout au long de la saison.

«Bien sûr qu’on manque de temps. Nous n’arrêtons pas de dire qu’il nous reste plein de matchs à jouer, mais merde! Il ne nous en reste que huit. On disait qu’on avait 18 matchs à jouer, puis 10, ensuite neuf et maintenant, huit! Il faut qu’on se mette en marche. On va manquer de temps!» Sutton, le 31 août, en furie, mais réaliste.

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«Nous n’avons pas été parfaits, mais nous sommes une bien meilleure organisation qu’à pareille date l’an dernier.» Le copropriétaire Andrew Wetenhall, le 12 septembre, lors du tournoi de golf annuel de l’équipe.

«Nous avons amélioré notre personnel sur le terrain de façon très efficace. C’est difficile d’identifier un manque de talent.» Le copropriétaire Andrew Wetenahll, au cours de la même conversation. Il n’aurait pu faire autant fausse route qu’en faisant une telle affirmation. L’équipe a manqué de talent dans toutes les phases de jeu et, si on fait exception du demi défensif Jonathon Mincy, elle ne s’est pas amélioré à aucune position.

«L’évaluation est constante, tout comme l’imputabilité. Est-ce que ça veut dire qu’il y aura un changement demain matin? Pas nécessairement.» — Le président Patrick Boivin, quelques minutes après les déclarations d’Andrew Wetenhall, le 12 septembre. Le lendemain matin, l’entraîneur-chef Jacques Chapdelaine et le coordonnateur à la défense Noel Thorpe seront congédiés.

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«Absolument pas. Il reste 10 points à aller chercher. Le calendrier est ce qu’il est. Notre équipe ne concède jamais quoi que ce soit et elle se prépare à chaque jour pour gagner. Nous avons besoin d’une victoire. Nous venons de perdre six matchs consécutifs. Ces gars-là se présentent à tous les jours et continuent de travailler fort. On ne fera aucune concession.» — Kavis Reed, le 28 septembre, quand on lui demande si le temps n’est pas venu de donner une audition aux jeunes joueurs de l’organisation, alors qu’elle a une fiche de 3-10.

«C’est un sentiment de merde, on va se le dire. On a apporté beaucoup de changements encore cette saison. Ça fait plusieurs années qu’on change d’entraîneur. C’est difficile sur le moral. C’est difficile sur les troupes.» — Nicolas Boulay, le 9 octobre. Les Alouettes (3-12) viennent de perdre 42-24 à domicile et sont officiellement éliminés. Les jeunes joueurs joueront davantage à compter de ce moment.

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«Il est clair, pour Kavis (Reed) et moi, que nous aurions dû commencer la refonte de notre formation quand nous avons été nommés en poste. (…) Avec le recul, possiblement que nous aurions dû y aller dès le départ avec une approche basée sur le développement. Mais on jugeait que c’était trop brusqué de le faire à ce moment-là.» — Patrick Boivin, au moment de faire le bilan de la saison, le 4 novembre.

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«Nous avons plusieurs éléments sur lesquels nous pouvons bâtir. À nous yeux, c’est davantage de développer une équipe que de reconstruire ou dynamiter ce qui est déjà en place. Il y a plusieurs bons éléments en place. Il ne suffit que de bâtir là-dessus et de regarder vers l’avant.» — Patrick Boivin, lors du bilan du 4 novembre. Ni Boivin, ni Kavis Reed n’ont été capables de nommer ces «bons éléments» quand les journalistes leur ont demandé de préciser leur pensée.

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«Ça fait longtemps que cette équipe n’a pas gagné. (…) Il faudra acquérir des joueurs afin d’être meilleurs que ce que cette équipe a été. On doit avoir une meilleure formation. De ce que j’ai vu, cette équipe manquait de passion au jeu. On doit s’assurer que les joueurs que nous irons chercher répondent à ces critères.» — Le nouvel entraîneur-chef Mike Sherman, le 20 décembre.

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