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Le boycott des JO revient à l'avant-scène

MOSCOU — Plusieurs des espoirs de médailles de la Russie en vue des prochains Jeux d’hiver, dont le sextuple médaillé d’or en patinage de vitesse Viktor Ahn, ont été exclus des Olympiques de Pyeongchang, conséquences du scandale de dopage qui a frappé le pays, si bien que le possible boycott de ces JO alimente de nouveau les discussions.

Déjà dépouillée en raison de diverses suspensions pour dopage et forcée de participer sous drapeau neutre, la délégation russe pourrait maintenant disputer les JO sans ses meilleurs skieurs, patineurs artistiques et glisseurs après que ces derniers n’eurent pas obtenu l’aval du Comité international olympique (CIO).

Cinq hockeyeurs ont également été écartés, dont les ex-joueurs de la LNH Sergei Plotnikov, Valeri Nichushkin et Anton Belov.

Ces exclusions ont ravivé les discussions au sujet d’un éventuel boycott des Jeux, bien que le ministre des Sports, Pavel Kolobkov, eut déclaré mardi que la décision de participer aux JO prise par les athlètes et dirigeants russes le mois dernier tenait toujours.

Le président de la commission sportive du Parlement russe a toutefois indiqué à l’Associated Press que le pays devait «défendre son honneur».

«On s’en est pris au drapeau russe, à son hymne. On a tenté de pousser la Russie à boycotter les Jeux. (…) Maintenant, il s’agit d’une deuxième tentative, d’une tyrannie. Une tentative de diviser les athlètes qui ont su conserver une réputation sans tache, a déclaré Mikhail Degtyarev. Je ne suis pas personnellement pour un boycott. Je trouve cela contre-productif. Mais nous devons défendre notre honneur.»

La Fédération russe de patinage artistique a affirmé que le CIO tente de provoquer un boycott de la part de la Russie. Elle s’est dite «grandement déçue de cette décision sans fondement du CIO, qui ressemble à une provocation ayant pour objectif de forcer les athlètes russes à décliner une invitation pour les JO à tout prix».

Le Comité olympique russe a indiqué mardi qu’en plus d’Ahn, le fondeur Sergei Ustyugov et le biathlonnien Anton Shipulin ont été jugés inadmissibles par le CIO. D’autres dirigeants ont ont indiqué que cinq hockeyeurs, la double médaillée en patinage artistique Ksenia Stolbova, ainsi que plusieurs autres patineurs de vitesse ont été exclus.

Après la découverte d’un vaste système de dopage en marge des Jeux d’hiver de Sotchi, en 2014, le CIO a imposé à tous les athlètes de Russie désirant participer aux JO de Pyeongchang de montrer patte blanche. Ils doivent être approuvés par une commission du CIO, qui examine leurs antécédents en matière d’antidopage avant de pouvoir être invités à rejoindre les athlètes olympiques de Russie.

Le vice-président du comité russe, Stanislav Pozdnyakov, a indiqué par communiqué qu’il n’avait pris connaissance de ces exclusions que lors de négociations avec le CIO, lundi. Il a alors prié le CIO de lui fournir des explications. Il a ajouté qu’Ahn, Ustyugov et Shipulin «n’ont jamais été impliqués dans des cas de dopage et que les nombreux échantillons qu’ils ont fourni au cours de leur carrière prouvent qu’ils sont propres».

Pozdnyakov a dit souhaiter que la décision du CIO puisse être renversée.

L’Union soviétique a boycotté les Jeux olympiques de Los Angeles, en 1984, après que les États-Unis eurent fait de même lors des Jeux de Moscou, quatre ans plus tôt.

Le CIO a refusé de commenter les cas de façon individuelle, pas plus qu’il n’a précisé les raisons expliquant l’exclusion de ces athlètes.

«En étudiant attentivement toutes les preuves disponibles, nous souhaitions être absolument certains qu’il n’y aurait pas le moindre doute contre les athlètes invités», a expliqué Valérie Fourneyron, qui président la commission du CIO chargée de décider quels athlètes de Russie seront aux Jeux.

«Le fait de ne pas être inclu dans la liste ne veut pas nécessairement dire qu’un athlète est dopé. Cela ne devrait pas immédiatement remettre en doute son intégrité. Le CIO tient à préciser qu’il pourrait y avoir d’autres enquêtes ou d’autres mesures antidopage prises contre certains des athlètes dont le nom ne figure pas sur la liste des athlètes considérés pour invitation.»

Vendredi, le CIO a retranché 111 athlètes à la liste initiale de 500 noms soumis par la Russie, sans divulguer les athlètes ainsi écartés. Les dirigeants russes souhaitent envoyer une délégation de 200 athlètes en Corée du Sud. Il s’agirait d’un groupe moins important que celui qui a pris part aux JO de Sotchi, mais plus imposant que celui de Vancouver 2010.

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a indiqué mardi que Moscou attendait des éclaircissements du CIO avant de commenter.

«Nous avons vu ces rapports déplorables dans les médias, a-t-il dit. Si de telles décisions ont été prises, nous le regrettons amèrement. Nous sommes en contact avec le CIO. Nous souhaitons que ces contacts aideront à clarifier la situation autour des athlètes de premier plan dont les noms ont été mentionnés.»

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Les journalistes de l’Associated Press Nataliya Vasilyeva et Vladimir Kondrashov, à Moscou, ainsi que Graham Dunbar, à Genève, ont contribué à cet article.

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