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Armstrong reconnaît s'être dopé en entrevue

Après une dizaine d’années passées à nier les faits, Lance Armstrong a finalement avoué s’être injecté des drogues de performance afin de remporter chacun de ses sept Tours de France.

Stoïque, Armstrong a entamé l’entrevue en compagnie d’Oprah Winfrey en admettant qu’il avait déjà consommé de l’érythropoïétine (EPO), de la testostérone, de la cortisone et qu’il s’était soumis à des transfusions sanguines. À chacune des substances énumérées par Winfrey, il a simplement répondu ‘oui’.

Lorsque Winfrey lui a demandé pourquoi il avait accepté de participer à cette entrevue, Armstrong a répondu «je n’ai pas de bonne réponse». Il a ajouté, en demeurant très vague, «qu’il est trop tard pour de nombreuses personnes. Tout ça est de ma faute.»

Il a indiqué que le point de rupture avait été l’entrevue accordée par son ex-coéquipier Floyd Landis, en 2010, dans laquelle il a indiqué avoir vu Armstrong s’injecter des substances dopantes à de nombreuses reprises. Landis l’avait aussi qualifié à l’époque de «menteur», puisque Armstrong niait constamment s’être dopé.

L’Américain a par ailleurs nié avec véhémence qu’il ait échoué un test à l’EPO au Tour de Suisse en 2001 et qu’il ait acheté des dirigeants de l’Union cycliste internationale (UCI) pour étouffer l’affaire.

«Je n’ai pas échoué un test antidopage, je n’ai pas payé le laboratoire, et je n’ai pas participé à une rencontre secrète en compagnie du directeur de l’UCI, tout ça est faux», a-t-il dit. «J’ai fait un don à l’UCI parce qu’elle me l’a demandé. Il n’y avait pas d’entente secrète avec elle, pas de retour d’ascenseur pour couvrir quelque chose.»

Il a assuré à Winfrey qu’après son retour à la compétition lors du Tour de France (TDF) de 2009 — où il a terminé troisième au classement général — il était parfaitement propre. Armstrong a dit avoir été frustré par les accusations qui circulaient à l’époque, et a précisé qu’il avait également été propre au TDF en 2010, où il avait abouti en 23e place.

Le Texan de 41 ans a par ailleurs dit regretter le discours qu’il a tenu à l’issue du TDF de 2011, alors qu’il avait fait un pied-de-nez à ses détracteurs en déclarant qu’il avait beaucoup de peine pour ceux qui ne voulaient pas vivre le rêve qu’il venait de réaliser.

«Quand j’y pense, je suis embarrassé. C’est de cette façon que j’ai mis un terme à ma carrière, s’est-il rappelé. Quand j’écoute le discours que j’ai fait, je me sens ridicule. Je me dis ‘Lance, c’est comme ça que tu es sorti?’ C’était pitoyable!»

«Le dopage existait avant moi»

Selon le principal intéressé, sa plus grande erreur aura été de ne pas avoir su stopper cette culture du dopage dans l’univers du cyclisme professionnel. Il a cependant indiqué que cette culture existait déjà, avant même son entrée sur le circuit.

«J’avais ce genre de vie mythique, une vie professionnelle parfaite, une vie familiale parfaite, et je voulais que ça demeure ainsi, a dit Armstrong. Derrière cet écran de fumée, il y avait le momentum. Et je me suis perdu là-dedans. Mais tout ça est parti. Je sais aujourd’hui que tout ça n’était qu’une illusion.

«J’ai toujours eu l’habitude de tout contrôler dans ma vie — particulièrement dans le sport.»

Du même souffle, Armstrong a avoué être devenu un as de l’intimidation (bully) à partir du moment où il a commencé à se doper, même si ce trait de caractère a, de son avis, toujours fait partie de sa personnalité. Il aurait cependant été décuplé par sa popularité grandissante au fil des ans.

Armstrong a d’autre part été réticent à aborder son association avec le docteur Michele Ferrari, qui a été suspendu à vie par l’USADA plus tôt l’an dernier pour son implication dans le dopage sportif.

Il a ajouté que sa volonté de gagner à tout prix a également été à l’origine du scandale qui a mené à la suspension que lui a infligé l’Agence antidopage américaine (USADA). Et qu’il aurait eu de bien meilleures chances de s’en tirer sans dommage s’il n’était pas revenu à la compétition en 2009.

Lorsqu’on lui a rappelé qu’il avait été qualifié par le président et directeur général de l’USADA, Travis Tygart, de contributeur principal à un système perfectionné d’utilisation de drogues de performance conçu pour dominer le TDF, Armstrong a dit qu’il n’avait jamais contraint les coureurs de son équipe à se doper.

«C’était de toute évidence un système brillant, professionnel et très conservateur, qui évaluait tous les risques possibles, a reconnu Armstrong. Mais ce n’est pas vrai, je n’ai jamais forcé quiconque à prendre des drogues de performance.»

Il a toutefois admis que le fait qu’il ait été placé en position d’autorité en étant le leader de l’équipe US Postal Service pourrait avoir contribué à mettre de la pression sur ses coéquipiers.

L’Américain a par ailleurs indiqué qu’il avait été très facile de contourner les tests antidopages durant les années 1990, puisqu’ils n’étaient réalisés que sur les lieux de compétition.

«J’avais la certitude que je ne me ferais jamais prendre. J’étais propre aux courses parce que je suivais un programme de dopage périodique (scheduling), a expliqué Armstrong. Mais tout ça a changé depuis l’instauration du passeport biologique par l’Agence mondiale antidopage en 2008. Ça marche véritablement!»

L’Américain a fait cette révélation dans le cadre d’une entrevue qu’il avait accordée à Winfrey, lundi soir, peu de temps après s’être excusé auprès des dirigeants de sa fondation de lutte contre le cancer, Livestrong.

Plus tôt jeudi, Armstrong s’est fait retirer sa médaille de bronze des Jeux olympiques de Sydney en 2000.

Il avait déjà perdu ses sept titres du TDF l’an dernier, après qu’il eut été éclaboussé par des accusations de dopage. La deuxième partie de l’entrevue sera diffusée vendredi soir sur les ondes du réseau OWN.

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