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Gare à la «rage des stéroïdes»

Photo: Associated Press

La mort de l’amie de cœur de l’athlète sud-africain Oscar Pistorius, Reeva Steenkamp, a ramené dans l’actualité le problème de la «rage des stéroïdes».

Quand la police a commencé son enquête au domicile de Pistorius – l’athlète admet avoir tué Reeva Steenkamp, mais maintient qu’il croyait qu’elle était une intrus –, elle a découvert des seringues et des stéroïdes. Malgré cela, il est impossible d’affirmer pour l’instant que Pistorius se dopait. Son avocat a d’ailleurs affirmé en cour que les produits en question étaient des médicaments à base de plante que son client avait déjà utilisés par le passé.

La découverte de la police a toutefois fait des vagues dans les médias. Comme les stéroïdes anabolisants peuvent rendre une personne agressive et paranoïaque, certains se sont demandé si Pistorius n’avait pas été possédé par la «rage des stéroïdes» – appelée roid rage en anglais – avant de s’en prendre à sa copine.

Est-ce que la prise de stéroïdes anabolisants peut pousser à de tels comportements violents? «Nous ne pouvons pas encore le prouver sans l’ombre d’un doute, mais nous pouvons facilement supposer qu’il y a un lien entre la prise de stéroïdes et l’agressivité», indique France Brunet, physiothérapeute en chef à la Clinique de médecine du sport de l’Université de Montréal.

Les stéroïdes peuvent avoir des effets psychologiques importants sur les utilisateurs. «Ils deviennent irritables et anxieux et ça peut causer encore plus d’agressivité», explique Mme Brunet. De plus, les doses que certaines personnes consomment sont beaucoup plus élevées que celles prescrites par un médecin. Donc, les effets secondaires sont plus importants et peuvent demeurer même un an après l’arrêt de la consommation, selon la spécialiste.

Ses dires sont appuyés par des chercheurs de l’Université Northeastern qui ont étudié les effets des stéroïdes sur les rats. Sans avoir de conclusions fermes sur les humains, ils avancent non seulement que la prise de stéroïdes peut amplifier les comportements impulsifs et agressifs, mais que ces comportements peuvent persister même si le sujet n’utilise plus la substance.

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Comme le souligne Alexandra Sifferlin, du Time, des chercheurs de l’Université Florida State ont découvert, pour leur part, que les utilisateurs de stéroïdes anabolisants admettaient avoir eu davantage de comportements violents que les sujets qui n’avaient pas utilisé le produit. Les auteurs de l’étude concluent que les inquiétudes formulées dans le public et dans les médias sont justifiées en raison des liens entre la consommation de stéroïdes anabolisants et la violence.

Silence radio
Bombardée de questions depuis le début de l’affaire, l’agence mondiale antidopage préfère ne pas se prononcer. «L’agence est au courant des informations qui ont circulé dans les médias à l’effet que des stéroïdes auraient été trouvés au domicile de l’athlète olympique et paralympique Oscar Pistorius. Comme il s’agit d’une enquête criminelle, l’Agence et le South Africa Institute for Drug Free Sport doivent collaborer avec la police. En raison de l’enquête, l’agence ne fera pas de commentaires pour l’instant», explique dans un courriel envoyé à Métro le responsable des relations médias de l’organisme, Terence O’Rorke.

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Le cas Chris Benoit
Le cas le plus connu associé à la «rage des stéroïdes» est probablement celui du lutteur professionnel Chris Benoit.

  • Le Canadien, né à Montréal, s’est suicidé après avoir assassiné sa femme et son fils en 2007. Dans les analyses toxicologiques pratiquées après le drame, les experts ont découvert que l’ancienne vedette de la WWE avait consommé des stéroïdes ainsi que d’autres drogues avant de passer aux actes. Il avait 10 fois le niveau normal de testostérone dans le sang. Benoit avait aussi des dommages au cerveau, probablement causés par les nombreux coups à la tête qu’il avait reçus durant sa carrière.

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