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Harvey a une confiance inébranlable en Kershaw

Marc Tougas - La Presse Canadienne

KRASNAÏA POLIANA, Russie – Un épais brouillard rendait la visibilité nulle sur le parcours de ski de fond du Centre Laura, lundi, alors que les gradins restaient invisibles même si on se trouvait à quelques dizaines de mètres. Mais ça n’a pas empêché Alex Harvey d’avoir les idées claires.

Aux yeux de la tête d’affiche de l’équipe canadienne de ski de fond, Devon Kershaw est sans équivoque le partenaire idéal en vue du sprint par équipes qui sera disputé mercredi aux Jeux de Sotchi. Et ce, même si l’Ontarien de 31 ans a eu quelques inquiétudes sur le plan de la santé ces derniers jours, et même s’il en a arraché ces deux dernières saisons en Coupe du monde.

«L’an passé, sa seule bonne course a été le sprint par équipes. Le sprint par équipes, c’est vraiment quelque chose de différent, a souligné Harvey après un entraînement d’environ une heure. Les Norvégiens appellent ça le championnat du monde des intervalles. Et Devon, c’est le meilleur au monde dans les intervalles.

«Les intervalles, c’est un aspect spécifique de la physiologie et (Kershaw) est vraiment bon là-dedans, a ajouté le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges. Dans un 15 km, il y a d’autres éléments qui comptent. Mais au sprint par équipes, c’est vraiment quatre minutes où tu skies à fond, puis quatre minutes à attendre debout pour récupérer.

«D’ailleurs, la veille des courses, on fait des intervalles et Devon est toujours devant moi, a ajouté Harvey. Dans une épreuve aussi courte mais intense, si tu es le moindrement entêté, ça peut te permettre de rester avec le groupe.»

Des fondeurs canadiens ont attrapé le rhume au début des Jeux et Kershaw a craint en avoir été atteint à son tour, ces derniers jours. Harvey est toutefois convaincu que son partenaire habituel, celui avec qui il a remporté le championnat du monde au sprint par équipes en 2011, sera au rendez-vous.

«Il a skié (lundi) matin et il disait qu’il était correct, a fait savoir Harvey. Le matin avant le 15 km (vendredi), il a dit qu’il avait mal à la gorge, mais on a fait des analyses de la salive et on n’a vu aucune infection, ni d’inflammation dans les glandes. Devon, parfois, c’est dans sa tête!»

Harvey, Kershaw et Ivan Babikov, qui ont tous frôlé le podium aux Jeux de Vancouver en 2010, ont vu leurs efforts être minés par des problèmes de ski et de fartage pendant la première semaine des JO de Sotchi. Selon l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne, Justin Wadsworth, les techniciens ont fini par résoudre l’énigme au cours des dernières heures.

«Nous sommes en bien meilleure position que nous étions au début des Jeux, a affirmé Wadsworth, lundi. Le problème était l’épaisseur de la cire et les skis qui ont été utilisés avec cette cire. Normalement, c’est une bonne combinaison mais, pour une raison quelconque, ça ne fonctionnait pas ici. Nous avons donc testé tous les scénarios possibles, puis éliminé certains d’entre eux un à un, jusqu’à ce qu’on en arrive à une solution.»

Et ç’a permis au relais canadien, dimanche, d’être une des équipes dotées des meilleurs skis, selon Wadsworth.

«Tout le monde a travaillé très fort, et très fort ensemble, pour trouver une solution», a souligné l’entraîneur.

De son côté, Harvey a dit avoir toujours confiance en l’équipe de fartage.

«Nous avons eu des journées cette saison où nous avions les meilleurs skis, a-t-il noté. Les Norvégiens ont la plus grosses équipe de farteurs, ce sont les meilleurs et les mieux payés, et chez les filles ils se sont plantés deux jours de suite.

«Ça fait partie du jeu. Les skis font vraiment une grande différence, a insisté Harvey. C’est juste que c’est vraiment poche quand ça arrive aux Jeux olympiques.»

Puisque le mercure dépasse les 10 degrés depuis quelques jours en montagne, la neige ne cesse de se dégrader. Cela pourrait avantager le Canada, selon Wadsworth.

«Au rythme où ça va, ça va se transformer en conditions où nous sommes souvent rapides, a-t-il affirmé. Plus la neige est sale et mouillée, mieux c’est pour nous. À Oberhoff, au prologue du Tour de ski, Alex et Devon avaient pris les deux premières places et les conditions étaient comme aujourd’hui — du brouillard, de la neige sale et trempée. Nous connaissons de bonnes combinaisons (de fartage et de skis) dans ce contexte-là.»

Débranché des réseaux sociaux depuis qu’il est en Russie, Harvey n’était pas au courant des reproches qu’on lui faisait au Québec parce qu’il a abandonné aux deux tiers de l’épreuve de 15 km, vendredi, en raison de skis qui le ralentissaient trop. En guise de réponse, Harvey a simplement répété que s’il s’était entêté, il aurait hypothéqué les chances du Canada de décrocher une médaille lors du sprint par équipes. Il s’agit là de la meilleure chance de médaille de l’équipe canadienne masculine, bien plus que le 15 km.

«Si j’avais fini le 15 km, je n’aurais pas réussi à récupérer assez vite pour pouvoir m’entraîner en intensité comme je l’ai fait (lundi). Mais là, j’ai pu faire une séance d’intervalles assez dure», a-t-il dit, laissant entendre qu’il a ainsi pu mieux se préparer.

«À la Coupe du monde, finir 10e donne des points au classement. Mais aux Jeux olympiques, finir quatrième, 40e ou 100e, il y a zéro différence. À moins d’avoir 19 ans et d’en être à ses premiers Jeux», a déclaré le Québécois de 25 ans.

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