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LNH aux Jeux: on veut s'entendre rapidement

Frédéric Daigle - La Presse Canadienne

SOTCHI, Russie – Plusieurs s’attendaient à l’annonce d’une entente entre la Ligue nationale de hockey et la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) au sujet de la présence des joueurs de la LNH aux prochains Jeux d’hiver de Pyeongchang. Mais il n’en est rien.

René Fasel, président de l’IIHF, Gary Bettman, commissaire de la LNH, et Donald Fehr, directeur exécutif de l’Association des joueurs de la LNH (AJLNH) ont plutôt vanté les conditions exceptionnelles dont profitent les joueurs aux Jeux de Sotchi. Mais ils ont tous admis qu’ils souhaitent voir ce dossier se régler rapidement.

«Nous n’avons rien à annoncer, nous n’avons même pas encore amorcé les discussions, pas ici, a tenté de faire croire le commissaire. Nous ne faisons qu’apprécier cette compétition.»

«C’est un processus auquel nous nous soumettrons après les Jeux, a ajouté Fehr. Mais je peux vous dire que jusqu’ici, je n’ai reçu aucune plainte de la part de mes membres.»

«Et il ne faut pas oublier que rien ne pourra aller de l’avant si les joueurs ne veulent pas jouer aux Jeux», a renchéri Bettman.

«Vous savez, je l’ai dit avant, une médaille d’or olympique, rien n’égale cela. Oui, on pourrait faire une Coupe du monde, en août ou en septembre, voire même en février en interrompant la saison. Mais une Coupe du monde n’a pas la même valeur qu’une médaille olympique. C’est comme ça», a lancé Fasel.

«Mis à part gagner une coupe Stanley», l’a interrompu Bettman.

Fasel veut bien admettre que ce soit enivrant, mais jamais autant qu’une médaille d’or.

«Regardez bien les yeux des athlètes qui remporteront l’or dimanche», a-t-il martelé.

«J’aimerais bien que ce soit décidé assez rapidement, a tout de même précisé Fasel. Ça va nous donner le temps de préparer le terrain à Pyeongchang: c’est différent si la LNH y est ou pas, du point de vue logistique du moins. Et surtout pour le Canada et les États-Unis, afin qu’ils puissent préparer l’équipe. C’est différent pour ces fédérations si les pros ne viennent pas. Je vais pousser pour que ça se règle le plus vite possible. La décision est dans le camp des joueurs.»

S’il n’en tenait qu’à eux, ce serait déjà réglé.

«Absolument que je veux revenir aux Jeux olympiques, a dit Jonathan Toews lorsque rencontré mardi après-midi. Regardez le match entre les États-Unis et la Russie: pour certains, ce match était plus important que le match de la médaille d’or. Je pense que ce genre de rencontre, c’est plus grand que le hockey. Il y a plein de gens à travers le monde qui ne sont pas nécessairement de gros fans de hockey qui ont regardé ce match.

«Ces gens vont porter attention au hockey et ça aide notre sport. Je pense que c’est important d’avoir les meilleurs joueurs pour représenter leur pays.»

C’est ce qui encourage Fasel.

«Je suis tellement content. Ça se passe tellement bien ici. Ils ont des conditions exceptionnelles, les joueurs l’ont dit eux-mêmes. Leurs bagages étaient au village avant eux, vous vous rendez compte? À Turin, c’était un cauchemar, vraiment un cauchemar.»

On sent que le courant passe bien entre les trois hommes. Décontractés, souriants, personne ne tourne le dos à celui qui est en train de donner sa version des faits ou de répondre à une question des journalistes. Tous se sentent suffisamment à l’aise pour intervenir dans la réponse de l’autre et le ton est léger. On se taquine; on rigole.

Ce qui laisse croire qu’il n’y a peut-être pas trop d’obstacles à la présence des joueurs de la LNH en Corée du Sud. Pourtant, plusieurs propriétaires d’équipes de la LNH ont déclaré au cours des dernières semaines qu’ils n’étaient pas heureux de voir leurs joueurs en Russie.

«C’est normal. Nous avons les mêmes discussions en Europe pour le football, note Fasel. Il y a des problèmes d’assurances, ils n’aiment pas quand leurs joueurs se blessent: au final, ce sont eux qui paient les salaires. Cette réaction est tout à fait normale mais, à la fin, ce sont les joueurs qui vont décider.»

Même au chapitre du décalage — Pyeongchang a 14 heures d’avance sur les grands marchés de la côte Est américaine —, la LNH ne semble pas y voir un inconvénient.

«Parfois, pour les réseaux de télévision, un décalage de 12 heures est plus facile qu’un décalage de neuf heures (comme à Sotchi), a indiqué Bettman. C’est un facteur, mais ce n’est qu’un des nombreux facteurs qui devront être pris en compte.»

«La télé américaine paie près de 80 pour cent des revenus de marketing, a avancé Fasel plus tard. Les Américains adorent le hockey olympique et je ne vois pas un joueur américain ne pas vouloir venir aux Jeux.»

Et il insiste: si les discussions achoppent, ce ne sera pas en raison de la gourmandise de la LNH.

«Il n’a jamais été question, entre Gary et moi, de donner une quelconque compensation financière à la LNH. Jamais. On ne pourrait pas le faire. Si on le fait, ça ouvre la porte à tous les excès. On paie les coûts, c’est tout.

«Il faut payer les transports, les assurances et c’est logique: vous ne pouvez pas demander à des joueurs qui viennent de jouer leur dernier match un samedi soir de monter dans un avion le dimanche pour une dizaine d’heures en classe régulière. Il faut quand même un certain confort pour les amener ici. On a quatre avions qui les ont transportés jusqu’à Sotchi et qui les ramèneront en Amérique ensuite.»

En décembre dernier, lors de son passage au Centre Bell, Fasel avait louangé l’entente de dix ans entre la LNH et ses joueurs, exprimant même le souhait que la LNH et l’IIHF s’entendent à long terme pour la présence des joueurs aux Jeux. Il semble qu’il soit maintenant prêt à renégocier à chaque olympiade.

«J’adore négocier avec ces gens, dit-il avec un large sourire. Ce serait ennuyeux de s’entendre à long terme: c’est si agréable de se retrouver à New York pour argumenter avec Gary!»

Aux yeux de tous ces gens, par ailleurs, l’avènement d’une Coupe du monde régulière n’empêcherait pas la présence des joueurs aux Jeux. Un peu tout le monde croit que les deux événements pourraient bien coexister.

«Certainement, dit Fehr. Pourquoi pas? Vous pourriez avoir, je ne sais trop, une Coupe du monde à l’an 1 et les Jeux à l’an 3 d’un cycle de quatre ans par exemple. On pourrait facilement faire ça.»

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