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JO 1984: Bernier se rappelle le moment magique

MONTRÉAL – Le 6 août 1984, Sylvie Bernier écrivait une page de l’histoire de l’olympisme canadien. Aux Jeux de Los Angeles, elle remportait la médaille d’or au tremplin de trois mètres.

Trente ans plus tard, celle qui demeure à ce jour la seule championne olympique canadienne en plongeon garde un souvenir vivant de ce moment magique et elle réalise mieux l’impact que son succès a eu sur le développement de son sport au pays.

«Tous les olympiens rêvent d’un moment comme ça. Mais avec le recul, je réalise la fragilité de ce succès, confie-t-elle en entrevue à La Presse Canadienne. Non pas qu’il s’agit d’un coup de chance. Je n’ai jamais cru aux succès instantanés. Mais il faut que tous les éléments soient bien alignés pour gagner une médaille olympique.

«La même compétition aurait pu avoir lieu le lendemain et j’aurais pu finir deuxième ou troisième. Il faut se souvenir que j’ai terminé la compétition avec trois points de plus que l’Américaine Kelly McCormick. L’écart était minime. Des détails ont fait la différence.»

Si Bernier a montré la voie à toute une génération de plongeurs québécois — les Annie Pelletier, Emilie Heymans, Alexandre Despatie et compagnie —, elle a elle-même puisé son inspiration auprès d’un autre athlète d’exception. Six mois avant sa consécration à Los Angeles, le patineur de vitesse Gaétan Boucher a remporté deux médailles d’or aux Jeux de Sarajevo.

«J’étais assise chez moi entre deux entraînements au Centre Claude-Robillard et j’ai assisté à la télévision à l’une des victoires de Gaétan, se rappelle Bernier, originaire de Sainte-Foy. Je me souviens d’avoir pleuré. Il nous a ouvert la porte. Ce jour-là, je me suis dit: ‘c’est possible pour moi aussi’.»

Au retour de Boucher au pays, Bernier a contacté son agent, Pierre Lacroix, afin d’obtenir une rencontre avec le champion.

«À six mois de mes jeux, je voulais juste lui parler. Il a été tellement sympathique. Nous sommes allés au restaurant et — il faut savoir que nous étions dans l’engouement de son succès —, les bouteilles de champagne arrivaient sur notre table.

«Il s’est révélé une inspiration pour moi. Son exemple m’a montré qu’il faut croire que c’est possible. Ce fut l’étape la plus importante pour moi. Car aux Jeux olympiques, toutes les finalistes peuvent légitimement aspirer à la victoire. Mais on doit y croire.»

En 2004, pour commémorer les 20 ans de leurs succès respectifs, Bernier a marqué l’événement.

«Comme nous étions proches voisins à Rosemère, je lui ai apporté une bouteille de champagne chez lui pour souligner l’événement.»

Modeste, elle réalise aujourd’hui qu’elle aussi a servi d’inspiration à une génération d’athlètes, en plus de contribuer à l’essor du plongeon.

«C’est tellement un beau privilège de servir de modèle aux jeunes. Mais ça vient avec des responsabilités. Je ne cesse de le répéter aux athlètes la chance qu’ils ont d’être des modèles.»

Aucun regret

Immédiatement après les Jeux de Los Angeles, Bernier a annoncé sa retraite et elle ne garde aucun regret de sa décision.

«Émotivement, c’est vrai que ce ne fut pas une décision facile. Mais je n’ai aucun doute que c’était la décision à prendre. Je venais de connaître la compétition de ma vie. Objectivement, je n’aurais pas pu faire mieux.

«Pour continuer, il aurait fallu que j’améliore ma liste de plongeons et cela exige un travail de trois ou quatre ans. Je savais très bien que les Chinoises — qui ont remporté toutes les médailles d’or au tremplin de 3m depuis les Jeux de Séoul en 1988 — deviendraient la puissance pour les décennies à venir.

«De plus, je voulais retourner aux études, ce qui a toujours été une priorité pour moi. Et il est très difficile de poursuivre des études universitaires tout en continuant la compétition de haut niveau.»

Diplômée en administration des affaires et en gestion internationale de la santé, elle est très engagée dans la promotion des saines habitudes de vie auprès des jeunes, une mission qu’elle apprécie.

Mercredi, elle n’a rien prévu de spécial pour les 30 ans de sa médaille d’or, sinon d’appeler son entraîneur de l’époque Donald Dion et de se retrouver avec ses proches pour une petite célébration intime.

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