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Les derniers artisans de la pelote basque en France

Photo: AFP PHOTO / GAIZKA IROZ

Réalisées à la main et souvent sur commande tel un produit de luxe, la chistera (panier en osier) et la pelote (balle), instruments-clé de la pelote basque, ne sont plus fabriquées en France que par deux entreprises artisanales détentrices d’un savoir-faire ancestral.

Les 17es championnats du monde de pelote du 11 au 21 septembre au Mexique, sont au coeur des conversations dans l’atelier-musée du dernier fabricant français de chistera, à Anglet (sud-ouest).

La pelote basque se pratique essentiellement dans le sud-ouest de la France et en Espagne, et dans des pays ayant connu une forte immigration basque, comme les Etats-Unis et l’Amérique latine.

Ancien joueur professionnel de chistera, Pierre Gonzalez, 43 ans, et son père, Jean-Louis, 74 ans, taillent, façonnent et tressent à la main les chisteras de châtaignier et d’osier.

Leur fabrique, Onena (« le meilleur », en langue basque), fondée en 1887 à Bayonne par Eustache, grand-père de Jean-Louis, est la seule en France à perpétuer cette tradition ancestrale.

« Initialement, ce panier d’osier servait à la cueillette des raisins, explique Pierre. En 1857, Jean Dithurbide le substitua aux lourds gants de cuir utilisés dans les jeux de pelote et l’attacha à sa main. « Chistera » veut dire +lancer+. Cette sorte de gant permet de lancer plus loin la balle en fatiguant moins le bras.

Dans ce sport issu du jeu de paume, comme le tennis, les joueurs doivent renvoyer la pelote, à la volée ou après le premier rebond au sol, en la relançant contre un mur, dit fronton.

Une des principales qualités de la chistera est sa force de frappe, avec des balles envoyées à plus de 300 km/h. « +Chiquito de Cambo+, grand joueur de pelote (1881-1950), s’en serait servi pour lancer des grenades contre les Allemands sous l’Occupation », s’amuse Jean-Louis.

Chez Gonzalez, les chisteras sont fabriquées entièrement à la main et réalisées sur commande. Le prix varie entre 250 euros pour un joko garbi (petit chistera) à 340 euros pour la cesta-punta (grand chistera).

Le père et le fils en fabriquent 120 par an, chaque chistera demandant de 20 à 25 heures de travail, et en réparent entre 1500 à 2000 par an. Leur clientèle est constituée à 95% de clubs de pelote.

– Les pelotes de ‘Punpa’ –

« Nous faisons trois métiers en un, menuisier, vannier et sellier. Le bois de châtaigner utilisé pour la chistera doit être coupé à lune descendante où il est le plus souple », prévient Jean-Louis.

A partir du châtaigner, un squelette est façonné en forme de gouttière, puis l’osier est tressé autour du squelette et enfin un gant en peau de vachette fait sur mesure pour le joueur est attaché à la chistera.

Bruno Driollet, qui participe aux Mondiaux du Mexique, est un habitué d’Onena: « Pierre et son père font partie de notre famille. Les joueurs y viennent pour faire réparer leurs chisteras, mais surtout parce qu’ils sont à notre écoute ».

Depuis quelques années, des chisteras en plastique fleurissent dans les magasins de sport à destination des enfants: « Cela nous profite, positive Jean-Louis, car les enfants demandent très vite à jouer avec une vraie chistera ».

A quelques kilomètres d’Anglet, à Ascain, Ander Ugarte, 49 ans, dans son atelier Punpa (nom qui évoque le bruit que fait la pelote au rebond), est l’unique fabricant de pelote en France, fournisseur officiel des professionnels de pelote en France et en Espagne.

La fabrication ne se fait plus entièrement à la main. A la machine, un noyau de buis est entouré de latex, puis recouvert de laine et ensuite de coton. Au final, deux couches de cuir de chèvre sont cousues à la main.

Ancien joueur de pelote, Ander Ugarte, à l’inverse de la famille Gonzalez, reste secret sur certains aspects de la confection et se refuse à dire combien de pelotes il commercialise.

« Il arrive à fabriquer des pelotes d’une précision exceptionnelle, grâce à un secret de fabrication », confie Patrick de Ezkurra, ancien champion de France de pelote à main nue (1994-2011).

Un secret bien gardé qui remonte au début du XXe siècle et qu’il tient de la famille Mendiague chez laquelle il a travaillé à Saint-Jean-de-Luz, au Pays basque.

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