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L'autonomie est primordiale, selon Bernier

MONTRÉAL – Si les dirigeants de la Major League Soccer croient être en mesure d’en venir à une entente avec l’Association des joueurs sans inclure un certain degré d’autonomie dans la prochaine convention collective, ils ont tout faux.

C’est ce qu’a expliqué Patrice Bernier, l’un des trois représentants syndicaux de l’Impact de Montréal, en entrevue avec La Presse Canadienne cette semaine. Les joueurs sont même prêts à sacrifier une partie du calendrier régulier s’il le faut.

«Plusieurs joueurs l’ont déjà dit: nous nous battons pour obtenir cette liberté et nous sommes prêts à ne pas jouer pour l’avoir», a expliqué Bernier depuis le Mexique, où l’équipe poursuit sa préparation en vue du match aller des quarts de finale de la Ligue des Champions de la CONCACAF contre Pachuca.

Ces quarts de finale ne seront pas perturés car les deux matchs seront disputés avant le début du calendrier dans la MLS, prévu pour le 6 mars.

Le syndicat déplore que les joueurs de la MLS «appartiennent» toujours au dernier club avec lequel ils ont évolué, un peu comme ça se passait dans le Baseball majeur jusqu’au tournant des années 1970.

«Les joueurs cherchent à obtenir une liberté de choix une fois leur contrat terminé, que ce soit pour des raisons économiques ou par choix personnel, a ajouté Bernier. Le problème présentement, c’est qu’une fois leur contrat terminé, ils ne sont pas libres.

«Tu n’es même pas libre si tu es libéré par une équipe, car tu dois passer par l’un des nombreux repêchages, dont le repêchage de ‘réentrée’, qui comporte deux rondes. Si tu es repêché dans la première, le salaire promi est garanti, mais pas si tu l’es dans la deuxième. Ce n’est pas un choix ça: c’est une loterie basée sur le classement des équipes. Jamais dans ce processus-là, tu es libre de négocier.

«Ta seule liberté, c’est à la fin de ton contrat. Mais à ce moment, tu n’es libre que d’aller ailleurs dans la MLS. Nous vuolons donc permettre aux joueurs qui ont rempli leurs obligations contractuelles d’être libres d’aller où bon leur semble.»

Du côté de la MLS, on estime que la meilleure façon de protéger son produit vis-à-vis du football international est que la ligue ne parle que d’une voix.

«C’est le fondement même de la ligue, ne cesse de répéter depuis plusieurs semaines le commissaire adjoint, Mark Abbott. C’est plus efficace si la ligue prend seule les décisions dans ce type de marché que si nos clubs se retrouvent en compétition entre eux, mais aussi face au reste du monde.

«Notre structure a été la pierre d’assise de la croissance dont nous avons été témoins jusqu’ici et de celle que nous anticipons pour l’avenir.»

L’Association des joueurs est consciente que tous ne pourront pas profiter de l’autonomie à l’issue de leur premier contrat dans le circuit.

«Nous sommes ouverts à négocier un système qui protégera l’investissement en argent ou en temps des équipes, que ce soit une autonomie avec restrictions, un âge ou un nombre d’années de service minimum pour l’atteindre, un peu comme on le voit dans d’autres ligues professionnelles», précise Bernier.

Augmentation du salaire minimum

L’un des autres enjeux importants de cette négociation est la hausse du salaire minimum et, de façon plus générale, de la part du gâteau remise aux joueurs. Sans parler de partage des revenus, les joueurs estiment que la ligue se porte mieux et ils veulent profiter de la manne.

«Le salaire minimum est très bas présentement, autour de 40 000 $ US (ndlr: Abbott parle davantage de 50 000 $). Dans certaines villes, tu ne peux pas vivre avec ça, explique le capitaine de l’Impact. Par rapport au salaire moyen, l’écart est beaucoup trop important. On veut le ramener à un niveau acceptable et qu’il progresse au même rythme que les salaires octroyés par la ligue.

«Les équipes offrent plus de contrats importants et font signer davantage de joueurs désignés. Alors nous voulons que le salaire minimum soit représentatif de la santé financière de la ligue.»

Sur ce point aussi, Abbott est en désaccord.

«La MLS et ses clubs perdent plus de 100 millions $ par an, a-t-il expliqué. Nous ne sommes donc pas en position de négocier un partage des revenus avec les joueurs, mais plutôt de discuter du niveau approprié d’investissements et de l’endroit où ces investissements devraient être faits.

«La structure et le système que nous avons en place sont ce qui a permis à la ligue de croître de 10 à 15, puis à 20 équipes et d’augmenter de façon significative la compensation versée aux joueurs à chaque année et ce ne sera pas différent en 2015, ni dans les années subséquentes.»

«C’est certain qu’une partie des revenus de la ligue servent à maintenir en vie des clubs qui attirent moins, argue Bernier. Mais la ligue ne peut pas dire qu’elle ne génère pas d’argent. Les droits télé sont plus avantageux, s’étalent sur une plus longue période et les droits de concession ont plus que doublé depuis l’arrivée de l’Impact dans le circuit.

«La ligue peut prétendre qu’il y a des déficits en raison des investissements que les clubs font pour améliorer leurs infrastructures, ça c’est vrai. Mais tout ça va être payé à un moment donné et la ligue fera de grands profits. Il y a beaucoup plus d’argent qui entre qu’il y a cinq ans. Alors pourquoi les joueurs ne pourraient pas avoir un pourcentage plus élevé de rémunération et une plus grande sécurité contractuelle?»

Bernier affirme que les deux parties se parlent à toutes les semaines. Mais elles sont si éloignées qu’elles ont senti le besoin de demander l’aide d’un négociateur, jeudi, comme la ligue l’avait fait en 2010.

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