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La rédemption d’Eugenie Bouchard

Canada's Eugenie Bouchard returns the ball to Alison Riske of the US during day four of the women's International tennis at Devonshire Park, Eastbourne, England, Tuesday June 23, 2015. (Gareth Fuller/PA via AP) UNITED KINGDOM OUT NO SALES NO ARCHIVE Photo: The Associated Press
Richard Peckett - Metro World News

Une série de défaites et une explosion de contrats publicitaires ont fait que les prouesses sportives ont cessé d’être le grand sujet des conversations portant sur Eugenie Bouchard. La coqueluche canadienne espère toutefois que son retour à Wimbledon – le tournoi majeur commence aujourd’hui au All England Club – lui permettra de renverser la tendance.

Sur le terrain, Eugenie Bouchard souffre d’une série d’insuccès – elle a perdu 10 de ses 12 derniers matchs et n’a décroché que 8 victoires en 2015. À sa dernière sortie, elle a dû déclarer forfait dans un match de troisième tour au tournoi d’Eastbourne après avoir subi une blessure aux muscles abdominaux.

Un incident en avril, quand Bouchard a refusé de serrer la main de la Roumaine Alexandra Dulgheru, semblait indiquer un manque flagrant de maturité. L’ascension de l’athlète de 21 ans avait peut-être été trop rapide.

Certains de ses critiques ont été renforcés dans leurs convictions quand les doutes ont commencé à s’installer et qu’on s’est demandé si la 12e joueuse au monde était vraiment l’héritière de Maria Sharapova. Les deux joueuses ont plusieurs points en commun. Leur compétitivité, leur jeu agressif et leur look facile à commercialiser rendent les comparaisons d’autant plus faciles.

Quand elle était junior, Bouchard tentait d’imiter Sharapova – un objectif qui a maintenant été abandonné a indiqué la Montréalaise en entrevue à Métro dans le cadre d’une soirée de la WTA avant Wimbledon, à Londres. «Je ne veux plus être comme elle, c’est sûr, lance-t-elle. Je ne veux pas regarder de l’autre côté du terrain et voir un visage amical. Je ne veux pas être amie avec la compétition et que cela influence mes performances.»

Ce comportement, qui peut sembler un peu froid, explique le fait qu’elle ait coupé les ponts avec son amie proche, la joueuse de tennis britannique Laura Robson. «J’ai mes amis à l’extérieur du tennis», tranche la Québécoise. Bref, elle ne mélange pas plaisir et travail.

Bouchard, cependant, a trouvé une nouvelle clique avec qui s’acoquiner, des grandes marques comme Nike, Babolat et Coca-Cola. L’an dernier, elle a signé une entente avec IMG-WME, une boîte de promotion et de marketing qui représente aussi Sharapova et la numéro un mondiale, Serena Williams. Sa «valeur marchande» a encore été confirmée quand le magazine SportsPro l’a nommée Athlète la plus commercialisable, devant le joueur de Barcelone Neymar et le golfeur Jordan Spieth. «C’est un honneur d’avoir ce titre. Espérons que ce soit vrai et que je puisse empocher le magot», dit-elle, sourire en coin.

«Quand je publie une photo sur Instagram, cela ne veut pas dire que je ne me suis pas entraînée pendant six heures durant la journée.» – Eugenie Bouchard, au sujet de ses critiques qui disent qu’elle ne passe pas assez de temps à l’entraînement

Il est facile de comprendre pourquoi Bouchard, avec sa robe blanche ajustée Ralph Lauren et ses boucles blondes, est l’enfant chérie de son équipe de promotion et du monde des magazines. Même si ses détracteurs croient qu’elle ressemble davantage à Anna Kournikova, qui a préféré signer de gros contrats publicitaires plutôt que de grimper au classement de la WTA, la Québécoise insiste sur le fait que «sa priorité est le tennis».

Bouchard a peut-être été distraite par les paillettes et les projecteurs de la célébrité, mais elle demeure optimiste: «Si tu connais du succès sur le terrain, tu auras des occasions en dehors du terrain. C’est important de ne pas se perdre là-dedans et de demeurer concentrer sur le tennis. Si tu réussis, de bonnes choses en dehors du terrain vont simplement se produire.» Ces mots laissent croire que Bouchard a grandi dans l’adversité et non qu’elle se croit tout permis.

D’ailleurs, la Montréalaise dément avec véhémence qu’elle ne passe pas assez de temps à l’entraînement: «Quand je publie une photo sur Instagram, cela ne veut pas dire que je ne me suis pas entraînée pendant six heures durant la journée. Avoir des gens qui désapprouvent ce que tu fais prouve que tu fais quelque chose. J’essaie de voir cela en me disant qu’au moins, je fais quelque chose avec ma vie.»

L’aspect de sa carrière qui mérite le plus d’être scruté à la loupe est sa décision de laisser tomber Nick Saviano, l’entraîneur responsable de son ascension, qu’elle considère comme un «deuxième père». «Je le connaissais depuis 12 ans. Il est très intelligent et gentil. Mon nouvel entraîneur, Sam Sumyk, est très strict. Il est direct et certainement une personne plus difficile, donc j’ai dû m’endurcir.»

Est-ce que ce genre de relation lui convient? «J’aime. Cela te fait bouger et te garde en éveil», insiste-t-elle en claquant des doigts. Ses résultats avec l’ancien entraîneur de l’ex-numéro un Victoria Azarenka suggèrent le contraire, mais Bouchard explique qu’un ou deux mois leur ont été nécessaires pour bien communiquer: «Sa vision et son plan pour mon jeu sont différents. Tout est très personnel pour une joueuse de tennis, en particulier quand tu as quelqu’un qui est à l’opposé de la personne qui était là avant. C’est un très gros changement.»

Un retour au All England Club pourrait être ce dont Bouchard a besoin pour sortir de sa léthargie. «J’ai tellement de bons souvenirs ici, raconte-t-elle. Quand je pense au tennis, je pense à Wimbledon… aux terrains de gazon, aux habits blancs, aux traditions et à l’Histoire.» La nostalgie ne sera peut-être pas suffisante, mais le rêve de la Québécoise est toujours de «devenir numéro un mondiale et de gagner un tournoi du Grand Chelem – et Wimbledon est celui que je choisirais».

À Wimbledon
Eugenie Bouchard prend part au tournoi de Wimbledon pour la troisième fois depuis qu’elle est passée chez les professionnelles.

Elle s’est inclinée en finale l’an dernier face à Petra Kvitova. En 2013, elle avait atteint la troisième ronde. Elle a remporté le tournoi, en 2012, quand elle était chez les juniors.

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