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Que s'est-il passé dans le clan Lemieux?

MONTRÉAL – Que s’est-il passé dans les jours précédents la pesée de vendredi pour que David Lemieux rate par plus de deux livres le poids limite de 163 livres pour son combat contre James De La Rosa? La Presse Canadienne a tenté de trouver quelques éléments de réponse.

Le premier constat, c’est que Lemieux semble avoir bien mal réagi à la méthode que préconise le préparateur physique Jean-François Gaudreau, qui travaillait avec Lemieux pour la première fois.

«Sa méthode, basée sur une perte de poids sur 48 heures, selon ce que les gens d’Eye of the Tiger Management ont expliqué vendredi, m’apparaît drastique, a d’abord indiqué Raphaèle Ferland-Verry, nutritionniste et qui travaille elle-même avec des athlètes, dont des boxeurs.

«Mais ce qu’il faut surtout se demander: était-ce la bonne méthode pour David Lemieux? Est-ce qu’on aurait pu tester ça avant sur son corps? (…) Faut que ce soit un signal d’alarme pour lui.»

«Je ne connais pas Jean-François Gaudreau, mais je l’ai déjà entendu parler, a pour sa part indiqué l’entraîneur Stéphan Larouche, dont la réputation n’est plus à faire. Il semble travailler avec plusieurs athlètes, notamment ceux du I’UFC, où ce n’est pas rare de voir un athlète perdre 15 à 20 livres en deux jours. Les gars en parlent à la pesée: ils se taquinent à savoir qui a passé plus de temps dans le sauna.

«Moi, ce qui m’échappe, c’est pourquoi on n’a pas fait de test avant afin de voir si cette technique conviendrait bien à David Lemieux. J’avais Adrian Diaconu qui après un entraînement avait perdu deux livres. Pour le même entraînement, Lucian Bute en perdait huit. Les gens ne répondent pas tous de la même façon aux mêmes exercices et protocoles.»

Gaudreau, qui ne prétend aucunement être nutritionniste, travaille avec plusieurs autres athlètes de combat, notamment les boxeurs Dierry Jean (aussi de l’écurie EOTTM) et Kevin Bizier, qui partage le même entraîneur que Lemieux, soit Marc Ramsay.

«Une méthode qui fonctionne pour un ne fonctionne pas nécessairement pour tout le monde, argue Mme Ferland-Verry. Et une méthode qui fonctionne pour la perte de poids n’est pas nécessairement saine. J’entendais Camille Estephan (président d’EOTTM) parler de la méthode utilisée auparavant par Lemieux, qui ne mangeait qu’un oeuf et qu’une pomme par jour (pendant sa déshydratation). Ça ne fait aucun sens à mes yeux. Les boxeurs avec qui je travaille (elle préfère ne pas les identifier afin d’assurer la confidentialité de ses clients) mangent un steak la veille de la pesée et de trois à quatre repas par jour pendant la déshydratation.

«Pendant une déshydratation sur plusieurs semaines, la veille ou le matin de la pesée, on devrait être au poids prescrit sans avoir à faire du vélo stationnaire dans un sauna vêtu d’un sac-poubelle, image-t-elle. Si un athlète est complètement à plat, ce n’est peut-être pas la bonne méthode. De mon côté, à une semaine de la pesée, mes boxeurs n’ont que quatre ou cinq livres à perdre.»

Mais attention! Jean-François Gaudreau n’est pas l’unique responsable de ce qui s’est produit vendredi. Bernard Hopkins a d’ailleurs décoché une flèche à l’endroit de Lemieux en disant que «jamais, jamais, jamais» au cours de sa carrière, il avait raté une pesée.

«C’est difficile à dire, nous ne sommes pas dans ses bottines! Mais faire le poids, on a fait ça toute notre carrière, note l’ex-champion du monde Éric Lucas. Et personne ne connaît mieux son corps que David Lemieux.

«Comme athlète, on se pèse quatre, cinq, six fois par jour. On devient fou avec ça! Perdre du poids, ce n’est pas sorcier. C’est propre à chaque personne par contre. Chaque personne a ses réalités. Le nutritionniste a sa part de blâmes, mais c’est l’athlète qui est en grande partie responsable. En plus, il avait une marge de manoeuvre à 163 livres pour ce combat. C’est difficile de comprendre.»

«Moi, tous les boxeurs avec qui je travaille ont un protocole de déshydratation et d’hydratation, mis en place par la nutritionniste Mélanie Olivier, qui travaillait avec tous les boxeurs d’InterBox à l’époque, ajoute Larouche, qui était dans le coin de Lucas tout au long de sa carrière. Mais c’est aussi à l’athlète de prendre ses responsabilités. C’est leur corps qui leur permet de gagner leur vie. Ça ne durera pas longtemps en plus. Alors pour le peu d’années que tu as à le faire, il faut que tu sois prêt à faire les sacrifices qui s’imposent.»

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