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Namur-Hippodrome: la place de la voiture au cœur du débat

Namur hippodrome
Le site de l'ancien hippodrome est situé à la croisée des autoroutes Métropolitaine et Décarie. Un autre projet immobilier majeur, le Royalmount, est aussi prévu à proximité. Photo: Courtoisie, Ville de Montréal

Les opinions divergent quant à la place que la voiture devrait prendre dans le secteur autour de l’ancien hippodrome Blue Bonnets. Certains experts réclament des «mesures coercitives» alors que d’autres rappellent que la voiture est encore le moyen de transport privilégié par de nombreuses familles.

Plus de 200 personnes ont pris part jeudi après-midi au forum citoyen d’une journée organisé par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). L’organe municipal a été mandaté par la Ville afin d’étudier le réaménagement de ce secteur de 75 hectares, baptisé Namur-Hippodrome, où l’on retrouve entre autres l’ancien hippodrome Blue Bonnets et le controversé projet Royalmount.

Un des enjeux importants lié au développement de ce futur quartier, qui suscite des attentes élevées, est son enclavement. Situé près de l’intersection des autoroutes 40 et Décarie ainsi que de voies ferrées, le secteur vit déjà d’importants problèmes de congestion routière.

«L’enlèvement de l’auto, c’est un élément fondamental dans la création d’un écoquartier. Pour ça, il faut avoir de bonnes alternatives en transport en commun, comme le tramway», a proposé jeudi le chargé de cours au Département d’études urbaines de l’Université du Québec à Montréal, Jean-François Lefebvre.  

Gérard Beaudet, professeur à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, estime que la solution réside plutôt dans des «mesures coercitives» à l’égard des automobilistes.

«La solution, c’est de trouver une manière de forcer le transfert modal vers le transport collectif», a souligné M. Beaudet. Selon lui, la Ville aura aussi la tâche de créer «un environnement» qui incitera les Montréalais à délaisser leur voiture. Actuellement, le secteur est dépourvu d’aménagements sécuritaires pour les piétons et de pistes cyclables.

«C’est le cœur de la congestion métropolitaine.» – Gérard Beaudet, professeur à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal

Stationnement

Plusieurs experts ont d’ailleurs abordé jeudi la place du stationnement dans ce secteur. Professeur retraité du Département d’études urbaines de l’UQAM, Richard Morin a donné l’exemple de l’écoquartier Vauban, en Allemagne, où on a limité le plus possible le stationnement. Cela a ainsi permis de favoriser les déplacements en tramway et les transports actifs.

«Il reste que le secteur est demeuré très attractif pour les nouveaux résidents», a souligné M. Morin. 

La présence des espaces de stationnement demeure toutefois un facteur clé afin de permettre le développement immobilier, a rappelé le président et chef de la direction de la Société de développement Angus, Christian Yaccarini, qui est derrière le vaste projet d’écoquartier du Technopôle Angus, dans Rosemont–La Petite-Patrie. 

«Il faut être dans la vraie vie», a-t-il fait valoir durant le panel d’experts, ajoutant que la majorité des familles engagées dans son projet immobilier possèdent une voiture. 

«S’il n’y avait pas eu de stationnement, ces gens-là seraient allés en banlieue», a-t-il affirmé. 

Un constat partagé par la présidente du Groupe Prével, Laurence Vincent. «Je ne crois pas qu’on pourrait vendre des unités si on n’avait aucune place de stationnement.»

Dans sa vision de développement de l’ancien hippodrome, dévoilée en octobre, la Ville de Montréal propose d’aménager 6 000 logements sur ce site et ses abords, tout en y limitant grandement la place réservée à la voiture.

Logements sociaux

Les besoins en matière de logements sociaux dans le secteur sont importants. Depuis 2005, des organismes communautaires réclament l’inclusion de 2500 logements sociaux sur le site de l’ancien hippodrome.

Or, pour y arriver, la Ville devra miser sur la construction en hauteur, croit Christian Yaccarini, rappelant que la densité est fondamentale dans la construction de logements abordables. 

D’ailleurs, celui-ci estime qu’il est urgent de développer un cadre financier. «Quand on crée des projets comme ça, on ne parle jamais d’argent, alors que c’est un enjeu de taille. […] Il faut aborder de la question d’argent pour prendre des décisions éclairées», a-t-il affirmé. 

Des périodes d’audience des mémoires dans le cadre de cette consultation auront lieu les 6 et 13 février.

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