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La petite mosquée de la discorde

Photo: Amine Esseghir / TC Media

L’autorisation d’usage d’une petite mosquée sur la rue Legendre Ouest fait face à une vive opposition de citoyens. Venus en grand nombre à la consultation publique du 3 septembre, à ce sujet des citoyens évoquent les problèmes de stationnement.

«Je ne savais même pas que cette mosquée existait avant qu’il y ait cette consultation», indique le premier intervenant. Il indique avoir reçu un courrier l’informant de la tenue de la consultation publique. C’est comme cela qu’il a découvert l’existence de cette salle de prière.

Effectivement, dans la matinée, une lettre anonyme rédigée en français, en anglais et en italien avait été déposée dans les boites aux lettres des habitants du voisinage. C’est l’une des raisons qui explique le nombre important de présents à la consultation publique.

«Je ne comprends pas votre peur, souligne Saïd, un fidèle de la mosquée. Pourtant, vous nous connaissez, nous sommes vos locataires et vos voisins.»
La mosquée a été installée en 2014. L’espace, aménagé dans un ancien restaurant, permettrait, selon les documents fournis pour l’autorisation d’usage, à 125 personnes de pratiquer leur culte. Le zonage actuel, commercial et résidentiel,  ne permet pas l’existence d’un lieu de culte. La consultation publique vise à autoriser le lieu de prière.

Mosquée rue Legendre Ouest AhuntsicProblèmes de stationnement
Outre la surprise de découvrir l’existence de cette mosquée, le refus a été souvent justifié par les problèmes de stationnement.  Il est vrai qu’il est déjà difficile de garer sa voiture dans cette portion d’Ahuntsic.

«Ce n’est qu’une petite salle de prière et elle est destinée aux résidents des environs. Très peu de personnes viendront y prier en voiture», tient à rassurer Rabia Lebsir, un usager du lieu de culte et résident du coin depuis 17 ans. Pour lui, beaucoup de présents à la consultation n’habitent pas les rues avoisinantes.

Problème de perception
Les aspects pratiques ont parfois débordé sur des questions de perception. «Séparer les hommes des femmes dans un lieu de culte, cela me heurte en tant que femme», a souligné Michèle, du camp des opposants.

La mosquée ne respecterait pas la charte de Montréal qui défend l’égalité homme-femme selon un autre citoyen. Des propos auxquels a mis le holà Harout Chitilian, conseiller de Bordeaux-Cartierville. «Nous sommes ici pour débattre des conditions d’usage d’un lieu de culte et non pas de questions idéologiques ou religieuses.»  Le débat a été parfois tendu, mais il est resté globalement respectueux.

«Je comprends les préoccupations des citoyens venus en grand nombre, mais il faut qu’on apprenne à vivre ensemble», a tenu à conclure Pierre Desrochers, conseiller de Saint-Sulpice et également président du comité exécutif de la Ville de Montréal.

La consultation publique devrait être suivie par une motion qui déterminera les suites à donner à la demande changement d’usage pour le lieu de culte. Entre temps, les fidèles pourront continuer de prier avant de recevoir une décision finale qui pourrait ouvrir la porte à un processus d’approbation référendaire.

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