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Service en français dans les hôpitaux : un citoyen se bat pour ses droits

Luttant contre les séquelles de son traumatisme crânien, qu’il a subi à la suite d’un grave accident de vélo survenu en avril 2013, Éric Champoux entame un autre combat, cette fois-ci contre l’Hôpital général de Montréal (HGM).

Le résident de Hochelaga-Maisonneuve a porté plainte contre l’établissement. Il se dit insatisfait de son hospitalisation. Il n’a pas réussi à se faire servir en français nuisant ainsi considérablement à la compréhension de sa situation.

« Les médecins me parlaient en anglais. Je ne comprenais pas ce qu’ils me disaient. J’ai bien tenté de lire mon dossier médical pour comprendre, mais la moitié était en anglais.

« Déjà que les termes médicaux sont difficiles à comprendre en français, c’est impossible en anglais. Il a fallu que j’aille rencontrer un médecin francophone à Québec afin de comprendre la gravité de mon traumatisme », laisse-t-il savoir.

Position de l’hôpital

Pourtant, l’hôpital qui fait partie du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) est une institution bilingue. Les professionnels sont tenus de parler dans la langue du patient.

« En vertu de cette politique, tout soignant qui n’est pas bilingue ou qui ne maîtrise pas suffisamment le français peut et doit trouver quelqu’un parmi ses pairs pouvant l’aider et traduire si nécessaire. Il est clair que, parfois, il nous faudrait l’aide du client ou du patient, et ce, en nous indiquant qu’il ne parle pas couramment l’anglais », justifie le Dr Laplante, médecin examinateur du dossier de M. Champoux à l’Hôpital neurologique de Montréal du CUSM.

De plus, M. Laplante ajoute que certains résidents et boursiers de partout à travers le monde se retrouvent au sein du service de neurochirurgie. Cela explique pourquoi certains d’entre eux ne parlent pas couramment le français.

« La très grande majorité des professionnels qui vous ont suivi tout au long de votre séjour, ici, à l’HGM, sont de langue française. Ils vous auraient donc parlé et expliqué en français ce qu’il en était de votre état. D’ailleurs, après examen de votre dossier médical et des rappots d’évaluations rédigés par votre équipe traitante, il est vraisemblable, de présumer que la plupart des communications verbales ont été faites en français », peut-on lire dans la réponse écrite par l’HGM à M. Champoux, concernant sa plainte.

À la recherche de M. Champoux

Outre le principal intéressé, sa famille aussi a été affectée par toute cette mésaventure, car elle n’a pas été informée de son accident par le personnel soignant.

« C’est mon employeur qui a joint ma famille afin de savoir pourquoi je n’étais pas au travail. Après cet appel, mes proches ont appelé mes amis pour tenter de me trouver. Lorsqu’ils ont joint la police, ils ont appris que j’avais eu un grave accident et que je devais être à l’hôpital. C’est mon fils qui a fait le tour des centres de santé pour me retrouver. J’ai eu mon accident le soir du 19 avril et il m’a retrouvé le 21, soit deux jours plus tard », raconte M. Champoux.

Selon une lettre envoyée par la Commissaire locale adjointe aux plaintes et à la qualité des services de l’Hôpital général de Montréal, Pascale Valois, une des raisons expliquant ce manque de communication est que l’équipe en poste à l’urgence considérait qu’il était en mesure de communiquer lui-même directement avec sa famille.

« Pour moi, tout mon séjour est flou. Je ne me rappelle même pas des médecins. Selon mon dossier médical, j’avais des moments de lucidité, mais très peu. Alors, comment aurais-je été capable d’appeler? C’est incompréhensible », fait valoir l’homme de 40 ans.

« Les renseignements dont nous disposons ne permettent pas de déterminer si des tentatives ont été faites pour contacter ses proches. En général, lorsque la vie d’un patient est en danger, l’équipe de soins demande aux services sociaux d’aviser la famille. […] À une heure aussi matinale – le patient est arrivé à l’HGM à 1 heure du matin –, il est possible que cette demande d’information n’ait pas été transmise aussi efficacement que nécessaire », ajoute Mme Valois.

L’administration de l’HGM concède que la plainte est en partie fondée. C’est pourquoi l’infirmière gestionnaire de l’urgence « a fait les rappels nécessaires auprès des membres de l’équipe de soins en vue de limiter, autant qu’il se peut, le risque que pareille situation se reproduise dans le futur. »

Une bataille pour la justice

M. Champoux déclare ne pas faire ses plaintes pour des raisons pécuniaires, mais bien pour faire valoir ses droits.

« Ça n’a pas de bon sens. Je suis au Québec et j’ai le droit de me faire servir en français, surtout dans un hôpital. Je suis tanné de faire rire de moi avec leurs réponses bidons », estime-t-il.

De plus, il souhaite faire connaître son histoire afin d’empêcher que la situation se reproduise.

« Je suis quelqu’un d’engagé dans la vie. Je veux que le patient soit mieux accompagné et informé. Ma famille voudrait que je choisisse mes batailles et que je planche sur ma réadaptation. Mais j’aimerais mieux mourir que de ne pas me battre pour mes droits », soutient-il.

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