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Pavillon d’éducation communautaire: le compte à rebours a démarré

Photo: Nafi Alibert / TC Media

Moins de 30 jours. C’est le délai qu’il reste aux six centres d’éducation populaire de Montréal, dont le Pavillon d’éducation communautaire (PEC) Hochelaga-Maisonneuve fait partie, pour démontrer au gouvernement québécois qu’ils sont en mesure de trouver un financement annuel de 750 000$. Une tâche qui s’annonce impossible, selon la directrice générale du PEC, Louise Mongrain.

«Je ne vois pas comment on va être capable de trouver cette somme-là d’ici la fin du mois! Je ne suis pas une femme d’affaires! On est rentable socialement parlant, mais nous n’avons pas la vocation de rapporter de l’argent», s’indigne Mme Mongrain «plus inquiète que jamais» pour l’avenir du PEC.

Comme les autres centres d’éducation populaire de la ville, Mme Mongrain a appris la nouvelle fin juin, «au moment de partir en vacances».

Le Commission scolaire de Montréal a décidé de cesser de financer les centres d’éducation populaire au printemps dernier en raison de ses difficultés financières.
Le ministre de l’Éducation, François Blais, a entre temps choisi d’assurer pendant un an la survie de ces organismes communautaires en leur accordant une enveloppe budgétaire de 600 000 $ pour couvrir les frais de logement.

«C’est le cinquième ministre avec lequel on essaie de négocier. À chaque fois, on est obligé de recommencer», constate Mme Mongrain.

L’inquiétude gagne la communauté
«C’est effarant», se désole Pierre qui n’a appris «l’ultimatum du gouvernement qu’hier». Comme une cinquantaine de personnes, principalement des têtes grisonnantes venues célébrer la journée des aînés, Pierre est aujourd’hui au PEC pour retrouver des amis avec lesquels il écoute la conteuse africaine qui se tient sur la scène d’une des nombreuses salles où se déroulent toutes sortes d’activités.

«Même si je n’habite pas le quartier, je viens ici souvent, avoue-t-il. Le PEC est au service de la population. C’est intéressant parce que les activités ne coûtent pas cher», estime ce retraité qui, sans le PEC, ne pourrait pas suivre ses cours d’anglais et d’informatique.

Nous craignons la disparition, et comme toujours, ce seront les plus pauvres qui vont en pâtir. – Louise Mongrain,directrice générale du PEC.

«La fermeture serait très dramatique pour beaucoup de gens, avance quant à elle Céline Roussy, la gérante de la friperie du PEC. J’ai une maladie chronique, j’ai des diplômes, mais les employeurs ne m’engagent pas. Ici, je peux me lancer des défis, je participe à la communauté. Sans le PEC, je ne ferais rien, avec tout le risque que ça implique sur le plan de la santé mentale.»

Un milieu de vie
Membres, visiteurs de passage ou encore organisateurs, les personnes interrogées sont unanimes; le PEC est d’abord «un milieu de vie».

«L’éducation populaire est indispensable dans le quartier parce que ça change toute la vie des personnes et de Hochelaga aussi. Les gens ne viennent pas ici pour consommer, mais pour apprendre, socialiser, se conscientiser aussi», estime Gertrude, une bénévole qui anime des ateliers de couture tous les jeudis soir.

Si le PEC venait à fermer, ce sont aussi plusieurs organismes résidents qui se retrouveraient à la rue, comme Jeunes musiciens du monde, qui offre des cours de musique gratuits aux jeunes du quartier.

(En collaboration avec Marie-Eve Shaffer)

 


Le PEC en chiffres:

Selon Mme Mongrain:

  • Chaque année le PEC a besoin de 150 000 $ pour assurer ses frais d’exploitation (100 000 $) et financer sa mission (50 000 $).
  • 1500 familles bénéficient des services offerts au PEC.
  • 150$ par famille et par année: c’est la somme que coûte le PEC au gouvernement.

«Pour un gouvernement, c’est ridicule, ce n’est rien. Si le PEC ferme, cela leur coutera bien plus cher sur tous les plans que de prendre en charge ses familles défavorisées!», commente Mme Mongrain

  • 2,5 M$: montant additionnel nécessaire pour la rénovation de l’édifice.

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