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«Je me noyais en moi-même», dit Donald Duguay, plaignant dans l’affaire Éric Salvail

Donald Duguay le seul plaignant retenu par le DPCP dans l’affaire Éric Salvail. Photo: Karine Dufour/ICI Radio-Canada Télé

Toute l’attention était rivée sur le témoignage de Donald Duguay dimanche soir, le seul plaignant retenu par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) dans l’affaire Éric Salvail. Il était de passage à Tout le monde en parle (TLMEP) pour faire le point sur les accusions d’agression sexuelle, de harcèlement criminel et de séquestration portées contre l’ex-animateur et producteur.

Bien que Donald Duguay n’a pas dévoilé la nature des gestes posés par Éric Salvail en raison du procès à venir, il a affirmé que les événements se seraient déroulés sur une période de six mois, en 1993, alors qu’il était employé du service de courrier de Radio-Canada.

C’est la précarité de son emploi de l’époque, et ultimement les tabous liés à l’homosexualité, qui a ont mené la présumée victime à garder le silence au moment des événements. «Il y a 20 ans, je n’étais pas préparé à un événement comme ça. On était en pleine guerre du sida. Je ne pouvais pas annoncer mon coming out», a expliqué Donald Duguay.

C’est finalement la publication de l’article de La Presse en 2017 sur les inconduites sexuelles d’Éric Salvail à l’égard de plusieurs autres hommes qui l’a incité à porter plainte, 26 ans plus tard. «L’article est venu enlever le pansement que j’avais essayé de mettre sur cette plaie-là, que tu badigeonnes de maquillage pour te faire croire que tu n’as plus de pansement. L’article de La Presse a réouvert la plaie complètement», a avoué l’invité, en allant jusqu’à parler d’un article qui lui «a sauvé la vie».

S’il est le seul plaignant dans l’affaire, ce n’est que cette semaine qu’il a décidé de sortir de l’ombre; «pour avancer à visière levée, pour se décharger de la honte», indique la présumée victime, qui était restée sous le couvert de l’anonymat avec les initiales «D.D».

«Un exercice périlleux»
Malgré tout, Donald Duguay dit «mesurer chacune de [ses] paroles» face à «l’exercice périlleux» qui l’attend. Le dévoilement de son identité l’a d’ailleurs mené à patauger entre la compréhension de son entourage et les insultes des admirateurs d’Éric Salvail…puis à faire une tentative de suicide. «Je me noyais en moi-même. Je me disais qu’on avait peut-être les agresseurs qu’on mérite en tant que société. Et tant qu’à vivre dans une société comme ça, qui ferme les yeux, j’aimais mieux partir», a-t-il expliqué sur le plateau de Tout le monde en parle, ajoutant avoir néanmoins essayé «d’éviter les sites à propension plus trolls».

Aujourd’hui, l’ancien travailleur de la grande tour souhaite également poursuivre Éric Salvail au civil – il a notamment lancé une campagne de sociofinancement à cet effet en janvier dernier. Par ces actions, il dit vouloir aider les autres à s’en sortir et souhaiter «qu’on soit 7 millions un jour». «Accepter de se dire victime est très difficile. On ne se dit même pas survivant. On dit simplement que c’est arrivé», a-t-il insisté.

Donald Duguay a d’ailleurs profité de la tribune de Tout le monde en parle pour donner un premier conseil à toutes les victimes: « Si elles veulent porter plainte à la police, téléphonez avant pour être certains d’être accueilli par un enquêteur spécialisé», a-t-il-averti.

Quant à savoir si Éric Salvail pourra un jour réintégrer la communauté artistique advenant qu’il soit déclaré non-coupable, l’ancien courrier croit que ce sera au public de juger. Pour sa part, la présumée victime admet se garder certaines réserves face à une possible réhabilitation. «Un spécialiste pourrait mieux répondre que moi, mais c’est quelque chose qui est assurément ancré profondément en lui», croit-il en disant ne pas croire à une possible montée du pouvoir et de l’argent qui lui aurait pris la tête.

Rappelons que les procédures judiciaires se poursuivront mercredi. Aucune étape de procédure précise n’est prévue. Éric Salvail était absent à sa première audience en février dernier, l’animateur ayant préféré être représenté par son avocat, Michel Massicotte.

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