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Le « maldéveloppement » urbain

Tranchemontagne Daphnée - TC Media
Dans son documentaire « La Grande invasion », le réalisateur Martin Frigon a encore abordé la question du « maldéveloppement », cette fois-ci du point de vue de la spéculation immobilière. Son œuvre qui était à l’affiche du cinéma du Parc, du 30 mars au 5 avril, a interpelé la population, particulièrement les résidents du Mile-End qui subissent ce phénomène.

« Le film parle du boum immobilier dans les Laurentides, mais le développement des régions est dû aux résidents urbains. C’est une situation qui s’observe également un peu partout, pas juste dans les Laurentides », fait valoir le réalisateur.

Dans le documentaire, René Derouin, un artiste de la région des Laurentides, et Jacques Dufresne, un commerçant, réalisent une fresque pour s’opposer aux grandes surfaces qui s’installent dans leur patelin.

Cette démarche illustre la pensée du réalisateur qui estime que la culture doit se trouver au cœur du développement urbain.

« Le copié-collé des grandes surfaces et les maisons clonées : l’urbanisme à l’américaine est en train de massacrer le territoire. C’est l’expression de la non-culture et de la non-appartenance. On fait table rase de ce qui nous caractérise au point de vue de l’architecture et du développement », dénonce-t-il sans mâcher ses mots.

L’art n’est pas le seul moyen de ralentir ce « raz-de-marée », avance M. Frigon, il y a aussi la mobilisation citoyenne qui se fait autour de l’explosion des taxes foncières.

« Ces gros développements-là sont accompagnés de projets domiciliaires haut de gamme qui exercent une pression sur la valeur foncière et qui font exploser le compte de taxe des résidents. On les fout littéralement à la porte. Cette réalité est très typique du Plateau et du Mile-End », s’insurge-t-il.

Selon lui, le problème réside dans la spéculation immobilière et il soutient que plusieurs solutions, testées et éprouvées ailleurs au pays et dans le monde, pourraient l’enrayer. Il évoque notamment le système d’évaluation plafonné (c’est-à-dire que les propriétaires paient de l’impôt sur la valeur réelle du bâtiment, et non sur l’évaluation foncière). Il suggère également de délaisser l’impôt foncier comme unique et principale source de revenus pour les municipalités, et le remplacer par l’impôt sur le revenu qui est progressif.

Mobilisation citoyenne

À la suite de la diffusion du documentaire, trois tables rondes où citoyens et experts pouvaient s’exprimer ont été organisées. Les thèmes de l’expropriation foncière, de la culture comme moteur de développement et de l’explosion des taxes foncières à Montréal ont été abordés.

« La table ronde, ç’a été hallucinant. Les témoignages que l’on a reçus… Beaucoup de gens comparent le développement actuel et l’urbanisme qui se fait à l’Erreur boréale. Les locataires sont les grands perdants, car le propriétaire, lorsqu’il vend son bâtiment, il a une plus-value, contrairement au locataire qui ne fait qu’absorber les augmentations de la taxe foncière », soutient le réalisateur.

Pour en savoir plus sur le documentaire La Grande invasion, on visite le www.grandeinvasionfilm.com.

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