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De décrocheur à universitaire: la boxe a changé sa vie

Photo: Mario Beauregard/TC Media

Adolescent turbulent, Mathieu Léonard-Martel s’est fait montrer la porte de l’école secondaire Antoine-de-Saint-Exupéry avant de sombrer dans la délinquance. Douze années plus tard, il y est retourné, diplôme en poche, pour servir de mentor aux jeunes. Portrait d’un homme qui a évité le pire grâce à la boxe.

C’est le matin du 25 avril. Les élèves se préparent à entrer en classe. Mathieu Léonard-Martel, un gaillard costaud au crâne fraîchement rasé, circule dans les corridors qu’il n’a pas vus depuis l’adolescence. Malgré les souvenirs qui refont surface, «des moyens et des moins bons», il marche la tête haute. Aujourd’hui, il va rencontrer des élèves en difficulté de la classe de Karine Guénette afin de raconter son histoire, dans l’espoir de les motiver vers la réussite.

Un parcours difficile
À 16 ans, Mathieu Léonard-Martel est un élève démotivé, frustré et isolé.

«Je me faisais écoeurer. J’avais un surplus poids. J’ai pensé deux fois au suicide», se rappelle l’ancien résident de Saint-Léonard.

Il sèche les cours, dort en classe, est insolant avec les enseignants et, à quelques reprises, même violent. Chaque fois qu’il dépasse les bornes, il se fait mettre à la porte de son école. Il finira par se faire expulser de cinq établissements avant d’abandonner ses études. Il n’a qu’une première secondaire.

Sans diplôme et sans emploi, l’adolescent ne fait pas grand-chose de ses journées. C’est alors qu’il tombe dans la délinquance.

«J’ai volé. J’ai vendu de la drogue. Je voulais niaiser et c’est ce que j’ai fait. Je n’avais rien d’autre à faire», raconte-t-il.

Pourtant, malgré les échecs, il rêve d’une vie meilleure.

«Je voyais mes amis aller à l’université et mois je n’avais qu’un secondaire un. Je rêvais d’y aller. Je me demandais toujours ce que je pouvais faire pour y entrer», révèle-t-il.

La boxe
À 22 ans, le jeune homme décide de se donner une dernière chance. Il se défait des mauvaises influences dans son entourage et s’inscrit aux Princes de la rue.

Cet organisme fondé par Ali Nestor propose un programme qui s’apparente à un sport-étude et permet à Mathieu Léonard-Martel de retrouver un plaisir à s’instruire. Le matin, il s’assoit sur les bancs d’école. Dès que la pause du dîner sonne, il se rend à ses entraînements de boxe, qui le passionnent.

«C’est la meilleure décision que j’ai prise de ma vie. Sans cette décision, j’aurais toujours qu’une première secondaire et je ne ferais rien de ma vie. La boxe m’a apporté de la confiance en moi. Ça m’a permis de sortir ce que je ressentais en moi, de m’entourer d’une équipe et de bons amis», soutient-il.

À 24 ans, l’homme obtient finalement son diplôme d’études secondaires qu’il considère comme une réussite plus importante que toutes les médailles qu’il a récoltées en compétition. Il peut alors réaliser son rêve et entre à l’Université du Québec à Montréal en communication, tout en travaillant pour financer ses études.

Aujourd’hui, à 28 ans, le résident de Montréal-Nord voit encore plus loin.

«Je rêve d’aller en politique. D’être un élément qui va permettre d’améliorer les choses», mentionne-t-il.

Afin de réaliser ce nouveau rêve, M. Léonard-Martel entrera en année préparatoire de droit à l’Université de Montréal en septembre prochain.

Motiver les jeunes
L’ancien décrocheur Mathieu Léonard-Martel organise des conférences sur son parcours dans des établissements scolaires et centres jeunesse.

«La jeunesse a besoin de mentor. Je veux lui donner confiance dans ses aptitudes et la motiver à finir ses études», indique celui qui a obtenu son diplôme huit ans après avoir décroché.

Sa présence est appréciée de Karine Guénette, enseignante à l’école secondaire Antoine-de-Saint-Exupéry.

«Les jeunes ont perdu espoir. Ils ont peur! Je veux leur redonner espoir et les motiver. Cette conférence est un excellent moyen, car ça permet de montrer des exemples de réussite», souligne Mme Guénette, qui a déjà enseigné à Mathieu Léonard-Martel.

Pendant plus de deux heures, il a partagé son histoire avec les élèves de deuxième secondaire, mais leur a également parlé de l’importance des études.

«Si vous voulez un changement, n’attendez pas que quelqu’un le fasse. Le diplôme d’études secondaires est la clé de la réussite. Sinon, il vous sera très difficile d’avancer dans la vie», fait valoir l’universitaire lors de sa conférence.

Toujours dans l’optique de venir en aide à la jeunesse, Mathieu Léonard-Martel a écrit un livre où il raconte son histoire. Il est actuellement en contact avec deux maisons d’édition pour tenter de le publier cette année.

Pourquoi la boxe?
Le sport et les arts sont souvent des éléments qui permettent aux élèves de demeurer sur les bancs d’école. Alors qu’il n’a jamais pratiqué la boxe, Mathieu Léonard-Martel décide à 21 ans de mettre les gants.

«Je n’ai jamais envisagé d’en faire. C’est un sport qui est venu me chercher. Je regardais Rocky Balboa et le voyait gagner des championnats et être au sommet et ça m’a inspiré», révèle-t-il.

Après une dizaine de combats, l’homme de 28 ans espère monter sur le ring une dernière fois, en septembre prochain, pour souligner son anniversaire.

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