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Pénurie de personnel de soutien: les syndicats inquiets pour la sécurité des élèves

Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ, et Stéphane Soumis, président du SSÉPÎ-CSQ, sonnent l’alarme : les employés de soutien sont à bout de souffle. Photo: Amélie Gamache

La hausse du nombre d’élèves et la pénurie de personnel de soutien inquiètent le Syndicat du soutien en éducation de la Pointe-de-l’Île (SSÉPI-CSQ) et la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), qui déplorent que les services aux élèves soient touchés.

La situation est particulièrement inquiétante chez les éducateurs en service de garde, indique Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ.

«On joue avec la sécurité des enfants, ça devient dangereux, affirme-t-il. Dans un contexte idéal, il devrait y avoir 20 enfants par éducateur». Or, selon lui, c’est un ratio qui est régulièrement dépassé, atteignant parfois 35 enfants lorsqu’un éducateur est absent et que ses élèves sont répartis parmi les autres groupes, selon lui.

Même si on ne déplore pour le moment aucune conséquence fâcheuse, «des enfants qui s’éloignent du groupe, ça arrive de plus en plus souvent», déplore Stéphane Soumis, président du SSÉPI-CSQ, sans toutefois fournir d’exemple précis.

Selon eux, les éducateurs en sont souvent réduits à un rôle de surveillant, et préfèrent annuler des sorties ou des activités, faute de temps.

Une situation qui ne risque pas de s’améliorer avec la hausse prévue de 1200 élèves supplémentaires à chaque année à la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île.

Le personnel de soutien exténué
Selon une étude de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), ce sont 81% des membres du personnel de soutien au Québec qui se disent «souvent» ou «de temps en temps» émotionnellement exténués. La même étude indique que 48% d’entre eux doivent travailler sur leur temps personnel pour faire face à leurs tâches.

Les horaires fractionnés et la précarité d’emploi contribuent à la difficulté de rétention. «On voit des gens qui ont un horaire de 16 heures par semaine, distribuées sur 5 jours, illustre M. Soumis. On n’est plus qu’en compétition avec les autres commissions scolaires maintenant. On est même en compétition avec le Tim Hortons, qui offre des horaires temps plein.»

Tous les corps de métier sont touchés, selon les deux présidents, qui citent entre autres un ratio d’un seul technicien en organisation scolaire et d’une seule technicienne en loisir pour une école de 2500 élèves à la CSPÎ. Ils doivent pourtant exécuter les mêmes tâches que dans d’autres écoles au Québec qui en comptent 1500 ou moins.

Ils lancent donc un appel, à la fois nouveau ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, et à la commission scolaire. «On veut s’assoir avec eux et faire partie de la solution», demandent-ils, sans toutefois être capables de chiffrer le nombre d’employés ou d’heures supplémentaires nécessaires.

Une situation sous contrôle, selon la CSPÎ
Le président de la CSPÎ, Miville Boudreault, ne nie pas les difficultés de recrutement, qui peuvent causer des situations problématiques temporaires, mais ne partage pas le constat que le service aux élèves en souffre.

«Nous ne sommes pas encore à un point de non-retour, mais je ne tiendrai peut-être pas le même discours dans un an», admet-il, avant de souligner qu’aucune coupure de postes n’avait eu lieu à la CSPÎ, même dans les pires années de compressions gouvernementales.

Il assure que des efforts constants sont faits pour pallier les difficultés de recrutement, en participant à des foires d’emploi ou en développant des ententes avec des collèges pour l’embauche de finissants, par exemple.

«Grâce à une série de mesure comme celles-là, on est encore capable de combler nos postes, affirme-t-il. Mais c’est de plus en plus difficile.»

À sa connaissance, aucun projet ni sortie n’a dû être annulé faute de personnel.

Il se dit ouvert à rencontrer les syndicats pour travailler avec eux à la recherche des meilleures solutions, mais souligne ne pas avoir reçu de demande en ce sens.

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