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Pierre Lacerte a eu gain de cause

Joanny-Furtin Michel - TC Media
Blanchi des accusations de harcèlement et de diffamation par la Cour du Québec et la Cour supérieure, Pierre Lacerte ne semble pas en avoir fini avec son adversaire Michael Rosenberg.

Insatisfait du jugement rendu le 4 décembre dernier par la juge Claude Dallaire, le président du Groupe Rosdev et son avocat Me Julius Grey portent la cause à la Cour d’appel du Québec.

Après une bataille de six ans qui lui aurait fait perdre plus de 200 000 $, Pierre Lacerte, ce citoyen d’Outremont qui habite devant la synagogue de la famille Rosenberg, espérait que le récent jugement de la cour Supérieure mettrait un terme à cette longue saga judiciaire.

Dans ce jugement, la juge Dallaire s’est dite frappée par le «crescendo des interventions tentées par les Rosenberg et les différentes stratégies qu’ils ont mises de l’avant pour faire taire le défendeur».

La juge qualifie «d’artillerie lourde» le choix de Michael Rosenberg de recourir à des procédures criminelles, puis de s’associer à son fils Martin et à M. Alex Werzberger pour intenter une action civile de 375 000 $ à titre de dommages et par laquelle ils tentent de lui imposer une censure judiciaire en demandant la fermeture de son blogue en échange du retrait des plaintes.

Lors du procès civil, M. Rosenberg et Alex Werzberger ont prétendu que les propos et les photomontages mis en ligne par M. Lacerte portaient atteinte à leurs droits fondamentaux et à leur vie privée. La juge de la Cour supérieure est plutôt arrivée à la conclusion qu’il n’y a eu ni discrimination ni harcèlement fondé sur des motifs raciaux ou discriminatoires.

Considérant que Michael Rosenberg et Alex Werzberger étaient deux personnages actifs dans leur communauté, mais aussi auprès des trois niveaux de gouvernement, la juge Dallaire affirme qu’ils étaient des personnages publics et que, conséquemment, Lacerte n’a pas porté atteinte à leur vie privée.

Elle juge également que ses propos «ne constituent pas un appel à la violence, à la haine ni à la vengeance, mais plutôt un appel à la mobilisation politique afin de faire bouger les politiciens».

À la lecture du blogue de Lacerte, la juge Dallaire comprend que sa critique s’adresse davantage aux élus qu’aux plaignants. Elle estime aussi que les procédures lancées par les plaignants ont amené M. Lacerte à «agir comme porte-étendard pour défendre le droit à la libre expression».

Appel du jugement

Si M. Rosenberg n’a pas encore répondu à la proposition d’entrevue de la rédaction de l’Express d’outremont, Me Julius Grey a déclaré que cette cause serait donc porter en appel et qu’en raison de cette procédure, il ne souhaitait pas en dire davantage.

M. Alex Werzberger s’est montré moins laconique et a rappelé la rédaction pour commenter ce jugement. «Me Grey est convaincu de gagner sinon il ne nous aurait pas conseillé de faire appel. Les faits analysés par la juge sont entendus, mais il y a les faits et les lois.»

«Or l’interprétation qu’un juge fait des lois peut différer d’un juge à l’autre; autant de juges, autant d’interprétation de la loi. Et c’est ce que veut revoir Me Grey en appel. Il y aura trois jugements sur cette affaire, et donc trois interprétations différentes…»

M. Werzberger a commenté l’un des derniers montages photographiques publiés sur le blogue de Pierre Lacerte, une reproduction détournée de la crucifixion. «Ça ne me touche pas vraiment parce que l’image fait référence au christianisme; c’est plutôt l’église catholique qui devrait s’insurger… »

Confronté au fait que M. Rosenberg souhaite porter la cause à la Cour d’appel du Québec, Pierre Lacerte entend solliciter la générosité du public pour l’aider financièrement pour la suite des choses.

Rappel des faits

L’affrontement entre les deux protagonistes avait commencé en octobre 2007, quand Pierre Lacerte a demandé au conseil d’arrondissement d’Outremont la destitution de M. Rosenberg qui siégeait à la Commission consultative sur les relations intercommunautaires de l’arrondissement.

Lacerte avait alors remis au maire de l’époque Stéphane Harbour un document dans lequel il rapportait de nombreuses infractions à la réglementation municipale apparemment perpétrées par M. Rosenberg à sa synagogue.

Lacerte soutenait qu’en raison de son comportement, l’homme d’affaires n’avait pas sa place à la table de cette commission destinée à favoriser le rapprochement entre les différentes communautés d’Outremont.

Quelques semaines plus tard, en novembre 2007, Lacerte recevait une mise en demeure exigeant le versement de 100 000$ à M. Rosenberg. Selon ce dernier, le document déposé par Lacerte contenait «des propos racistes et antisémites», ce que M. Lacerte a toujours vigoureusement nié.

Se sentant menacé par cette procédure judiciaire, M. Lacerte a décidé, en décembre 2007, de créer un blogue qui lui permettrait d’alerter l’opinion publique et de chercher du soutien pour faire face M. Rosenberg.

«Bien des gens pensent que c’est mon blogue qui est à la base de mes démêlés juridiques avec M. Rosenberg», raconte Pierre Lacerte. «Mais c’est faux. Je ne savais même pas ce qu’était un blogue lorsque les huissiers m’ont remis la mise en demeure».

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