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Une pénurie de main-d’œuvre en chimie industrielle

Au Québec, 62 personnes ont perdu la vie lors d’un accident de travail l'an dernier. Photo: Depositphotos

Des entreprises de raffinage et de transformation ont un grand besoin de relève qualifiée en procédés chimiques, mais pourtant, plusieurs diplômés du seul programme collégial en son genre au Québec ne se trouvent pas d’emploi.

D’ici 2022, la raffinerie Suncor de Montréal-Est pourrait être confrontée à une pénurie d’opérateurs de salle de commande. Il s’agit d’un des emplois que peuvent faire les diplômés en techniques de procédés chimiques du Collège de Maisonneuve.

«On a besoin d’embaucher 40 nouveaux opérateurs au cours des cinq prochaines années», indique le directeur des opérations de la raffinerie, Stéphane Demers.

Chez Entreprise PTA Montréal, une autre usine de la «chaîne du polyester de l’est», le besoin de main –d’œuvre qualifiée n’est pas encore quantifié, mais se fera sentir dans moins de deux ans. C’est qu’il faut au moins 54 mois de formation à un nouveau technicien en procédés chimiques pour être vraiment fonctionnel, fait valoir la directrice des ressources humaines et des communications d’Indorama.

«Un de nos grands objectifs en 2017 sera de planifier de la relève parce qu’en 2018, des techniciens de procédés prendront leur retraite et nous, quand on en embauche, on cherche auprès des étudiants de l’Institut des procédés industriels du Collège de Maisonneuve», explique Anne Rodier.

Selon Coeffiscience, le comité sectoriel mandaté par le gouvernement québécois pour développer la main-d’œuvre en chimie pétrochimie, raffinage et gaz, la main-d’œuvre qualifiée en procédés chimiques n’est pas au rendez-vous.

«C’est-ce qu’on voit sur le terrain, ce que les entreprises nous disent. C’est le deuxième métier pour lequel les entreprises nous disent qu’ils ont le plus de difficulté à recruter», indique le directeur général de Coeffiscience, Guillaume Legendre.

Une adéquation inexpliquée

Un sondage mené l’an dernier par Québec auprès de 82 diplômés du programme en techniques de procédés chimiques du Collège de Maisonneuve révèle que 9% d’entre eux se cherchaient encore un emploi six mois après leur sortie de l’école.

«Qu’est-ce qui fait en sorte que les entreprises ne trouvent pas leur compte avec les gens qui sont disponibles sur le marché? C’est à voir, mais je sais que la question de la proximité entre le lieu d’origine des diplômés et le lieu de travail y est pour quelque chose», avance M. Legendre.

Chez les techniciens en procédés chimiques du Québec, le taux de chômage était de 2,9%, selon les chiffres de Statistique Canada.

Ce bas taux de chômage pourrait expliquer, en partie, pourquoi les entreprises ne trouvent pas assez de travailleurs qualifiés. «Ces travailleurs sont presque en situation de plein emploi, alors il n’y en a peu qui sont libres», souligne le directeur général de Coeffiscience.

Au Collège de Maisonneuve, on reconnait le problème, tout en restant assuré que le contenu du diplôme d’études collégiales (DEC) de Maisonneuve correspond aux besoins du marché. «Environ 25 étudiants finissent le DEC chaque année, mais ce n’est pas assez pour l’industrie», reconnaît la conseillère en communication du cégep, Isabelle Bussières.

Des bourses pour attirer la relève

La raffinerie Suncor offre depuis 2009 une bourse d’études en techniques de procédés chimiques au Collège de Maisonneuve. Coeffiscience offre aussi des bourses de stages en entreprise depuis plusieurs années.

La raffinerie Suncor  veut même offrir sa bourse d’études aux élèves de Calixa-Lavallée, dans Montréal-Nord. Elle l’a déjà fait à 11 élèves des écoles secondaires de la Pointe-aux-Trembles et Daniel-Johnson.

Mardi, des dizaines d’élèves du secondaire de Pointe-aux-Trembles étaient à la raffinerie pour y entendre parler du DEC et du programme de bourse de l’entreprise.

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