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Nicole Léger quitte la politique en rêvant encore au pays

Photo: Isabelle Bergeron / Avenir de l'Est

La dernière journée de la session parlementaire à Québec, ce vendredi 15 juin, sera douce-amère pour Nicole Léger. Au terme des travaux, la députée péquiste de Pointe-aux-Trembles quittera l’Assemblée nationale une dernière fois après 22 ans de service public presque ininterrompu. Elle laissera derrière elle une foule de réalisations, notamment la politique familiale développée avec Pauline Marois, mais aussi le rêve inachevé d’un pays.

C’est au parc qui porte le nom de son illustre père que la fille de Marcel Léger, l’un des sept premiers députés du PQ élus en 1970, tient à donner ce qui sera sans doute sa dernière grande entrevue en tant que politicienne active.

«La pomme ne tombe pas loin de l’arbre! Je viens d’une famille très politisée», raconte-t-elle d’emblée à Avenir de l’Est.

C’est avec des sentiments partagés qu’elle passe le flambeau. Un peu de tristesse à l’idée qu’avec son départ, «ce sont les Léger qui quittent. Une tristesse de quitter les gens aussi». Mais également «de la joie, puisque je suis très heureuse d’avoir pu en faire autant pour ma circonscription et pour le Québec».

Pendant près d’une heure, celle qui fut élue pour la première fois en 1996 raconte son parcours, énumère ses réalisations, insiste avec fermeté sur les convictions qui l’animent toujours. L’indépendance? Elle y croit encore. Le Parti Québécois? Près d’un retour en force grâce à sa relève.

De grandes réalisations
Parmi ses grandes réussites, elle cite la Maison des naissances, le Train de l’Est, le Carrefour Jeunesse-Emploi, le Centre Communautaire Mainbourg, le réseau de transport «même s’il y a encore beaucoup à faire», et le CLSC, où elle affirme avoir «toujours poussé pour avoir davantage de services». Mais sa plus grande fierté est d’avoir pu aider des gens, d’avoir changé la vie de centaines de personnes.

«Être députée, c’est de pouvoir être présente pour les citoyens. Je crois avoir réussi à être autant une députée de proximité, attachée aux gens que je représente, et autant au provincial pour faire avancer le Québec.» -Nicole Léger

À Québec, elle se montre particulièrement fière de la politique familiale développée avec Pauline Marois. «C’est une ensemble de mesures: l’assurance parentale, le réseau des services de garde, mais aussi l’aide aux familles, par exemple pour les parents sur l’aide sociale qui veulent revenir au travail.» Elle cite également la Politique de reconnaissance de l’action communautaire, élaborée au début des années 2000, qui «obligeait les ministères de tenir compte de l’apport des organismes communautaires, qui sont des portes d’entrée où on prend le citoyen dans sa globalité».

Des moments marquants
Nicole Léger a été atteinte d’un cancer de la langue il y a trois ans. «Je suis guérie maintenant, mais de revenir à l’Assemblée nationale et de prendre la parole publiquement, avec le problème d’élocution que la maladie avait provoqué, cela avait été dur. J’avais peur. Mais de recevoir une ovation de tous les collègues, les 125 tous partis confondus, cela m’avait profondément émue.»

Autre moment douloureux, lors de la défaite de Pauline Marois aux élections de 2014. «J’ai été, et suis toujours très proche de Mme Marois. Cela a été très difficile de voir que les gens ne nous ont pas laissé la chance plus de 18 mois: même un mandat de 4 ans, c’est court pour changer les choses!».

Même si elle n’a pu réaliser son grand rêve, l’indépendance du Québec, moteur de son action politique, elle garde toujours espoir. «Je regarde la belle relève que l’on a au Parti Québécois et j’en suis très fière. Il faut convaincre le peuple. Je comprends très bien qu’on veuille un changement de gouvernement. Mais le changement, c’est avec nous! Mais je sais que je laisse la circonscription entre bonnes mains, avec Jean-Martin Aussant, un homme aussi compétent économiquement que dans le domaine social.»

La retraite? Vraiment?
Elle présidera jusqu’aux élections le Comité de développement de l’Est de Montréal (CDEM), une instance qu’elle a fondée après départ de la raffinerie Shell en 2010, voulant profiter de la mobilisation qu’avait générée le dossier. Le CDEM réunit une centaine de leaders: des maires d’arrondissement, CÉGEP, le CIUSS de l’Est, des organismes communautaires, la Chambre de Commerce, et se concentre sur 4 enjeux: décontamination des sols, main d’œuvre, qualité de vie et transport. «Je veux être sûre qu’il y a un lien intermodal entre le métro Anjou et la ligne verte. On réagit face au REM, parce qu’il n’y a rien pour l’est.»

À la voir s’enflammer lorsqu’elle parle de ces dossiers, difficile de croire que Nicole Léger va disparaître de la vie publique.

«Je dois décider si je continue d’assurer la présidence après le 1er octobre, lance-t-elle en riant. Mais maintenant, les instances publiques connaissent la pointe de l’île et le CDEM, on se parle; avant, on ne se parlait presque pas! L’est de Montréal prend vie!»

Les projets ne semblent en effet pas manquer: au fil de la discussion, la députée affirme entre autres considérer l’écriture, ayant «amassé une foule d’anecdotes au fil des années».

«J’aimerais aussi donner mon temps à l’université: en science politique, en sciences sociales, en gouvernance». Avant d’évoquer offrir son aide à l’Assemblée nationale, comme négociatrice ou arbitre, ou encore pour présider des consultations. Entre autres.

Mais à court terme, elle deviendra aidante naturelle: sa mère, qui l’accompagne à l’entrevue, vient s’installer chez elle, suite à une opération la semaine dernière. «Je vis un moment de transition; après avoir beaucoup travaillé sur le dossier des aidants naturels, je le vis maintenant».  La fierté de Jeanne-D’Arc Lamontagne est manifeste lorsqu’elle regarde sa fille: « Nicole a fait tout son possible pour que les gens de Pointe-aux-Trembles et Montréal-Est soient heureux ».

Et c’est avec eux que la députée péquiste veut passer ses derniers moments en tant que femme politique. Lors des festivités de la Fête nationale, le 24 juin, avec l’organisme Pointe-aux-fêtes, Nicole Léger livrera le texte patriotique à 19h, son dernier. Elle espère ardemment que les citoyens viendront la saluer. «Je vais avoir un kiosque où il y aura un livre de témoignage. J’aimerais beaucoup que les gens viennent le signer, me laissent un témoignage, un dessin.» Une occasion de clore une carrière de 22 ans par un dernier rendez-vous avec ceux pour qui elle s’est tant battu.

La carrière de Nicole Léger

1955
Naissance à Montréal

1973
Fonde le premier comité national des jeunes du PQ

1996
Première fois élue dans Pointe-aux-Trembles

1998
Devient ministre déléguée à la famille et l’enfance sous Lucien Bouchard

2001
Devient ministre à la Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale sous Bernard Landry

2003
Réélue dans l’opposition, devient whip-adjointe dans le cabinet fantôme de Bernard Landry

2005
Première députée à donner son appui à Pauline Marois à la chefferie du PQ

2006
Annonce son retrait de la politique, André Boisclair lui succède comme député

2008
Réélue à Pointe-aux-Trembles. Devient whip en chef de l’opposition officielle

2012
Réélue députée, Devient ministre de la Famille dans le cabinet Marois, et vice-présidente du Conseil du Trésor.

2014
Réélue dans l’opposition, elle devient porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation primaire et secondaire, et de persévérance scolaire, puis, en 2015, Présidente du caucus de l’opposition officielle.

2016
Devient porte-parole de l’opposition officielle pour le Conseil du Trésor.

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