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Les candidats s’affrontent à Pointe-aux-Trembles

Jean-Martin Aussant (PQ), Céline Pereira (QS), Chantal Rouleau (CAQ) et Eric Ouellette (PLQ). Photo: Amélie Gamache

Devant une salle bondée, les candidats des principaux partis ont croisé le fer dans un débat public serré laissant peu de place à l’échange direct mardi, à l’invitation de la Chambre de commerce de la Pointe-de-l’île (CCDPÎ).

Environ 300 personnes s’étaient rassemblées pour entendre Chantal Rouleau (Coalition avenir Québec), Céline Pereira (Québec solidaire), Eric Ouellette (Parti libéral du Québec) et Jean-Martin Aussant (Parti québécois), qui ont eu l’occasion d’exposer leurs principaux engagements autour de quatre thèmes : transports, santé, économie locale et décontamination des sols.

Chaque candidat avait trois minutes de temps de parole à tour de rôle pour chacun des thèmes. L’ordre des interventions avait été déterminé au hasard.

Cette formule sans droit de réplique a été choisie par la CCDPÎ, et approuvée par les candidats et leurs équipes de campagne, afin de laisser le temps pour une période de questions du public, qui a suivi le débat, selon Daniel Lafrance, animateur de la soirée et directeur des activités à la CCDPÎ.

La période de questions, où les candidats disposaient d’une minute pour répondre, a donné lieu à des moments plus animés. « Si c’était à refaire, nous laisserions encore plus de temps pour les questions des citoyens, affirme M. Lafrance. On a senti les gens davantage sur le bout de leur siège. »

Des enjeux qui font consensus
Selon les commentaires recueillis après l’événement parmi les citoyens présents, les exposés autour des quatre thèmes ont permis à Chantal Rouleau et Jean-Martin Aussant de se démarquer par leurs connaissances des enjeux, alors que la « combativité souriante» de Céline Pereira fût appréciée, et lui a d’ailleurs valu plusieurs salves d’applaudissements.

Les trois minutes accordées à chaque candidat leur ont permis de résumer leur vision et les principaux engagements de leur parti sur les 4 enjeux, dont l’importance faisait consensus.

Le libéral Eric Ouellette, misant sur l’humour, a rappelé qu’il est «un gars du coin», et répété  son désir de «relever les défis ensemble», et mis de l’avant le bilan de son parti, qui propose entre autres un projet de SRB dans l’est et «26 nouvelles station du REM.»

Jean-Martin Aussant a répété que le Grand déblocage du PQ «offre 4X plus de destinations que le REM, enlève 80X plus de voitures sur les routes, pour le même montant». Il a également réaffirmé le désir de son parti de revoir le mode de rémunération des médecins et d’élargir les heures d’ouverture des CLSC, et promis la création d’une société de développement exclusive à l’Est, doté d’un fonds dédié. Il a également annoncé son intention, dès son élection, de créer une structure de consultation publique permanente.

Chantal Rouleau propose le tramway de l’Est, qui figure au Plan de décongestion de la CAQ, en plus de la création de Maisons des Aînés et de la création de zones d’innovation telle que détaillée dans le Projet Saint-Laurent. Elle a également rappelé la promesse faite la semaine dernière d’un fonds de 200 millions affecté à la décontamination des sols pour l’est de Montréal. «Nos berges souffrent, a-t-elle aussi déclaré. Nous prévoyons 5 M$ pour la plage de l’est, nous voulons un lieu de baignade.»

Céline Pereira mise plutôt sur le train-tram, «moins lourd, moins cher et plus rapide que le métro», et a affirmé que son parti mettra en place une assurance dentaire gratuite et débloquera des fonds pour les aidants naturels. Hausse du salaire minimum à 15$, promotion de l’agriculture urbaine, décontamination de la plage de l’est  et gratuité scolaire jusqu’au doctorat furent parmi les autres promesses évoquées par la solidaire, qui désire aussi mettre en place une structure de consultation citoyenne permanente.

Soulignons que la revitalisation de la rue Notre-Dame en boulevard urbain semble être une priorité commune à tous les partis. Le retour permanent de la navette fluviale entre Pointe-aux-Trembles et le centre-ville était également un désir partagé par les candidats.

La souveraineté éclipsée
La question de l’indépendance du Québec a été très peu évoquée, bien que les deux candidats souverainistes en aient glissé un mot vers la fin de l’événement.

Jean-Martin Aussant, lors de sa conclusion, après avoir rappelé que l’un des 7 premiers députés du PQ, en 1970, fût élu à Pointe-aux-Trembles, a promis «de reprendre le bâton du pèlerin pour faire remonter cette cause-là», se disant convaincu que l’appui à l’indépendance augmente «chaque fois qu’on en parle.»

La solidaire Céline Pereira, lors d’une question du public faisant référence aux voitures du REM qui seront construites en Inde, a affirmé qu’il fallait «récupérer notre souveraineté au Québec, pour ne pas être dépendant des accords commerciaux internationaux et être un décideur souverain de nos propres accords.»

Les candidats du PLQ et de la CAQ n’ont fait aucune attaque contre le projet souverainiste, et le public, dont une bonne partie toutefois manifesté son enthousiasme lors de déclaration de M. Aussant, n’a pas posé de questions à ce sujet.

Une déclaration qui fait controverse
Chantal Rouleau a profité de son allocution de clôture pour pourfendre l’immobilisme historique du gouvernement provincial dans Pointe-aux-Trembles.

«Le comté de Pointe-aux-Trembles a été oublié depuis des décennies. Il n’y a pas eu d’investissements sur le territoire du comté dans les dernières décennies. Les  derniers développements qui ont eu lieu l’ont été au niveau municipal», a affirmé celle qui est toujours mairesse de l’arrondissement, suscitant des réactions dans la salle.

La déclaration a fait bondir celle qui a été députée péquiste de la circonscription pendant 22 ans. Nicole Léger, qui était assise en première rangée.

«En pesant ses mots, elle a dit qu’il n’y a rien eu de fait depuis 20 ans à PAT», écrit-elle plus tard sur sa page Facebook, décriant ce «manque de classe, de respect et de hauteur». La publication a été largement partagée et commentée.

«Je pense à tous les intervenants, leaders, élus et citoyens qui se sont donnés corps et âme au fil de toutes ces années pour améliorer notre quartier et notre circonscription», continue Mme Léger, soulignant la présence sur place de Suzanne Bernard, Suzanne Décarie, Louise Masquer et Robert Coutu, «tous des leaders qui, par leur engagement, ont transformé notre coin de pays.»

À un commentaire lui demandant de détailler certaines de ses réalisations, elle cite entre autres son implication dans l’implantation du Centre Local de développement et des CPE sur territoire, la mise en place du train de l’est et l’agrandissement du CLSC.

Appelée à commenter, Chantal Rouleau a fait savoir par son attaché de presse Alexandre Lahaie qu’elle «avait dit tout ce qu’elle avait à dire hier [le 11 septembre] au débat.»

Des questions du public corsées
Chantal Rouleau a également dû défendre son choix de se porter candidate à l’élection provinciale tout en conservant son siège de mairesse de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles.

«Trouvez-vous que la loi permettant à une mairesse d’être candidate à une élection provinciale est juste?» a demandé un citoyen dès le début de cette portion de la rencontre électorale.

La candidate de la CAQ s’est défendue en affirmant à nouveau avoir consulté le conseiller à l’éthique de la Ville de Montréal et suivre ses recommandations de ne plus présider le conseil d’arrondissement et les assemblées publiques, et de remettre son salaire à un organisme caritatif le temps de la campagne.

«Cela existe depuis longtemps, et on a vu un cas semblable au Lac Delage, pour le PQ, a affirmé la candidate caquiste. C’est éthique et légal.»

Ses explications n’ont pas semblé convaincre ses adversaires. «Quand on demande la confiance des citoyens, c’est pour un mandat de 4 ans», a déclaré Céline Pereira, la candidate solidaire, qui a rappelé qu’une nouvelle élection à la mairie entraînera des coûts pour les citoyens.

La période de questions a également permis d’aborder d’autres thèmes qui n’avaient pu être abordés pendant la première partie, tels l’éducation, le traitement des eaux usées et le nationalisme économique.

Pour visionner le débat, rendez-vous à la section vidéo de la page Facebook de la Chambre de Commerce de la Pointe-de-l’Île, à l’adresse : www.facebook.com/ccpdi/videos

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