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Des perspectives économiques attrayantes pour la décontamination verte

Photo: archives

Les perspectives économiques de la phytoremédiation, la décontamination des sols par les plantes, paraissent extrêmement positives et très rentables, selon une étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC).

Depuis 2016, l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV), avec le soutien de la ville de Montréal, procède à des essais de décontamination des sols grâce à la plantation de végétaux sur des terrains situés à proximité de la raffinerie Suncor, dans l’arrondissement Rivière-des-Prairies -Pointe-aux-Trembles.

Sur la base de cette expérimentation, qui s’étend sur trois hectares, l’IRÉC a mis au point un instrument d’analyse qui permet de mesurer la performance économique de  la décontamination.

«En compilant les données, on a vu que la valeur foncière du terrain augmentait dépendamment de la vitesse de la décontamination et que les coûts engendrés par le projet devenaient rapidement rentables pour la collectivité», explique Noël Fagoaga, co-auteur de la note de recherche de l’IRÉC, avec Jonathan Ramacieri.

Outre l’augmentation de la valeur foncière, qui dépend aussi du cadastre ou de l’emplacement, la récupération de biomasse – des éléments naturels qui peuvent servir à la fabrication de compost ou de biocarburant par exemple – est une source de revenus possible.

Les auteurs mettent également en lumière l’impact potentiel de la décontamination à l’échelle de la société, en se basant sur une étude de Caroline Simard sur la canopée urbaine de New York (2018). Celle-ci a établi le bénéfice d’un arbre pour la société dans une fourchette allant de 1 à 10$ par arbre.

«Dans notre simulation, on a pris le gain le plus faible, à un dollar. On est à 20 000 arbres, donc on a un gain de 20 000$ annuel. La première année, il y a des frais d’installation et de plantation, et, rapidement, c’est du bénéfice», détaille Noël Fagoaga.

Le processus de décontamination sur les terrains de RDP-PAT n’ayant pas encore totalement abouti et de nombreuses données restant à collecter, Noël Fagoaga prend soin de préciser qu’il s’agit de chiffres indicatifs plus que scientifiques. Pourtant, les prémisses demeurent très encourageantes.

«Le gain est double puisque l’augmentation de la valeur foncière est un gain en capital, et des éléments comme la lutte contre la pollution, les îlots de chaleur etc, sont des gains en service, précise Noël Fagoaga. Si on prend juste les services, on établit la rentabilité après sept ans.»

L’est de Montréal, un futur pôle vert ?

Le paysage industriel et urbain de l’est de Montréal fait du secteur une zone au potentiel important en matière de verdissement, et donc de gains potentiels.

«Dans l’Est, ce sont des centaines d’hectares à décontaminer», assure Noël Fagoaga.

Cet état des lieux, plutôt inquiétant à l’heure actuelle, pourrait s’avérer cependant être une force pour l’avenir.

«On est vraiment dans une logique de développement de filière bio-industrielle dans l’est de Montréal. On veut voir comment créer une infrastructure de base pour un pôle de chimie verte», explique Noël Fagoaga.

Avant d’arriver à ce point, qui ne sera pas une réalité avant de nombreuses années, il faudra d’abord faire aboutir cette première phase «de recherche, d’innovation» afin de récolter «plus de données scientifiques sur la vitesse de décontamination et sur la valorisation économique de la biomasse», mais aussi pour montrer « la capacité d’utiliser la biomasse, la capacité du territoire et des acteurs locaux à la créer».

Malgré ces perspectives, l’avenir du projet demeure suspendu à la volonté de la ville de Montréal de poursuivre ses efforts en mettant à disposition les terrains. Michel Labrecque, responsable du projet à l’IBRV, indique que des discussions ont eu lieu pour renouveller l’entente, qui arrive à échéance à la fin de l’année 2019, mais que «rien de concret en ait vraiment ressorti».

«Nous sommes évidents soucieux de la suite du projet et espérons que nous pourrons renouveler une entente avec la Ville pour poursuivre le travail de suivi et d’entretien des sites en traitement. Il serait dommage que tout ce travail ait été fait soit ainsi laissé pour compte», ajoute-t-il.

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