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Allégation de plus de 81 000 $ en pot-de-vin à RDP-PAT

Plus de 81 000 $ auraient été versés aux élus et aux fonctionnaires de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, entre 2001 et 2009, par la seule firme de génie-conseil Génius. C’est ce qu’a soutenu son président-directeur général, Michel Lalonde, lors de son passage à la commission Charbonneau du 28 janvier.

« Le gros de nos mandats provient de l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT). C’était l’Est, c’était en développement et on était au bon moment. Il y a eu beaucoup de projets de développement et d’infrastructure », a affirmé l’homme d’affaires dont le siège social est situé à PAT.

Des liens de fer avec le maire

Dans son témoignage, il a qualifié sa relation avec l’ancien maire Cosmo Maciocia de « liens de fer ». Il a expliqué que son entreprise était active à PAT depuis 1980, mais qu’avant l’élection de 2001, elle était plus proche du parti Vision Montréal. Ainsi, sa première contribution au parti Union Montréal a été faite à M. Maciocia, pour 500 $.

Après la victoire de M. Maciocia, l’ingénieur s’est rapproché davantage du maire de l’époque. « On se rencontrait régulièrement. Comme on était déjà dans l’arrondissement avec les mandats-cadres, je pense qu’il y avait une bonne ouverture de ce côté-là et tous les autres mandats reliés aux promoteurs, parce qu’il y a beaucoup de développement dans RDP-PAT alors ces projets-là, on était impliqué pour la préparation des plans et devis avec les promoteurs et la surveillance. »

La contribution de M. Lalonde au parti de M. Maciocia ne s’est pas arrêtée là. L’homme d’affaires dit avoir contribué « avec des chèques de résidents » à de nombreux cocktails de financement entre 2001 et 2005.

60 000 $ pour l’élection du maire

Au printemps avant l’élection de 2005, sentant une campagne électorale difficile, le maire Maciocia aurait sollicité M. Lalonde pour un financement de 60 000 $. Selon l’ingénieur, le maire lui aurait explicitement promis des contrats en retour, contrats qu’il a obtenus.

« Je lui ai demandé quelles étaient ses attentes; il m’a dit qu’il avait besoin de 60 000 $. Je vous avouerais que je trouvais le chiffre un peu élevé. Il m’a dit, “inquiète-toi pas, vous avez eu beaucoup de contrats dans l’arrondissement et il y en a d’autres qui s’en viennent après les élections”. Je le savais. Il y avait le collecteur, qu’on a eu, et le carrefour giratoire. Il m’a dit “tu n’es pas le seul. Je vais aussi solliciter [l’autre firme de génie-conseil active dans RDP-PAT] Dessau pour le même montant.” »

L’ingénieur aurait accepté de transmettre les fonds en argent comptant lors de dîners, aux bureaux de M. Maciocia à l’arrondissement et à l’hôtel de ville de Montréal.

En plus de lui permettre d’obtenir des contrats, comme celui de la surveillance des travaux de construction d’égouts sous le boulevard Marien et la 5e Rue (une valeur de 74 000 $) en 2005, la participation de la firme de génie-conseil à la caisse électorale des élus leur permettait de connaître les contrats à venir dans l’arrondissement.

« Après l’élection de 2005, on avait eu une rencontre, Rosaire Sauriol [vice-président principal de Dessau] et moi, avec M. Maciocia et le directeur de l’arrondissement, Pierre Santa-Maria, pour parler des projets qui s’amenaient… pour mieux planifier les quatre prochaines années, pour s’assurer qu’il y ait une meilleure répartition entre les deux firmes en fonction des mandats », a expliqué M. Lalonde.

Des habitudes ancrées

En 2009, lorsque le M. Maciocia décide de passer le flambeau à Joe Magri, le système n’en souffre pas pour autant. « [M. Magri] m’a dit “je vais avoir besoin de toi pour les élections et tu ne seras pas le seul”. On s’est entendu sur un montant de 15 000 $ et il m’a dit “tu vas t’occuper de ça avec Nick Milioto [entrepreneur pour Mivela Construction], qui va s’occuper de ma campagne auprès des ingénieurs et des entrepreneurs”. »

Mais ses relations avec M. Magri ne durent pas longtemps puisqu’en mars 2010, le maire quitte ses fonctions pour des raisons de santé. Ce départ se produit au lendemain de la formation de l’escouade Marteau, chargée d’enquêter sur la corruption et la collusion, un contexte défavorable à ces pratiques douteuses qui semble en avoir ralenti les ardeurs de M. Lalonde, notamment.

L’enveloppe au fonctionnaire

Il n’y a pas que les élus de l’arrondissement qui seraient impliqués le système d’attribution des contrats, selon M. Lalonde. Bien que l’homme ait qualifié de « rare » le manège auquel s’est livré le directeur du génie et responsable des comités de sélection à l’arrondissement, Laurent Gravel; il semble que ce dernier ait reçu de 6000 $ à 8000 $, entre 2008 et 2009.

« On se rencontrait régulièrement. À certains moments, il m’a dit “on travaille bien ensemble. On a une bonne chimie. Je travaille fort pour les comités de sélection. J’aimerais que tu me compenses un peu.” J’avais accepté à trois ou quatre occasions de lui remettre des montants de 2000 $, en argent comptant, à chaque occasion. »

M. Lalonde a dit ne pas bien connaître le rôle que jouait M. Gravel dans les comités de sélection chargés d’analyser les offres des soumissionnaires, mais « semble-t-il qu’il était en mesure de parler aux gens des comités de sélection et les résultats étaient là », a-t-il exposé.

Rappelons qu’en décembre 2010, M. Gravel avait d’ailleurs été congédié pour ses présumés liens de proximité avec des entrepreneurs. Trois mois plus tard, il était embauché par un promoteur actif dans l’arrondissement.

Regardez le témoignage de M. Lalonde à la commission Charbonneau au sujet de l’arrondissement RDP-PAT (Partie 2 à 42:10 et partie 3 au http://bit.ly/11bpYD3).

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