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Biométhanisation : un projet qui manque de transparence

Lors de la séance d’information du 7 novembre à Montréal-Est sur le projet de centre de traitement des matières organiques (CTMO), de nombreux citoyens se sont inquiétés que l’équité territoriale ne serait pas respectée et que les installations situées à l’ouest de l’Île ne verraient jamais le jour, comme ce fut le cas lors de l’implantation des sites de transbordement des matières résiduelles en 1993. Le représentant de la Ville, Roger Lachance avait habillement rassuré les citoyens. Or, la Ville ne montrait alors que la pointe de l’iceberg…

« Dès le 9 août 2011, nous avons rencontré la Ville pour affirmer notre refus catégorique de permettre l’implantation d’un CTMO à moins de 8 km de l’aéroport de Dorval Pierre-Elliot Trudeau », dévoile la vice-présidente des affaires publiques de l’Aéroport de Montréal (ADM), Christiane Beaulieu. Rappelons que le projet de CTMO pour le secteur Ouest est situé à 1,5 km des pistes de l’ADM.

Dans une lettre datée du 12 octobre, envoyée par l’Aéroport de Montréal (ADM) à M. Lachance, ADM mentionne : « dans le contexte où l’augmentation des risques liée au péril aviaire inhérent à la présence d’un centre de compostage est établie en fonction de nos analyses, il est de notre responsabilité de considérer que cette activité à proximité du site aéroportuaire est tout à fait incompatible avec la nature des activités aéronautiques qui s’y exercent. ADM s’opposera donc à l’implantation d’un centre de compostage dans la zone primaire de péril aviaire telle qu’établie par Transport Canada. » Le péril aviaire est causé par la présence d’oiseaux qui peuvent entrer en collision avec un aéronef. Un seul animal peut causer de graves dommages pouvant entraîner la perte de l’engin.

Le 4 novembre, ADM insiste en faisant parvenir une autre lettre à M. Lachance dans laquelle la société réitère « sa décision finale de refuser l’implantation » et demande à la Ville de « corriger sans délai le processus [de consultation publique de l’OCPM] et la communication qui l’entoure. »

Pourtant, le 7 novembre, lors de la soirée d’information, aucun mot n’est soufflé sur la situation malgré que l’enjeu du risque que les complexes de l’ouest ne soient jamais réalisés ait été soulevé par de nombreux citoyens. « Nous ne voulions pas apeurer inutilement la population, alors que nous sommes ouverts à discuter avec ADM », fait valoir M. Lachance.

Pis encore, la Ville n’avait pas cru bon en informer l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). C’est ADM elle-même qui a contacté l’OCPM, le 9 novembre dernier. « Cette information aurait été utile, c’est le moins qu’on puisse dire. Il aurait été souhaitable que la Ville nous en informe », déclare le secrétaire général de l’OCPM, Luc Doray. Ce dernier se dit toutefois satisfait que la Ville ait transmis la correspondance avec ADM à la suite de la demande de l’Office.

« Le principe d’équité territoriale est une pierre d’assise du Plan directeur de gestion des matières résiduelles (PDGMR). Ceci n’est d’aucune manière remis en question, peu importe l’issue de notre différend avec ADM », confirme le vice-président du comité exécutif et responsable du développement durable, de l’environnement et des parcs, Alan DeSousa.

Questionné au sujet d’un éventuel plan B pour Dorval, M. DeSousa a refusé de se prononcer sur un « hypothétique » refus d’ADM, s’appuyant sur une lettre datée de décembre 2010, dans laquelle ADM démontre de l’ouverture face à l’implantation d’un CTMO à proximité de l’aéroport. « La Ville de Montréal est ouverte à discuter avec ADM. Il n’est pas question de modifier le projet. Les quatre sites choisis font consensus. Le rôle de l’OCPM est de déterminer si les sites choisis sont appropriés », explique-t-il.

Le refus d’ADM est pourtant loin d’être hypothétique selon Mme Beaulieu. « M. DeSousa nous reproche d’avoir considéré le projet. Ce n’est pas parce qu’on visite une maison qu’on va nécessairement l’acheter », illustre-t-elle.

Lors du dépôt de leur rapport, les représentants de Vision Montréal ont exigé l’élaboration d’un plan B comme alternative au refus d’ADM et assurer un respect de l’équité territoriale.

Expansion du site de Montréal-Est

Lors de la séance du 7 novembre, la Ville avait également illustré l’impossibilité d’expansion du site de CTMO de Montréal-Est. Or, il s’avère que le site adjacent, situé sur le terrain de l’ancienne carrière Demix, abrite actuellement des locaux du SPVM. Bien que la Ville ait maintenu son intention de ne pas augmenter le tonnage du CTMO, les représentants de Vision Montréal se sont dits inquiets que ces locaux puissent éventuellement servir à augmenter la capacité du CTMO.

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