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Cri du coeur pour sauver l’École des parents

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Malgré des besoins criants en matière de scolarisation des adultes à Pointe-aux-Trembles, un organisme du secteur, qui encourage et stimule des parents du territoire à faire un retour aux études, pourrait devoir fermer ses portes en raison d’un manque flagrant de financement.

L’École des parents, qui a vu le jour en 2011, sous la tutelle du comité de scolarisation de la Corporation de développement communautaire (CDC) de la Pointe, a besoin d’urgence d’un minimum de 25 000$ afin de poursuivre ses activités.

«Nous étions subventionnés par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Notre entente de subvention a pris fin le 31 décembre dernier, et depuis, nous avons été capables de survivre avec quelques réserves, mais nous devons absolument trouver une façon de nous financer», explique François Brunetta, intervenant de l’organisme.

Il ajoute qu’un total de 50 000$ par année est nécessaire afin de subvenir aux besoins de l’organisme qui oriente présentement une trentaine de parents dans leur projet de retour aux études.

«Notre quartier se caractérise par un faible pourcentage en ce qui a trait à la scolarisation des parents. Plus de 27% de la population ne possède aucun diplôme, en comparaison avec le reste de Montréal qui se trouve à 19%», précise M. Brunetta.

Une école adaptée aux parents
École des parentsL’organisme, qui encourage la formation à distance, oriente les parents dans leur choix de carrière et les prépare au retour aux études ou sur le marché du travail.

«Notre organisme répond à un besoin réel des parents qui ne trouvent pas leur place dans des structures exigeantes et peu adaptées à leur réalité familiale, indique Lise Henry, intervenante de l’organisme. C’est difficile de s’engager à aller dans un établissement qui impose des heures fixes quand on est un parent car on a plein de contraintes qui limitent nos disponibilités.»

Un sentiment partagé par Annaïs Charles, une mère monoparentale de cinq enfants qui poursuit des études afin de compléter son secondaire.

«Sans l’école des parents, ma vie ne serait pas la même. Je ne sais pas ce que je serais en train de faire, dit-elle. Cet organisme a donné un nouveau sens à ma vie. J’ai compris que j’avais le droit d’être maman et de vouloir une carrière professionnelle. On ne me juge pas, on ne m’oblige pas à venir quand mes petits sont malades et ça me donne plus de confiance en moi.»

Mme Charles, qui habite le quartier de Pointe-aux-Trembles depuis 2011, rêve de trouver un travail dans l’industrie du tourisme à Montréal.

«J’avais déjà essayé de finir mes études, mais on me décourageait tout le temps. On me faisait comprendre qu’avec cinq enfants je ne serai pas capable. À l’École des parents, c’est tout le contraire qui arrive. Quand j’ai envie de tout lâcher, ils sont tout le temps là pour moi. Je peux même venir avec mes enfants, en cas de besoin», confie-t-elle.

Elle ajoute que le fait de ne pas avoir à s’inquiéter avec les contraintes imposées par les écoles «normales» la motive davantage à poursuivre ses rêves.

«Je n’ai pas à me dire que si je manque une journée, on va fermer mon dossier. Ici, on nous comprend. Il y a quelques années, j’avais l’impression d’avoir gâché ma vie en ayant des enfants trop jeune, mais l’École des parents a changé ma vision des choses», conclut Mme Charles.

Ce que d’autres parents ont dit
«Depuis que j’ai recommencé l’école, ma fille est fière de moi. Si à un certain point elle a eu envie de décrocher, elle ne veut plus le faire car elle me voit aller, elle sait que c’est difficile de le faire plus tard. Si l’École des parents disparaissait je serai probablement condamnée à rester à la maison ou faire un petit salaire à cause de mon manque de formation.» – Fléchère Foisy

– «C’est mon conjoint qui m’a inspiré à retourner aux bancs d’école. Il allait à l’École des parents, je le voyais faire ses devoirs. Malgré la fatigue de son travail, chaque soir il s’asseyait pour finir ses travaux d’école. Je me suis dit que je pouvais aussi le faire. J’attends mon deuxième bébé et je finis le secondaire. C’est ça mon objectif pour cette année.» Lysanne

– «Je ne connais pas une autre école qui pourrait s’adapter à la réalité avec laquelle je dois vivre à tous les jours. Si l’École des parents n’existerait pas, je ne pourrais pas tout simplement continuer mes études. Je ne sais pas comment je pourrais conjuguer vie familiale, avec vie scolaire et professionnelle. Si cet organisme-là ne survit pas, ça sera une grand déception pour plusieurs familles du quartier qui ont un plan de vie grâce à eux.» – Mariama Kaba

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