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La prostitution est à la mode

Bousquet-Richard Simon - TC Media
Le style prostitué et le proxénète sont à la mode chez les adolescents, selon plusieurs intervenants auprès des jeunes, qui s’inquiètent que cette banalisation favorise le recrutement des jeunes filles dans l’industrie du sexe.

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« On parle même de proxénètes qui le font pour le style et de filles qui veulent avoir l’air de prostituées », observe Pierreson Vaval d’Équipe RDP.

Les clips vidéo de groupe de Gangsta rap et ceux de Miley Cyrus, de Lady Gaga et de Rhianna, notamment, valorisent l’exposition du corps nu de la femme. Cela encouragerait un changement de comportement sexuel auprès des jeunes filles, selon les intervenants.

« Il y a un changement d’attitude chez les adolescentes qui acceptent plus les rapprochements et qui sont moins pudiques. Chez certaines, c’est normal de se faire toucher les fesses et il y a une banalisation de ce côté-là. C’est parfois même glorifié », explique Normand Séguin. Le policier du poste de quartier 45 remarque que cette culture a aussi des effets sur les jeunes garçons en véhiculant le message que le proxénétisme peut être une façon de gagner de l’argent et d’être à la mode.

Le doigt dans l’engrenage

C’est d’ailleurs souvent par la musique que les filles mettent le doigt dans l’engrenage de l’industrie du sexe. Les proxénètes banalisent souvent l’exploitation en faisant des comparaisons avec les images des clips vidéo. M. Valval raconte même l’histoire de jeunes filles engagées pour tourner un clip vidéo par un groupe de musique composé de jeunes garçons.

« Ils disent à la fille : “tu parais bien, alors tu vas être comme Beyoncé”. C’est valorisant pour la fille qui va être regardée sur YouTube. Ils commencent par l’embarquer comme ça, puis tranquillement, ils vont de plus en plus loin. »

Les filles sont souvent recrutées près des écoles secondaires, du cégep ou dans les parcs par des proxénètes qui sont parfois des jeunes qu’elles ont côtoyés à l’école. Ces recruteurs sont donc difficiles à démasquer.

« On a une perception du proxénète comme quelqu’un d’apparent, mais ce sont souvent des gens plus sophistiqués, affirme M. Vaval. Si les jeunes filles les voient venir, elles n’iront pas vers eux. Il ne faut pas penser que les jeunes veulent se soumettre à l’esclavage sexuel volontairement. »

Ce sont même parfois des adolescentes qui recrutent. Ce phénomène a notamment été observé dans les centres jeunesse.

« Elles vont leur dire que c’est un métier comme un autre. Elles présentent ça comme une business qui permet d’être indépendante et c’est ça qui est attirant », croit l’intervenant d’Équipe RDP.

D’autres tombent dans le piège d’une prétendue relation amoureuse qui tourne graduellement au proxénétisme. « Ces jeunes ont des besoins ou des carences au niveau identitaire, économique et social », explique-t-il.

Une fois que les jeunes filles sont attirées dans le milieu de la prostitution, leur souteneur les incite à couper tout contact avec leur communauté et leur famille. Les intervenants ont donc peu de temps pour agir.

« Dans nos activités, nous avons vu de jeunes filles qui malgré tout l’accompagnement et les ressources qu’elles avaient se sont orientées vers la prostitution », déplore M. Valval. Il souligne toutefois l’importance de la famille, des intervenants et de la communauté pour éviter que les jeunes femmes ne choisissent cette avenue. Le milieu est également d’une importance capitale lorsque les femmes tentent de sortir de la prostitution.

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