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Après les critiques, les appuis

Leduc-Frenette Samuel - TC Media
Après avoir fait la manchette à plusieurs reprises, force est de constater que les commerçants qui critiquent le projet de piste cyclable sur le boulevard Saint-Jean-Baptiste ne sont plus les seuls à s’exprimer sur le sujet. Des citoyens, qui parcourent l’artère à bicyclette à l’occasion, se montrent au contraire favorables à cette initiative.

Lors du dernier conseil d’arrondissement, le 3 avril, la conseillère de la Ville dans le district de Pointe-aux-Prairies, Caroline Bourgeois, avait même lu quelques courriels provenant de citoyens favorables. Cela n’a toutefois pas arrêté les commerçants, qui ont continué à vilipender le projet devant la mairesse en marge du conseil.

Certains, comme Michel Kandarakis, propriétaire de la boutique Costa Sports, sur la rue Notre-Dame tout près de Saint-Jean-Baptiste, ne voient pas d’inconvénient à ce que le projet aille de l’avant.

« C’est dur de plaire à tout le monde, mais me semble que ça ne dérangerait pas grand monde », estime-t-il.

L’homme, qui vend des skis durant la saison froide et des vélos à la fonte des neiges, affirme d’ailleurs avoir eu la visite des élus de l’arrondissement avant la présentation du projet lors du conseil du 7 février.

Sans être lui-même un grand cycliste, il reconnaît que beaucoup de gens empruntent cette artère à vélo. C’est donc avec enthousiasme qu’il a accueilli la proposition des élus.

Jean-François Plouffe habite le Vieux-Pointe-aux-Trembles. Pour se rendre au travail, dans le secteur de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, il roule à vélo sur la piste cyclable de Notre-Dame. Durant les vacances d’été, il roule sur Saint-Jean-Baptiste de deux à trois fois par semaine. Il se réjouit donc aussi de ce projet.

Contre-argumentaire

Les deux hommes ont en commun de ne pas partager le point de vue des commerçants, à commencer par la fréquentation du boulevard par les cyclistes. Selon plusieurs détracteurs, il n’y a pratiquement aucun cycliste qui y roule, et ce, surtout sur le tronçon situé entre la rue Sherbrooke et l’autoroute 40.

« C’est sûr que le plus gros [de l’achalandage], c’est entre Sherbrooke et Notre-Dame », reconnaît M. Kandarakis. Mais, selon lui, « on voit des cyclistes jusqu’à la 40. »

« C’est sûr qu’il n’y en a pas des tonnes, parce que c’est quand même un secteur où il y a peu de transits entre Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles, dit M. Plouffe. [Mais] je présume qu’avec une piste cyclable, il va y avoir plus de fréquentation. »

Les deux hommes font aussi voler en éclat l’argument selon lequel il n’est pas agréable de se balader dans le secteur industriel du boulevard. Une raison de plus, selon les commerçants, pour ne pas y installer de piste cyclable.

« C’est pas plus beau ailleurs à Montréal, lance M. Kandarakis. Mais c’est un besoin. » Il fait aussi savoir que la plupart des villes d’Europe priorisent désormais le vélo dans leurs plans d’aménagements. Une tendance mondiale qu’il est impossible de contourner.

« C’est vrai, admet M. Plouffe en référence au côté moins bucolique du secteur industriel. Mais on ne fait pas toujours du vélo par agrément. Il y a des moments où on a à se déplacer pour des raisons utilitaires et à emprunter le chemin le plus court entre le point A et le point B. »

M. Plouffe donne toutefois raison aux commerçants en ce qui a trait à la dangerosité de l’artère.

« Il faut vraiment qu’il y ait une signalisation adaptée et adéquate, croit-il. C’est pas évident parce que les feux de circulation ne fonctionnent pas nécessairement pour les vélos. C’est un aménagement qui peut être assez compliqué. »

Il soutient aussi que des pistes balisées peuvent créer un faux sentiment de sécurité chez ses usagers, et qu’il est donc important de tout mettre en place pour que les intersections, notamment, soient sécuritaires.

Mais qu’il y ait une piste ou pas, les deux croient qu’il y aura toujours des cyclistes sur Saint-Jean-Baptiste.

« À 1,50 $ le litre d’essence, on va en voir de plus en plus », conclut M. Kandarakis.

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