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Les boisés de Montréal cachent des trésors

La botaniste Stéphanie Pellerin, chapeaute plusieurs recherches sur les écosystèmes en milieu urbain.
La botaniste Stéphanie Pellerin, chapeaute plusieurs recherches sur les écosystèmes en milieu urbain. Photo: Emmanuel Delacour/TC Media

Méconnus, les boisés et terrains laissés en friche de la métropole recèlent des trésors de biodiversité. Entrevue avec une scientifique du Jardin botanique qui nous révèle les mystères ces lieux sauvages à Montréal.

Le sujet de prédilection de la botaniste Stéphanie Pellerin est l’étude des milieux humides. Toutefois, depuis quelques années, cette dernière chapeaute des mémoires d’étudiants dans le domaine de la biodiversité des écosystèmes urbains à l’Institut de recherche en biologie végétale.

«Nous avons faits plusieurs découvertes fascinantes depuis que nous nous intéressons à ce sujet. Par exemple, nous avons retrouvé au Bois-de-Saraguay une espèce indigène, le Carex echinodes, qui n’avait pas était observé au Québec depuis une centaine d’années. On s’imagine souvent qu’on fera ce genre de trouvaille seulement dans le Nord de la province, mais ce n’est pas le cas», souligne Mme Pellerin.

En effet, même s’ils sont petits, certains boisés montréalais peuvent encore contenir de rares espèces, si ceux-ci sont biens conservés.

«Il est important de créer un équilibre entre cette préservation et l’accessibilité aux personnes. C’est bien que ces parcs nature puissent être fréquentés par les résidents, mais il faut aussi respecter les espèces qui s’y trouve», insiste la scientifique.

D’autres prélèvements faits au Parc national du Mont-Saint-Bruno effectués dans les années 1980 et en 2015, ont aussi démontré qu’un site en bordure de lieux urbanisés ne sera pas nécessairement envahit par les plantes exotiques si un contrôle des mouvements humains y est administré.

«Pendant cette période de 35 ans, on a observé que le site est devenu plus riche en ce qui a trait à la biodiversité, mais que 90 % des espèces qui s’y trouvent sont indigènes», explique Mme Pellerin.

Ainsi, pas besoin d’une conservation draconienne et coûteuse pour garantir la pérennité des végétaux. Selon la botaniste, s’assurer que les visiteurs ne sortiront pas des sentiers peut faire toute une différence.

Bien évidemment, la présence des humains n’est pas la seule menace aux plantes d’ici. L’imperméabilisation des sols, par la construction d’aires de stationnement, ou la pose de gazon, peut avoir des conséquences néfastes sur les plantes.

De plus, la création de milieux plus arides et chauds, ainsi que celle d’îlots de chaleur, n’ont pas que des effets négatifs sur la flore, mais aussi sur les habitants des villes, rappelle la botaniste.

«Moins il y a d’espaces verts en milieux urbain, plus les incidences de maladies respiratoires et mentales sont observées auprès de la population, selon de nombreuses études. Il faut savoir que pour plusieurs citadins, le seul contact avec la nature est établit avec l’arbre qu’ils trouvent dans leur rues. Plusieurs résidents ne sortent jamais de l’île de Montréal», souligne Mme Pellerin.

Assurez la biodiversité dans les boisés en milieu urbain
La botaniste Stéphanie Pellerin recommande certains comportements à adopter lorsqu’on visite un espace naturel en ville:

– Ne cueillez pas les plantes sans l’avis d’un expert, mêmes si vous croyez qu’elles sont nuisibles.

– Évitez de sortir des sentiers battus, afin de ne pas endommager les végétaux.

– Ne faites pas faire de feux.

– N’entaillez pas les arbres et n’arrachez pas leurs branches, puisque cela peut entrainer le développement d’infections dans les végétaux.

– Ne jetez pas vos déchets horticoles dans les boisés. Les rebus de votre jardin peuvent causer la prolifération d’espèces exotiques envahissantes dans les espaces naturels.

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