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Stationnement aux intersections: le «bâton avant la carotte» dénoncé

L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie l’avait annoncé en décembre dernier. 2016 marquera la fin de la tolérance envers le stationnement à moins de cinq mètres d’une intersection. Une mesure qui sera appliquée à l’échelle de Montréal. Mais, avant de faire pleuvoir des contraventions, une campagne d’information devait être enclenchée. Or, plusieurs citoyens se voient déjà contraints de débourser 57$.

«Je suis surpris, car nous n’avons pas encore donné le go, admet François Croteau, maire de Rosemont–La Petite-Patrie. Cependant, on ne peut pas demander aux policiers de ne pas appliquer la loi.»

L’article 386 du Code de la sécurité routière stipule, en effet, qu’aucun véhicule ne doit être stationné à moins de cinq mètres d’une intersection, d’un passage pour piétons ou encore d’une borne-fontaine.

Mais à Montréal, face à la pénurie de stationnement, une tolérance est appliquée depuis des années, contrairement à plusieurs autres villes de la province.

Certains arrondissements ont déjà pris des mesures, en peignant en jaune les bordures aux intersections. Une indication que devrait également être appliquée prochainement par l’administration rosemontoise.

«Un marquage au sol a été privilégié aux panneaux. Il y en a déjà assez qui défigurent Montréal et qui rendent le stationnement incompréhensible. Et puis, cela nous coûterait 1,2M$ en signalisation. La peinture sera appliquée d’ici quelques semaines et un courrier sera envoyé aux citoyens pour les avertir de ce changement», ajoute M. Croteau.

«Une demi-épicerie»
En attendant d’en être officiellement informé, Daniel Auclair devra tout de même s’acquitter de ses frais de contravention.

contravention 5 mètresLe Rosemontois a reçu une amende de 57$, le 23 avril en matinée, pour s’être stationné à moins de cinq mètres d’un arrêt, sur la 6e Avenue, au coin de la rue Dandurand.

«Je conduis depuis 1976 et c’est la première fois que j’entends parler de cet article du Code de la sécurité routière. Ce n’est pas la première fois que je me gare à moins de cinq mètres d’une intersection et je n’avais jamais reçu de contravention avant cela», confie-t-il.

Deux autres véhicules ont été sanctionnés en même temps que lui. «Ils ont frappé le jackpot. Ils ont fait 171$ en quelques minutes. Si ça n’est plus toléré, pourquoi on ne nous le dit pas tout de suite, se demande M. Auclair. On gratte déjà assez fort pour nos cents, ce n’est pas pour avoir en plus des contraventions. Ça me coûte une demi-épicerie cette affaire-là.»

L’amende en question a été remise par les agents du poste de quartier (PDQ) 44. Le commandant du PDQ, François Leblanc, reconnaît qu’il est «très difficile de savoir où commence le cinq mètres». «On applique le règlement si le véhicule empiète sur la traverse pour les piétons, sur la descente de trottoir pour les personnes à mobilité réduite ou s’il empêche une bonne visibilité. Pour le reste, on attendra que la ville diffuse l’information», explique-t-il.

Aucun mot d’ordre n’aurait été donné pour sanctionner davantage les automobilistes. C’est ce que soutient Sylvain Sauvageau, l’un des responsables à la Section de l’application de la réglementation du stationnement du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

«Les agents de stationnement (ADS) ne se font pas un malin plaisir d’aller calculer le cinq mètres et on ne fournit pas non plus un tape à mesurer avec l’uniforme. Croyez-moi, aucun mot d’ordre n’a été donné», affirme-t-il.

Quelque 400 contraventions sont données chaque année dans l’arrondissement pour ce motif, selon les données du SPVM.

« C’est assez similaire d’une année sur l’autre. On en compte peut-être une cinquantaine de plus actuellement, par rapport à la même période l’an passé », estime M. Leblanc.

stationnement 5 mètres
M. Auclair était stationné au même endroit que la voiture blanche, quand il a reçu sa contravention.

La présence de l’école Saint-Jean-de-Brébeuf, à l’angle de la 6e Avenue pourrait expliquer la contravention de M. Auclair, car son véhicule n’empiétait pas sur le passage pour piéton et était stationné à l’intérieur des bandes blanches tracées à cet effet.

«La sécurité est plus accrue dans les zones d’école», note M. Sauvageau. De nombreuses saillies de trottoir ont d’ailleurs fleuri à proximité des établissement scolaires depuis quelques années pour forcer le dégagement des intersections.

M. Auclair reste cependant perplexe et estime avoir été «pris dans une souricière». «Pourquoi donner immédiatement une contravention au lieu d’un avertissement», se questionne-t-il.

M. Sauvageau précise que les ADS n’ont pas le pouvoir légal et technique de dresser des billets de courtoisie.

En revanche, les agents du SPVM sont habilités à le faire. La pratique est régulièrement observée lors d’opération de sensibilisation.

M. Auclair réfléchit à plaider sa cause à la Cour municipale. Il pense également porter sa voix au conseil d’arrondissement, lundi soir.

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