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Des crayons pour la survie des centres d’éducation populaire

Photo: Hugo Lorini TC Media

Les centres d’éducation populaire de Montréal n’ont pas les moyens de «recommencer à zéro» dans les négociations avec un nouveau ministre de l’Éducation. Une centaine de personnes ont donc manifesté jeudi matin devant les bureaux de Philippe Couillard pour qu’il intervienne directement.

La survie même de ces organismes est en péril depuis le départ d’Yves Bolduc. Il y a trois ans, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) avait annoncé la fin du financement et des baux des centres d’éducation populaire. Les centres s’étaient alors tournés vers Québec pour compenser.

Après des mois de pourparlers avec le ministre, une entente était intervenue, incluant le financement pour la rénovation des centres, un bail de 3 ans avec la CSDM ainsi qu’un financement régressif. Selon Karine Triollet, la coordonnatrice de la Table de concertation communautaire de Pointe-Saint-Charles, «l’entente s’était même rendue au Conseil du trésor, il ne manquait plus qu’une signature. C’était une solution imparfaite mais qui permettait au moins la survie des centres. »

Les centres d’éducation populaire sont des ressources qui, depuis plus de 40 ans, offrent notamment des services d’éducation, dont l’alphabétisation, des cuisines collectives et la francisation, aux personnes défavorisées et exclues, tout comme aux nouveaux arrivants. Le 31 mai prochain, faute d’une entente pour absorber le manque à gagner de plus de 340 000$, ils seront expulsés des bâtiments qui appartiennent à la CSDM.

Décret

Les six centres d’éducation populaire de Montréal, dont deux se trouvent dans le Sud-Ouest, avaient alors eu l’assurance qu’un décret devait être signé au début du mois de mars par le conseil des ministres. À onze semaines de l’expulsion, «la valse a assez duré» lance Donald Nolet, le coordonnateur du Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles.

«Nous n’avons pas les moyens de recommencer à zéro avec le nouveau ministre de l’Éducation, François Blais, le cinquième depuis l’annonce de la fin du bail» fait valoir monsieur Nolet.

J’ai le droit…

Pourtant, le gouvernement libéral tout comme les partis d’opposition ont reconnu l’importance des centres d’éducation populaire. Manon Massé, la députée de Québec solidaire de Ste-Marie – St-Jacques, a décidé d’aller plus loin. Présente lors de la manifestation de mardi matin, elle a confirmé qu’elle allait continuer de faire pression sur le ministre de l’Éducation parce qu’il y a urgence. «Ces gens-là vont être à la porte. C’est terrible pour eux de ne pas savoir où ils vont aller», ajoute-t-elle.

Sur les nombreuses pancartes des manifestants, on pouvait lire des témoignages tels que : j’ai le droit d’apprendre à me faire des amis, briser mon isolement, m’impliquer dans la communauté, et bien d’autres. Les intervenants revendiquaient quant à eux le droit de poursuivre leur travail.

Fermer les centres n’est pas une option selon Karine Triollet. «Cela priverait 7000 familles, dont 700 dans le Sud-ouest, parmi les plus exclues du droit à l’éducation, à la socialisation et à l’intégration. Le Carrefour est un lieu d’implication citoyenne, d’apprentissage, d’entraide, d’action collective. C’est une véritable maison de quartier».

Crayons à Philippe Couillard

Les manifestants demandent maintenant au premier ministre de prendre le dossier en main pour le régler une fois pour toute. Des crayons géants ont été remis à Philippe Couillard pour qu’il puisse apposer sa signature sur une grande affiche où était inscrit «Moi aussi j’ai appris. Je finance l’éducation populaire».

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