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Verdun, laboratoire pour la future politique de soins à domicile

Photo: Andréanne Moreau/TC Media

Il y a quatre ans, la docteure Geneviève Dechêne a décidé de s’impliquer afin de ramener la pratique des soins à domicile. Aujourd’hui, le modèle qu’elle a mis en place dans le Sud-Ouest et Verdun est considéré comme exemplaire par le ministère de la Santé et sert de laboratoire pour une future politique provinciale.

L’équipe de soins à domicile de la Dre Dechêne prend en charge 450 patients. Ces derniers, traités dans leur résidence, n’ont jamais besoin de se déplacer ou d’attendre pour voir un médecin. L’objectif de la docteure est simple: que tous les Québécois en perte d’autonomie et en soins palliatifs aient accès à un tel service.

Pour faire changer les choses au Québec, la médecin a invité il y a un an le ministre de la Santé Gaétan Barrette à passer une journée avec elle pour qu’il puisse constater lui-même le travail accompli et les résultats qui en découlent.

Il y a rencontré un ancien chauffeur de taxi qui recevait les soins palliatifs de chez lui et lui a raconté toute la différence que ce service lui apportait, exprimant du même coup au ministre sa volonté de voir tous les Québécois pouvoir jouir des mêmes avantages.

Depuis convaincu de l’importance de ramener ce pôle de la médecine familiale dans la pratique, le Dr Barrette est resté en contact avec l’omnipraticienne et a fait de Verdun un laboratoire pour les soins à domicile.

«C’est Verdun qu’on essaie de reproduire à travers le reste du Québec», observe-t-il.

Rémunération
D’après la Dre Dechêne, le nerf de la guerre pour qu’un plus grand nombre de soins à domicile soient disponibles réside dans la rémunération des médecins, qui changera dès que la loi 20 sera mise en application, en décembre 2017.

«Pour l’instant, les services à domicile ne sont pas rémunérés proportionnellement à l’effort qu’ils demandent. Ce sont les cas les plus lourds à traiter, physiquement et émotivement. Mais un médecin qui les donne coupe de 50% son salaire en cabinet. Ça envoie le message que c’est une pratique qui n’a pas de valeur», fait-elle valoir.

Si elle a réussi à recruter des omnipraticiens dans son équipe, c’est que la nouvelle génération est généreuse, altruiste, selon elle.

Présentement, moins de 2% des actes médicaux pratiqués par des médecins de famille se font à domicile, une proportion qui a chuté depuis les quinze dernières années.

Dre Dechêne estime qu’il s’agit d’une conséquence directe d’un choix syndical, puisque la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) détermine seule la répartition de l’enveloppe salariale accordée à ses membres.

La loi 20 viendra toutefois bousculer cette situation puisqu’elle inclut un nouveau quota de rémunération, qui signifiera qu’un malade traité chez lui aura la même valeur que douze patients reçus en cabinet.

La Dre Dechêne espère tout de même que les changements n’attendront pas aussi longtemps et que davantage de patients pourront être pris en charge chez eux avant cette date butoir.

«L’économie de système entraînée par la pratique des soins à domicile est déjà prouvée. Et ils permettent en plus de désengorger les urgences, puisque les patients qui les reçoivent seraient autrement hospitalisés beaucoup plus souvent», soutient-elle.

Le ministère de la Santé tiendra en février un forum sur les soins à domicile. La pratique de Mme Dechêne y sera citée en exemple et le ministre Gaétan Barrette s’est déjà engagé à l’aider dans sa lutte pour accorder à tous les Québécois qui en ont besoin des soins à domicile.

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