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La consigne, un système vétuste à améliorer pour aider les valoristes et l’environnement

Photo: Pablo A. Ortiz

Pour la cinquième année consécutive, la coopérative de solidarité Les Valoristes a ouvert son centre de récupération de contenants consignables sous le pont Jaques-Cartier. L’organisme appelle à moderniser le système de consigne, inchangé depuis 1984.

C’est sur une petite parcelle d’herbe assiégée par le béton, les routes et les voitures, que la coopérative de solidarité Les Valoristes accueille quiconque désire vendre des contenants consignés: des bouteilles de bière, des canettes et des bouteilles en plastique de boissons gazeuses.

Niché sous le pont Jacques-Cartier, plusieurs bénévoles comptent et trient les canettes pendant que les valoristes attendent de recevoir leur dû. Simples déchets pour certains, ces contenants sont une source de revenu non négligeable pour eux. Ces travailleurs de l’ombre rendent aussi Montréal plus propre en vidant ses rues de ses déchets la nuit, quand la ville dort. Chaque été depuis cinq ans, la coopérative redistribue 25 000$ aux valoristes qui leur dépose des contenants.

Au milieu du petit terrain, des sacs remplis s’empilent en même temps qu’arrivent de nouvelles personnes, toutes chargées de canettes ou de bouteilles. C’est la cinquième année que la coopérative de solidarité Les Valoristes récupère les contenants consignés. Depuis 5 ans, la coopérative a vu défiler près de 900 valoristes.

Cet été, la coopérative va aussi installer un centre de tri temporaire dans le Complexe Desjardins, un des lieux où les valoristes rapportent le plus de contenants consignés à Montréal.

L’espace sous le pont Jacques-Cartier, situé à l’angle des rues de Lorimier et Falardeau, restera ouvert jusqu’à la fin de l’été, «peut-être au début de l’automne, dépend[amment] des subventions», glisse le président, Pierre Batellier. La coopérative ne vit que grâce aux subventions de RecycQuébec et de quelques autres entreprises privées. Il aimerait que ce centre soit ouvert toute l’année et que le système de consigne soit modernisé.

«Le prix des cannettes n’a pas été modifié depuis 1984, il serait peut être temps de le monter à 10 sous, ça permettrait de ramener plus de canettes, ça ferait une différence importante pour les valoristes. Ils pourraient travailler un peu moins, ils ne font pas ça par plaisir», plaide-t-il.

Actuellement, une canette et une bouteille de soda valent 0,05$, une grande cannette ou bouteille 0,20$ et une bouteille en verre 0,10$. Pierre Batellier souhaiterait aussi que les bouteilles d’eau en plastique soient consignées, alors que la Ville songe à les interdire. Une harmonisation des canettes consignées serait bienvenue, plaide aussi le président. Actuellement, ce ne sont pas toutes les canettes qui sont acceptées à la consigne, par exemple, celles d’eau pétillante ou certaines boissons aromatisées. Il aimerait aussi que la coopérative puisse toucher la prime de 0,02$ par contenant que payent les producteurs aux commerçants.

Julien, la trentaine, fait quatre à cinq heures de marche la nuit pour récupérer des canettes et des bouteilles vides. Il fait ça pour arrondir ses fins de mois, tout simplement pour mieux vivre. Les bonnes nuits, il peut gagner jusqu’à 100$ pour quatre heures de ramassage. Parfois moins, surtout à la fin du mois, quand il y a beaucoup de monde à ramasser les contenants.

«J’ai pu remplacer ma machine à café, me payer du «luxe». Je ne vais jamais au restaurant; grâce à ça, je peux y aller quelques fois», raconte-t-il.

«Le regard des gens change sur les valoristes, se félicite le président de la coopérative. Ils ne font pas ça par choix, c’est très dur, des dizaines d’heures la nuit pour parfois 20$. Oui, parfois il y a des sacs de poubelles ouverts, mais c’est une minorité qui fait ça. Ils savent qu’il y aura des impacts négatifs si la collecte se passe mal».

En 5 ans, la coopérative a réalisé plusieurs études et sondages sur les valoristes. «La majorité d’entre eux ne sont pas itinérants, ils utilisent justement l’argent des canettes pour payer leur loyer», explique Pierre Batellier, en avançant qu’une fin hypothétique de la consigne pourrait augmenter le nombre de personnes itinérantes.

Julien préfère venir ici plutôt que d’aller rendre ses contenants dans les épiceries. «Ici, les gens sont gentils. À l’épicerie, il faut attendre que les machines soient vidées, des fois ils n’aiment pas qu’on arrive avec beaucoup de canettes», raconte-t-il.

Le système de consigne a été mis en place en 1984. Dans les dernières années, 28% des canettes de bière n’ont pas été récupérées par ce système. Ce chiffre grimpe à 32% pour les bouteilles de soda.

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