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Les États-Unis ne sont pas un pays «sûr» pour les migrants, selon Amnistie internationale

President Donald Trump, center, listens to Vice President Mike Pence, right, address members of the media before signing an executive order to end family separations at the border, during an event in the Oval Office of the White House in Washington, Wednesday, June 20, 2018. Looking on is Homeland Security Secretary Kirstjen Nielsen, left. (AP Photo/Pablo Martinez Monsivais) Photo: AP

«Donald Trump fait de la politique sur le dos des migrants», a dénoncé la directrice générale d’Amnistie internationale Canada, Geneviève Paul, mercredi, au cours d’une journée pleine de rebondissements, marquée par la signature d’un décret présidentiel pour empêcher la séparation des familles de migrants en détention.

«C’est complètement dans un but dissuasif. C’est de la politique, un jeu de politique de l’administration pour pouvoir justifier d’autres mesures encore plus sévères», a-t-elle estimé, évoquant notamment le fameux mur entre le Mexique et les États-Unis, une de ses controversées promesses de campagne.

Peu de temps avant le revirement surprise de Donald Trump, Amnistie internationale, en compagnie de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), et la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), ont appelé à suspendre l’entente sur les tiers pays sûrs, estimant que les États-Unis ne sont pas pas un pays qui protège les migrants.

L’entente sur les tiers pays sûrs stipule que les réfugiés doivent demander l’asile dans le premier pays où ils arrivent, le plus souvent les États-Unis. Considérant le Canada et les États-Unis comme des pays «sûrs», l’entente prévoit donc que le Canada puisse refuser les réfugiés qui veulent y entrer et les renvoyer vers les États-Unis plutôt que dans leurs pays d’origine, pour qu’ils demandent l’asile là bas.

Or, selon Amnistie, les États-Unis ne sont pas un pays sûr, et le décret signé mercredi par Donald Trump n’y changera rien. «C’est impensable, voir hypocrite de continuer à affirmer que les États-Unis sont un pays sûr», a déclaré Geneviève Paul.

Pour le président de la TCRI, Stephan Reichhold, abolir l’entente permettrait de régler au moins deux situations préoccupantes: les passages irréguliers à la frontière et la répartition des demandeurs d’asile à travers le pays.

«L’image du réfugié qui arrive à travers la forêt de manière irrégulière est désastreuse au niveau de l’image des réfugiés. Ça n’aide pas à la cause et ça a une connotation très négative», a-t-il déclaré. Suspendre l’entente permettrait aux réfugiés d’entrer par les postes-frontière et de faire leur demande d’asile à ce moment-là, de manière régulière. 59% des demandeurs d’asile franchissent déjà la frontière de manière régulière, selon le Haut commissariat aux réfugiés.

Enfin, cela permettrait de mieux répartir les demandeurs d’asile à travers le pays, a ajouté Stephen Rechhold, puisque la frontière du sud du Québec a concentré 91% de toutes les entrées irrégulières au pays en 2017.

Il y a tout juste un an, l’ONG avait déjà demandé au gouvernement fédéral de suspendre l’entente sur les tiers pays sûrs, en soulevant 14 points problématiques qui montrent que les États-Unis ne respectent pas les normes juridiques canadiennes et internationales. La détention des demandeurs d’asile constituait déjà un des points de litige, tout comme les expulsions arbitraires et l’interdiction de demande d’asile après avoir passé un an sur le territoire.

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