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Des travailleurs guatémaltèques demandent justice devant la Cour fédérale

Photo: Josie Desmarais / Métro

Arrêtés en octobre 2016, douze employés agricoles guatémaltèques se présenteront mercredi devant la Cour fédérale pour tenter de suspendre le décret d’expulsion émis contre eux. Ils se disent victime d’une fraude à l’emploi, qui aurait conduit à leur arrestation il y a deux ans.

«On a été traité comme des criminels», a témoigné mardi Juan Hernandez, en conférence de presse. Cet ouvrier agricole guatémaltèque, ses collègues, leurs avocates et le Centre des travailleurs et travailleurs immigrants ont tenu à rappeler le combat qu’ils mènent depuis un an et demi. «Pour obtenir justice», ont-ils clamé. Depuis leur libération, ils sont sous le coup d’une procédure d’expulsion, une véritable épée de Damoclès au-dessus de leur tête qui leur fait vivre un stress constant.

M. Hernandez et 14 de ses collègues ont été arrêtés et détenus au centre de surveillance de l’immigration à Laval, à la suite d’une enquête criminelle de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) contre l’entreprise de placement Les progrès inc et son propriétaire, Esvin Cordon, en octobre 2016.

Ces 12 employés, qui étaient 18 à l’origine – trois sont rentrés au Guatemala –, crient à l’injustice et se disent victimes d’une fraude de l’agence de placement, qui les aurait incités à changer d‘employeur, tout en leur facturant des frais de conseils en immigration de plusieurs milliers de dollars. Depuis, ils sont sous le coup d’un décret d’expulsion qu’ils espèrent lever après leur audience mercredi devant la Cour fédérale. Dans la foulée des arrestations des employés, en octobre 2016, M. Cordon s’était défendu en affirmant respecter la loi et avoir simplement demandé aux employés de faire les démarches nécessaires pour modifier leurs visas. Il avait alors évoqué une «campagne de salissage». Une version que démentent les employés, qui ont dit avoir été approchés par un proche de M. Cordon, les encourageant à changer d’emploi en passant par l’agence de placement Les progrès.

«On paye plus cher pour les fraises du Québec, mais on ne connaît pas le sort des travailleuses mexicaines et guatémaltèques subissent dans ces fermes de fraises. Personne ne s’en rend compte et personne ne se pose la question. On veut appuyer notre agriculture locale, mais on ne prend pas la peine d’aller s’enquérir sur le sort de celles qui cueillent ces fraises-là», a dénoncé l’avocate des travailleurs guatémaltèques, MSusan Ramirez.

Avec leur visa de travail «fermé», ces ouvriers agricoles étaient liés à un seul employeur et devaient travailler exclusivement pour lui. Dénonçant des conditions de travail impossibles, des journées de travail de 17 heures, une rémunération de 300$ par semaine, l’agence de placement leur avait offert la possibilité de changer d’employeur. En acceptant un autre emploi, ces ouvriers, qui ont dit avoir été «surexploités», étaient donc dans l’illégalité, chose qu’ils ne savaient pas, ont-ils soutenu.

Avec leurs avocates, Susan Ramirez, ils ont intenté plusieurs poursuites, dont une criminelle, contre cette agence de placement. Pourtant, si la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et l’ASFC enquêtent depuis un an et demi sur cette agence, aucune information ne leur a été fournie et aucun des 15 anciens employés arrêtés n’a été entendu par les enquêteurs. En octobre 2017, soit un an après l’arrestation des employés guatémaltèque, deux autres ouvriers ont été arrêtés pour les mêmes raisons, en lien avec cette agence de placement.

Cette affaire n’est pas un cas isolé, a soutenu Me Ramirez, qui évoque un «problème pancanadien». Elle dénonce les conditions de travail de nombreux travailleurs saisonniers étrangers, encouragés à venir au Québec pour pallier au manque de main-d’œuvre dans le domaine agricole.

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