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Montréal ne veut plus s’identifier comme une ville sanctuaire

La mairesse de Montréal, Valérie Plante Photo: Josie Desmarais/Métro

Près de deux ans après l’adoption à l’unanimité de la déclaration faisant de Montréal une ville sanctuaire, l’administration de Valérie Plante a décidé de s’éloigner de cette appellation. Elle choisit plutôt de s’identifier comme une «ville responsable et engagée» en matière d’immigration et d’intégration des nouveaux arrivants.

«On est très inconfortables avec la façon avec laquelle l’idée de ville sanctuaire a été amenée, a affirmé mercredi la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en marge de la présentation du plan d’action en immigration 2018-2021 de la Ville.

À ses dires, cette désignation est mal comprise, soit que «personne ne peut être renvoyé parce qu’il est dans une ville». «Au Canada, ça ne tient pas la route. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, a-t-elle expliqué. On veut être plus transparent, et dans notre carré de sable, on va tout mettre en place pour protéger les nouveaux arrivants et leur donner les services auxquels ils ont droit.»

«À Montréal, on ne veut pas vous poser de questions sur votre statut, mais s’il y a une procédure de renvoi en bonne et due forme, les policiers ne pourront pas en faire fi.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

«Ce qu’on veut, c’est que nos agents ne cherchent pas à en savoir davantage. On travaille avec le SPVM [Service de police de la Ville de Montréal] en ce sens-là», a-t-elle ajouté.

La Ville entend aussi créer une politique d’accès aux services municipaux «sans peur». «Il faut s’assurer que les gens n’aient pas besoin de donner une adresse quand ils n’en ont pas, qu’ils aient accès aux services sans crainte d’être identifiés, a expliqué la directrice du Bureau d’intégration des nouveaux arrivants (BINAM), Marie-Christine Ladouceur-Girard. On veut voir quels services sont prioritaires et les freins à l’accès à ceux-ci, en documentant le phénomène.»

Montréal militera également pour la mise en place de points de services qui puissent traiter les demandes des nouveaux arrivants «plus rapidement et plus efficacement». «On est en pourparlers, mais on veut simplifier le processus. Et il y a un intérêt pour faciliter les mesures. Chose certaine, l’endroit devra être facilement accessible en transport collectif», s’est limitée à dire la mairesse.

Une cellule d’intervention sera aussi mise sur pied avec le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) pour protéger les personnes souhaitant dénoncer une situation d’abus, et ce sans crainte d’être questionnées sur leur statut social et juridique. Des efforts seront aussi mis dans la francisation en entreprises.

Des pistes «intéressantes» qui viennent pallier les lacunes actuelles, croit le DG de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), Stephan Reichhold. «Le défi qui reste toutefois, c’est la coordination des mesures au niveau montréalais. Ça prend une instance où tout le monde est assis autour de la table, pour arriver à une vision commune de l’accueil des nouveaux arrivants», a-t-il dit.

La faiblesse actuelle du système, selon lui, est que les services offerts aux immigrants «sont catégorisés en fonction des statuts». «Là, on ouvre une nouvelle brèche. Ça pourrait inspirer nos amis du ministère de l’Immigration», a-t-il pointé. Il a louangé le nouveau plan de la Ville pour sa «mise en relief de l’expertise des organismes communautaires» notamment.

Sept territoires «d’inclusion prioritaire» seront ciblés, soit Montréal-Nord, Anjou, Saint-Léonard, Ahuntsic-Cartierville, Pierrefonds-Roxboro, Saint-Laurent et Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.

L’opposition se questionne
Même si elle accueille «favorablement» le plan d’action et qu’elle parle de «recommandations intéressantes», l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal se questionne sur le «timing» derrière cette annonce, quelques heures après que Québec ait confirmé sa volonté de réduire les seuils d’immigration. Mardi, Valérie Plante a demandé au gouvernement de «clarifier» les mesures qu’il pense mettre en place pour «prendre soin» des nouveaux arrivants.

«Ça aurait été plus à propos de retarder l’annonce pour voir quelles mesures on veut justement mettre de l’avant au provincial. On pourrait ainsi mieux intégrer le tout.» -Lionel Perez, chef d’Ensemble Montréal.

M. Perez s’est aussi étonné des nouvelles orientations entourant la ville sanctuaire. «Ce qu’on veut tous, certes, c’est de donner des services municipaux aux gens, peu importe leur statut d’immigration. C’est précisément ce qu’on avait dit dans notre déclaration. Même la mairesse avait voté en faveur. Si elle veut le changer, elle a le droit, mais il n’y a pas de définition uniforme de ville sanctuaire. On doit s’approprier la nôtre.»

Pour l’opposition, la ferveur qu’a la mairesse pour défendre des enjeux de mobilité comme la ligne rose devrait être équivalente quand il est question d’immigration. «On ne la voit pas aller revendiquer au gouvernement de revoir sa position, de dire qu’il y a besoin criant de main-d’œuvre. Elle doit démontrer plus de leadership et demander d’avoir les données sur lesquelles le gouvernement se base.»

«C’est dommage que la métropole n’ait pas un plus grand rôle, sachant qu’on accueille environ 70% des immigrants du Québec», a déploré Lionel Perez.

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