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Montréal doit mieux protéger son parc locatif, soutient l’IRIS

Infections et moisissures font partie des problèmes les plus cités par les résidents touchés par l'insalubrité de leur logement. Photo: Archives Métro

L’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) interpelle la Ville de Montréal pour que celle-ci protège mieux son parc locatif. «Dans un contexte de spéculation immobilière accrue» dans la métropole, l’organisme a publié mardi une étude dans laquelle figurent trois recommandations pour protéger et favoriser l’accès aux logements sur l’île.

Selon l’IRIS, l’administration Plante dispose de ressources «efficaces» et suffisantes pour s’attaquer aux «effets pervers» qu’engendre le développement immobilier sur les logements locatifs. Selon des données du groupe de recherche, le prix mensuel des logements construits après 2005 dépasse de 358 $ le loyer moyen à Montréal.

«Le problème, c’est que le boom immobilier des dernières années a créé une grosse pression sur le parc locatif, en particulier sur le marché locatif dans certains quartiers centraux», a expliqué à Métro le chercheur à l’IRIS et auteur de l’étude, Louis Gaudreau. «En ce moment, les propriétaires imposent souvent aux locataires de s’en aller, ou bien d’accepter des augmentations de loyer. Et quand ce n’est pas le cas, ils veulent convertir leurs logements en formes résidentielles plus rentable, comme le condo ou la copropriété», a-t-il analysé.

Pour «faire face à l’urgence» dans les secteurs les plus touchés, la Ville de Montréal devrait selon lui émettre des avis de réserve foncière sur certains terrains et propriétés du marché. «En gelant les transactions sur un immeuble, on viendrait au moins freiner certains projets spéculatifs», a avancé l’expert.

Dans un tel cas, la loi stipule que Montréal a un délai de deux à quatre ans pour choisir de racheter ou non la propriété. «Si la Ville ne l’acquiert pas au bout de quatre ans, ça finit là, mais au moins, on aura empêché le propriétaire de vendre à des investisseurs pendant ce temps-là», a-t-il renchéri, précisant que des «budgets spécifiques» pourraient être prévus à cet effet.

«La Ville a déjà fait des avis de mise en réserve. Cet automne, elle l’a fait sur des terrains où elle anticipe des grands développements, comme [sur le terrain de l’hippodrome] Blue Bonnets, ou aux environs de l’usine Molson. Maintenant, on propose de le faire dans le cadre du bâti existant, pour maintenir la forme locatif et le coût du loyer.» -Louis Gaudreau

Des permis et du zonage
Depuis la réforme de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme en 2017, les villes du Québec ont le pouvoir de délivrer des permis de construction «conditionnels» à l’implantation de logements abordables ou sociaux.

D’après l’IRIS, il faudrait s’inspirer de cette réforme, en créant des permis de construction conditionnels au maintien du logement locatif. Un exercice qui se ferait «à coût nul pour les municipalités» et qui aurait «un impact important sur la présence de ces logements», a estimé le coauteur de l’étude, Me Manuel Johnson.

Il importe enfin pour les deux chercheurs de créer un zonage «locatif» à Montréal pour favoriser le maintien de ce genre de logements.

«On n’est pas en train de dire qu’on va forcer des propriétaires à quitter leur duplex pour les louer à d’autres, mais on pense qu’il faut imposer des standards. Cela empêcherait à tout le moins la conversion de logements locatifs en copropriétés et en condos», a poursuivi Louis Gaudreau.

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