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Le Canada accueille des centaines de personnes sauvées de l’esclavage en Libye

Ahmed Hussen. Photo: La Presse canadienne Photo: THE CANADIAN PRESS

OTTAWA — Plus d’un an après l’appel des Nations unies pour que des pays accueillent les réfugiés qui avaient été des esclaves en Libye, Ottawa a commencé à en réinstaller des centaines.

Le Canada est l’un des rares pays à avoir répondu présent à la demande des Nations unies d’accueillir des réfugiés qui vivaient dans des centres de détention en Libye, a déclaré mercredi Michael Casasola, officier de réinstallation pour l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. «Cela peut prendre un certain temps avant que les pays fassent leur sélection parce qu’il s’agit d’un geste volontaire. Ils veulent donc passer au crible, explique l’agent de l’ONU, installé à Ottawa. Ils suivent leur processus de sélection habituel, cela peut prendre du temps.»

Plus de 150 personnes ont été réinstallées jusqu’ici et 600 autres sont attendues au cours des deux prochaines années dans le cadre du programme d’établissement des réfugiés, a précisé mercredi le ministre canadien de l’Immigration, Ahmed Hussen.

Le Canada prévoit également d’accueillir 100 réfugiés nigériens sauvés des centres de détention libyens pour migrants, y compris des victimes du trafic d’êtres humains, a ajouté le ministre. Le Niger faisait pression sur l’ONU afin qu’elle trouve de nouveaux foyers pour les réfugiés que ce pays avait accueillis, a précisé M. Casasola.

La Libye est une escale très prisée pour tous ces demandeurs d’asile d’Afrique qui veulent traverser la mer Méditerranée afin de gagner l’Europe. Dans une vidéo publiée en 2017, qui a fait réagir les leaders du monde entier, on pouvait voir ce qui semblait être des passeurs vendant tels des esclaves des migrants emprisonnés près de Tripoli.

Le ministre Hussen avait dévoilé le plan canadien de réinstallation lundi soir, lors d’un événement organisé à Ottawa pour célébrer le Mois de l’histoire des Noirs, mais il avait donné peu de détails. Il indiquait seulement que l’ONU avait demandé au Canada de «secourir» des personnes qui «avaient subi un traumatisme inimaginable».

Cette initiative canadienne pour les réfugiés de Libye fait suite à la récente réinstallation d’environ 1000 réfugiés yézidis d’Irak et de 40 000 Syriens, menacés par les forces syriennes et les militants de Daech (groupe armé État islamique).

Une traversée parfois mortelle
La traversée de la mer Méditerranée depuis l’Afrique du Nord jusqu’aux côtes européennes s’est révélée extrêmement risquée, voire mortelle, pour les migrants qui fuyaient déjà la violence et l’instabilité dans leur région.

Le mois dernier, l’Organisation internationale pour les migrations, une autre agence de l’ONU, a révélé que 5757 migrants et réfugiés étaient arrivés en Europe par la mer au cours des 27 premiers jours de 2019, une légère augmentation par rapport aux 5502 arrivés à la même période l’an dernier. Le nombre de morts a légèrement diminué pour atteindre 207 cette année, contre 242 en 2018.

Mais l’afflux de migrants en Europe a provoqué des réactions parfois hostiles. Le gouvernement populiste italien n’autorise plus les navires à débarquer des migrants sur ses côtes, dans le cadre d’un effort visant à forcer les autres pays de l’Union européenne à partager le fardeau de cette migration.

«Alors que le Canada accueille un plus grand nombre de réfugiés, y compris des réfugiés de Libye, il est important de rappeler aux autres pays leurs propres engagements en vertu de la Convention de 1951 sur les réfugiés et la nécessité de respecter le principe de partage des responsabilités, qui est l’une des nouvelles normes du pacte sur les migrations, que le Canada et d’autres pays viennent de signer» à Marrakech en décembre, a déclaré Fen Hampson, directeur du Conseil mondial pour les réfugiés, un organisme mené par le Canada.

Le conseil, une coalition d’experts internationaux et d’anciens politiciens, a été formé pour apporter des solutions à la crise mondiale des migrations, qui a récemment été abordée dans le «pacte mondial des Nations unies pour des migrations sûres, ordonnées et régulières».

La semaine dernière, une coalition d’organisations humanitaires de plusieurs pays européens a condamné la «petite politique» qui a cours en Europe à propos des migrants. «Depuis le mois de janvier 2018, plus de 2500 femmes, enfants et hommes y ont péri, noyés, lit-on dans la lettre ouverte. Dans le même temps, les dirigeantes et dirigeants de l’UE n’ont rien fait pour répondre à la tragédie se déroulant sous leurs yeux.»

«Toute demande de débarquement débouche sur de longues et douloureuses négociations entre États européens afin de déterminer où le bateau peut débarquer, qui peut accueillir les survivantes et survivants et procéder aux demandes d’asile.»

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