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REER: Stratégies fiscales pour travailleurs autonomes et contractuels

Photo: Getty Images/iStockphoto
Philippine de Tinguy - Métro

À l’approche de la date limite pour cotiser à un régime enregistré d’épargne-retraite (REER), 
de nombreux travailleurs autonomes et à contrat se questionnent quant 
à la meilleure stratégie à adopter en vue de la retraite.

«La première stratégie est de commencer à épargner, indique Maud Salomon, représentante en épargne collective rattachée à Mica. La difficulté, pour le travailleur autonome, est qu’il est seul au monde. Quand l’argent rentre et que ça roule dans la maison, on a tendance à ne pas regarder plus loin.»

Surtout que le travailleur autonome a bien souvent besoin de cet argent pour s’organiser ou pour réinvestir dans son entreprise.
«Il faut intégrer sa retraite dans ses dépenses et se payer soi-même», insiste-t-elle.

Du cas par cas
Si tous les moyens sont bons pour mettre de l’argent de côté, les travailleurs autonomes et contractuels dont les revenus fluctuent d’une année à l’autre doivent se repositionner chaque année. «Comme pour le salarié, ça dépend de notre situation actuelle et de notre objectif», résume Mme Salomon.

«Si je n’ai pas d’enfants, je dois estimer si mon taux marginal d’imposition sera plus élevé aujourd’hui ou à la retraite», continue Lucie Gervais, directrice générale, planification fiscale et successorale, chez IG Gestion de Patrimoine.
Si on pense gagner moins durant la retraite, le REER est à privilégier. À l’inverse, si le revenu est plus important à la retraite, on choisira alors le CELI.

Mais d’autres questions pèsent dans le choix d’une stratégie fiscale. «Si on veut s’acheter une maison, le REER est la meilleure option, admet Mme Salomon. Si je prévois gagner 30 000$ chaque année, cotiser à un REER est aussi une très bonne habitude.»

Dans le cas où on s’attend à gagner plus dans les prochaines années, le CELI s’avère peut-être plus intéressant. Une fois que le revenu sera plus élevé, on ira piocher dans le CELI pour combler le REER, et ainsi bénéficier d’un remboursement d’impôt qu’on pourra ensuite remettre dans le CELI pour faire d’une pierre deux coups. Sans oublier que les droits de cotisation s’accumulent chaque année.

Reporter sa déduction
On peut aussi décider de cotiser à un REER même si son taux d’imposition marginal est peu élevé, puis conserver les précieuses déductions pour une autre année. «Plus mon revenu augmentera, plus mon remboursement d’impôt sera intéressant», convient Mme Gervais. Attention toutefois à ne pas être limité dans ses liquidités, auquel cas cette somme devrait préférablement rester accessible dans un CELI pour parer aux imprévus.

Les travailleurs autonomes qui n’ont pas de problème de liquidité peuvent quant à eux cotiser à la fois à un REER et à un CELI, tout en reportant la déduction fiscale s’ils n’ont pas beaucoup de revenus.

«C’est bien de reporter une déduction fiscale, mais le temps peut jouer contre nous, nuance Mme Gervais. On peut perdre du rendement.»

Le piège des déductions
Selon Mme Salomon, les travailleurs autonomes tombent souvent dans le piège des déductions pour réduire leur revenu et ainsi payer le moins d’impôt possible.

«Il faut penser à long terme, précise Mme Salomon. Oui, je vais payer un peu plus d’impôt maintenant, mais [en épargnant ailleurs que dans un REER], je ne serai pas bloquée à la retraite ou si j’ai besoin d’un prêt.»

À l’inverse, réduire son revenu net peut donner droit à des programmes sociaux. «Les travailleurs autonomes avec enfant pourraient privilégier le REER pour bénéficier d’un remboursement d’impôt et d’une bonification des allocations familiales», rappelle Mme Gervais.

Pour connaître son taux d’imposition et savoir combien cotiser ou déduire avant la date limite du 1er mars, le travailleur autonome peut faire ses états financiers une fois qu’il a estimé son revenu et ses dépenses d’entreprise. Cet exercice peut également permettre de calculer le montant de sa facture fiscale. «On pourrait mettre cette somme dans un CELI en attendant», suggère Mme Salomon.

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