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TLMEP: Deux pédiatres dénoncent l’usage systématique des médicaments pour traiter le TDAH

Les pédiatres Valérie Labbé et Guy Falardeau. Photo: ICI Radio-Canada Télé Photo:
Henri Ouellette-Vézina - Métro

Quelques jours après la publication d’une lettre ouverte sur le sujet qui a fait beaucoup réagir, les pédiatres Guy Falardeau et Valérie Labbé ont de nouveau dénoncé l’usage «systématique» de la médication pour traiter le Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), dimanche à Tout le monde en parle (TLMEP).

«On essaie d’aider les jeunes avec des médicaments, mais souvent, ce n’est pas ça dont ils ont besoin, a expliqué d’emblée le pédiatre spécialisé auprès des jeunes hyperactifs, Guy Falardeau. Ils ont besoin qu’on s’occupe de leur anxiété, qu’on leur permette de jouer par exemple.»

Selon lui, le système met actuellement «beaucoup de pression» sur les pédiatres et les médecins de famille pour prescrire de la médication.

On est fatigués d’en prescrire. […] Le travail, ça serait aussi de regarder s’il y a autre chose derrière. Un problème de séparation, une violence conjugale, de l’anxiété. En ce moment, la première chose qu’on fait, c’est de soumettre des questionnaires TDAH aux parents.»

Dans leur lettre cosignée avec une cinquantaine d’autres professionnels de la santé, les pédiatres déplorent qu’au Québec, les jeunes consomment trois fois plus de psychostimulants qu’ailleurs au Canada.

«Le problème, c’est qu’on retrouve vraiment plein de problématiques, mais on n’a qu’une seule pilule à donner.» – Valérie Labbé, pédiatre à l’Hôtel-Dieu de Lévis.

Mme Labbé dit aussi vouloir s’attaquer au manque de ressources dans le milieu médical actuellement, qui amplifie des problèmes à première vue légers. «Et dans les écoles, et dans les CLSC, il y a un manque flagrant de ressources, a-t-elle déploré. Il faut prendre conscience que c’est rendu un problème de société. 15% des adolescents prennent actuellement des stimulants, alors que la prévalence est estimée à entre 5 et 10%.»

Les deux professionnels assurent qu’ils ne sont pas pour autant «contre le diagnostic du TDAH», mais plutôt inquiets de son recours abusif. «On est surtout alarmés par des hauts taux et on sonne l’alarme en disant qu’il faut trouver des solutions dès maintenant», a renchéri la pédiatre.

Un témoin
Le comédien Pier-Luc Funk, qui était lui aussi sur le plateau de TLMEP dimanche soir, a lui-même été médicamenté dans sa jeunesse après qu’on l’eut diagnostiqué.

«J’ai toujours vu mon TDAH comme un Hulk, a-t-il réagi. C’est un superhéros, le plus fort, mais il ne se contrôle pas. Quand j’ai plein d’idées dans la tête en improvisation, c’est mon TDAH, mais il me fait aussi oublier mes impôts. Il peut me nuire et m’aider.»

Dans tout ce débat, le comédien dit surtout plaider pour un accompagnement judicieux des jeunes concernés. «Il faut trouver la passion de ces jeunes. Des enfants TDAH sont souvent des enfants qui ne savent pas où dépenser leur énergie […] Moi, quand j’ai commencé à tourner, à faire de l’impro, ç’a changé. Et si on m’avait forcé à rester assis pendant 12 heures sur un banc d’école, j’aurais explosé», a-t-il renchéri.

Le plus ironique, selon Valérie Labbé, est que ses collègues et elle-même se sont battus, il y a 20 ans, pour parler davantage du TDAH. «On a dû insister sur le fait que oui, c’était important d’être médicamenté, que ça peut être bien dosé. Et on le répète. Si c’est la bonne molécule, la bonne dose, ça peut vraiment changer la vie d’un enfant», a nuancé Mme Labbé.

Deux fois plus de garçons que de jeunes filles sont diagnostiqués TDAH. Selon les deux experts, c’est principalement «parce que les garçons bougent plus». «Il y a une impulsivité et une difficulté à se contrôler chez les garçons. C’est plus naturel pour eux d’être portés à bouger, notamment», a indiqué M. Falardeau à ce sujet.

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