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Un rapport écartant la consigne du verre au Québec mis en doute

Photo: Métro

Les conclusions d’un rapport rendu public mardi par Éco Entreprises Québec (ÉEQ), qui écarte notamment la mise sur pied d’un système de consigne sur le verre, sont fortement remises en question par des citoyens réclamant la consigne des bouteilles de la Société des alcools du Québec (SAQ).

«Cette organisation-là n’est pas le gouvernement du Québec, c’est le chef de file du lobby anti-consigne avec la SAQ, a déploré le porte-parole du regroupement citoyen SAQ Consigne, Denis Blaquière, en entrevue avec Métro. Aucune institution indépendante n’a vérifié les dires d’Éco Entreprises Québec.»

M. Blaquière représente le mouvement citoyen qui avait réclamé que la SAQ mette sur pied un système de consigne sur toutes ses bouteilles de vin en vente, en janvier. Il s’est dit très «très sceptique» face à la «position générale» avancée dans le rapport de ÉEQ, qui soutient que la modernisation des centres de tri coûterait moins cher que la mise en place d’un système de consigne, en plus d’avoir des impacts environnementaux plus significatifs.

De son côté, Éco Entreprises Québec estime que le gouvernement serait en mesure de recycler 100% du verre de la collecte sélective «d’ici quatre ans», incluant les bouteilles de vin de la SAQ. Cela représenterait l’équivalent de «120 000 tonnes» de verre par année, selon le rapport. Celui-ci mentionne par ailleurs que «les deux tiers du verre clair que l’on retrouve dans le bac proviennent des contenants alimentaires et non des bouteilles de vin ou de spiritueux».

«On sait que le plastique a été une matière primée par les entreprises, mais il y a plusieurs compagnies qui décident de revenir au verre, donc on risque de voir le nombre de contenants de verre alimentaires augmenter dans les prochaines années», a expliqué à Métro la présidente-directrice générale d’ÉEQ, Maryse Vermette.

Mais Denis Blaquière accuse ÉEQ de «se cacher encore derrière le secret industriel».

«C’est toujours la même chose. On nous dit que c’est impossible d’avoir des observateurs externes dans le processus d’innovation sur le verre. On pense qu’Éco Entreprises Québec a un peu acheté la paix avec les centres de tri.» -Denis Blaquière, porte-parole de SAQ Consigne

La militante Maude Ménard-Dunn se demande pour sa part «où sont les chiffres à l’appui». «On oublie parfois, à voir comment Éco Entreprises Québec défend vigoureusement les intérêts des grandes multinationales qui ne veulent pas payer plus, que c’est à nous, les citoyens, que cette organisation devrait répondre de ses actes, et non à Coca-Cola», a-t-elle martelé.

«Vous savez, on est un OBNL privé, donc on n’est pas là pour faire de l’argent. On a une équipe d’experts, de spécialistes en cycle de vie [des matières recyclables]. On n’est pas un lobby anti-consigne. On est là pour trouver des solutions pour la collecte sélective et l’optimiser», a rétorqué Mme Vermette à ce sujet. 

«Il y aura toujours des gens pour critiquer. Ça leur appartient, mais nous on est prêt à passer à l’action.» -La présidente-directrice générale d’Éco Entreprises Québec, Maryse Vermette

Des investissements
Pour arriver à recycler le verre peu contaminé et assurer sa qualité, Québec devra injecter 50M$ dans la modernisation de ses centres de tri, d’après le rapport de EÉQ. Une partie de ce montant serait également dédiée à la recherche de nouveaux débouchés pour le verre recyclé afin de réduire sa présence dans les sites d’enfouissement.

«Le verre peut contenir jusqu’à 30% de matières autres, principalement du papier, du plastique et des matières organiques», écrit notamment l’organisme, dont le rapport fait suite à 15 mois de projets pilotes réalisés dans divers centres de tri de la province. Environ 8M$ ont été investis afin de tester des équipements importés d’Europe dans ces centres.

Et la participation des villes?
Éco Entreprises Québec demande par ailleurs dans son rapport un engagement plus soutenu des municipalités «dans leurs responsabilités vis-à-vis de la performance des opérations en centres de tri».

«Ce qu’on a constaté, c’est qu’il y a très peu de devis dans les contrats municipaux qui touchent la qualité de la matière sortante, le mode opératoire et le choix des équipements appropriés», ce qui permet aux centres de tri de faire «le strict minimum», a constaté Mme Vermette. 

Appelée à réagir, l’attachée de presse de la mairesse de Montréal, Geneviève Jutras, a indiqué que la révision du plan métropolitain de gestion des matières résiduelles «est rendue nécessaire pour répondre à la crise de l’industrie québécoise du recyclage et permettre l’atteinte des cibles du recyclage» de la métropole. Métro a tenté de parler avec la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), mais cela n’a pas été possible.

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